Un e-mail à tous les adhérents de La République en Marche (LREM) adressé le jeudi 7 septembre annonce que les candidatures pour le poste de « référent départemental » sont ouvertes.
Cet e-mail, que nous avons pu consulter, explique que du 6 au 20 septembre, les comités locaux peuvent évaluer leur référent actuel à l’aide de quelques questions. De taille variable, les comités locaux ont été créés et animés à partir de l’automne 2016 par les premiers soutiens d’Emmanuel Macron, pour rassembler les militants et les faire débattre autour du projet présidentiel. On en compte près de 25 dans le Bas-Rhin et une dizaine rien qu’à Strasbourg.
La possibilité de faire remonter deux noms
Le message précise que l’animateur de chaque comité, en accord avec ses membres, peut faire remonter au moins deux noms (ou plus), dont le référent actuel. Dans un second temps, du 20 septembre au 6 octobre, les instances nationales de « La République en Marche » se penchent sur les candidats proposés et désignent le nouveau référent pour trois ans.
Une méthode que « La République en Marche » a justifié lors du vote de ses statuts à l’été 2017 dans le but éviter la création de « baronnies », à savoir des élus locaux influents qui contrôlent des pans entiers de l’appareil lors des votes. Une critique implicites aux autres partis. Ce choix avait fait débat, mais les statuts ont été approuvés par 90% des votants.
Une nouvelle référente annoncée fin juillet
Sauf que dans le Bas-Rhin, dès l’été, il a été annoncé en grande pompe que Laurence Vaton serait la nouvelle référente. L’étape de la proposition des militants est tout simplement oubliée. Dans les autres canaux de discussions (notamment les réseaux sociaux), le débat et les propositions de noms n’ont pas lieu en ce début septembre, alors que la procédure est ouverte. Ce lundi 11 septembre, Laurence Vaton a chapeauté un point presse avec les quatre députés bas-rhinois LREM, pour passer en revue le début du quinquennat.
Le référent départemental ne peut-être parlementaire, ce qui poussait de facto Bruno Studer, élu triomphalement en juin, à passer la main. Mais la première semaine de septembre, Bruno Studer était toujours le référent officiel sur le site du mouvement présidentiel… Contactée, Laurence Vaton promet de discuter de la situation avec les militants :
« Le processus d’évaluation est une proposition qui vient du national. Je ne reviens pas sur la nomination, plutôt que l’élection qui a été décidée dans les statuts. L’évaluation a plus de sens quand le référent est encore celui qui a été nommé à l’automne dernier, ici nous commençons à peine à mettre les choses en place. Mais nous avons une réunion jeudi avec les comités pour en parler. »
Un peu de flottement
Bruno Studer reconnait « un léger flottement » sur le sujet, notamment car beaucoup de référents locaux ont été élus députés en juin (dont lui-même), mais il indique que cette évaluation militante est « un ajustement par rapports aux statuts », qui montre que « la base a été entendue » sur certaines critiques :
« J’ai toujours été transparent lorsque l’on m’a questionné sur la nomination de Laurence Vaton. On m’a demandé mon avis. Qu’il ait compté, forcément, mais c’est n’est pas moi qui décide des nominations. »
Selon lui, il faut comprendre que l’évaluation actuelle porte bien sur Laurence Vaton, même si elle est en fonction depuis à peine un mois d’été, et pas sur lui-même. Concernant les remous militants, il ajoute :
« Je comprends que la position aiguise les intérêts mais je préférerais qu’on me questionne sur ce qui est dans les petits papiers de la Commission Éducation et Culture (dont il a été élu président à l’Assemblée nationale, ndlr). »
Laurence Vaton a rejoint En Marche en février 2017. Élue Modem sur la liste d’opposition de Fabienne Keller (LR) en 2014, elle a rejoint le groupe « Strasbourg en Marche » fondé en juillet aux côtés de 9 élus, tous issus de l’ancienne liste PS/société civile, majoritaire au conseil municipal strasbourgeois.
Parmi les marcheurs, tout le monde n’est pas sûr que Laurence Vaton aurait les faveurs des comités locaux strasbourgeois et bas-rhinois. Les militants ont garni ces comités car ils ont eu le sentiment d’être consultés sur le programme présidentiel, en adhérent à des valeurs de dialogue et de démocratie directe. Certains craignent dans cette nomination une décision prise par quelques cadres, auquel ils n’auraient pas du tout été associés. La réunion de jeudi s’annonce animée.
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