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Perturber la campagne d’Alain Fontanel : tout un programme pour les militants anti-Macron

Depuis l’annonce de sa candidature, Alain Fontanel cristallise les critiques des syndicats et d’une opposition engagée contre le pouvoir en place depuis novembre 2018 : les Gilets jaunes. Une mouvance de tous bords qui perturbe la campagne du candidat En Marche déjà minée par des menaces et des intimidations à son égard.

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Perturber la campagne d’Alain Fontanel : tout un programme pour les militants anti-Macron

Depuis plusieurs semaines, la pression s’intensifie sur Alain Fontanel, candidat de La République en Marche (LaREM) à la mairie de Strasbourg. Raphaël, jeune enseignant d’histoire-géographie, est mobilisé depuis l’acte premier des Gilets jaunes contre le parti au pouvoir. Selon ce militant, perturber la campagne de la République en Marche, c’est affaiblir le parti au niveau national :

« Alain Fontanel appartient à un camp qui est détesté et le vrai problème, c’est la possibilité qu’il devienne maire de Strasbourg : ce n’est pas qu’une élection municipale, sa victoire renforcerait La République en Marche au niveau national. Avec nos actions coup de poing, on espère le faire perdre. »

Alain Fontanel absent d’un rendez-vous de campagne

Le 4 février, Alain Fontanel conviait les étudiants strasbourgeois au Blue Moon, un bar branché de la Krutenau. Au cours d’un afterwork, le premier adjoint souhaitait échanger et débattre sur la vie quotidienne des jeunes Strasbourgeois.

Mais le rendez-vous n’a pas eu lieu : jamais le candidat de la liste « 100 % Strasbourg » n’est venu au 24 rue des Poules. La raison : la présence d’une quinzaine de militants (Gilets jaunes et anticapitalistes) venus perturber cette rencontre de « pure communication » selon Raphaël. La garde rapprochée du candidat – présente à la grande surprise du propriétaire du bar – a refusé l’entrée à ces militants, tandis que d’autres ont réussi à passer ce contrôle.

L’équipe de campagne, qui promettait l’arrivée d’Alain Fontanel au cours de la soirée, invoque a posteriori « un empêchement de dernière minute ».

La colistière Somhack Limphakdy échange avec des militants recalés du Blue Moon, lieu de l’afterwork d’Alain Fontanel du 4 février. (Photo Kévin Gasser / Rue89 Strasbourg)

Des vœux perturbés et une éviction musclée

Certains militants présents le 4 février au Blue Moon avaient déjà perturbé la cérémonie des vœux du candidat LREM à la halle du marché de Neudorf le 30 janvier. Dans une courte vidéo relayée par la CGT du Bas-Rhin sur leur page Facebook, des opposants interpellent Alain Fontanel sur la réforme des retraites et le GCO. Le candidat les invite à « discuter tranquillement » après son discours…

Aussitôt, les militants entonnent : « On est là, on est là, même si Macron ne le veut pas […] nous on est là ! » Quelques secondes après cette interruption, les employés de la société de sécurité Prestige procèdent à une évacuation musclée. Trois de ces manifestants ont été placés en garde à vue pour « dégradation » et « violences volontaires » tandis qu’une militante a subi un traumatisme thoracique (3 jours d’incapacité temporaire de travail).

Dimitri (le prénom a été modifié), assistant d’éducation de 24 ans et manifestant assidu contre la campagne d’Alain Fontanel, dénonce un refus de débattre :

« Ce candidat est sur la lignée de son gouvernement : il porte la répression partout où il va. C’est un déni de démocratie, il refuse le dialogue et avance comme un bulldozer. »

La Fabrique criblée d’autocollants : un rituel

Lors de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites le 6 février, sur le quai des Bateliers, les manifestants en tête de cortège martèlent en cœur : « Fontanel au fond du Rhin ! ». « Un slogan très violent », s’indigne un membre de l’équipe de campagne.

Le cortège s’arrête devant La Fabrique, le local de campagne du candidat. Florian, un des interpellés du 30 janvier, y prononce un discours et dénonce le « déchaînement de violence », dont il se dit victime avec d’autres camarades lors de la cérémonie des vœux. S’ensuit le recouvrement d’autocollants du quartier général d’Alain Fontanel, comme lors de précédentes manifestations.

Alain Fontanel a déposé plainte à la mi-janvier pour des dégradations de La Fabrique, son local de campagne. (Photo KG / Rue89 Strasbourg)

Croix gammées et intrusion au domicile

Cette opposition militante pugnace, parfois brutale, s’ajoute aux intimidations personnelles, dont Alain Fontanel a été victime le 29 janvier. Des tracts de campagne souillés de croix gammées avaient été découverts dans le jardin familial par sa fille. Selon 20 Minutes, une personne s’est aussi introduite à son domicile dans la nuit du 18 au 19 janvier.

Son équipe de campagne confie pâtir d’un climat « très violent » :

« Alain Fontanel a autant le droit que les autres candidats de faire une campagne sereine. Ces militants perturbent une élection démocratique et sont en train de confisquer le débat des municipales pour d’autres sujets : le lien entre la réforme des retraites et Alain Fontanel est indirect. »

Faire barrage contre Fontanel… et le gouvernement

Au contraire, Dimitri pense que faire barrage contre le candidat de la majorité serait « un pas vers la victoire contre la projet de réforme du gouvernement ». L’assistant d’éducation rappelle que le texte sera alors en pleine navette parlementaire lors des élections municipales.

Philippe Breton, directeur de l’Observatoire de la vie politique en Alsace, analyse la stratégie du candidat En Marche :

« Alain Fontanel a déjà gommé toute appartenance à La République en Marche, en développant l’idée que son seul parti est Strasbourg. (aucune mention de LaREM sur son site de campagne ou ses tracts, ndlr)

Pour le politologue, ce « climat de violence au niveau national empêche Alain Fontanel de s’exprimer ».

« C’est une régression du débat démocratique. Une élection se joue dans le contact, dans la proximité avec les électeurs. De plus, Alain Fontanel n’est pas un homme de chaleur, c’est un homme de dossiers. »

« Il nous crée notre programme d’actions »

Quelle est la conséquence sur la suite de sa campagne ? Philippe Breton répond :

« Il peut y avoir un effet positif : il peut se présenter à juste titre comme une victime. Cela ferait dériver la campagne du côté rationnel au côté affectif. D’un autre côté, il ne serait pas absurde qu’Alain Fontanel propose un espace de débat avec ceux qui manifestent violemment. Une minorité qui, on peut le parier, refusera le débat. Et la violence commence par le refus de débattre. »

Le jeune enseignant Raphaël se souvient de « la bienveillance » d’autres membres de LREM comme Bruno Studer lors d’échanges que les Gilets jaunes ont pu avoir avec des membres du parti gouvernemental. Il regrette que ce dialogue n’ait jamais existé avec le candidat à la mairie de Strasbourg.

À un mois du premier tour de la municipale et alors que le candidat En Marche est en deuxième position dans le seul sondage public, les Gilets jaunes restent « à l’affût » des apparitions publiques d’Alain Fontanel. « Il nous créé notre programme d’actions », s’amuse Raphaël.


#Alain Fontanel

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