En vertu du régime concordataire toujours en vigueur en Alsace-Moselle, le Pape François et le Président de la République doivent s’accorder sur les nominations des évêques de Metz et de Strasbourg. Atteint par la limite d’âge, Mgr Jean-Pierre Grallet se retire et pour lui succéder, leur choix s’est porté sur Mgr Luc Ravel, évêque aux armées depuis 2009, fils de général, ancien chanoine régulier de Saint-Augustin. Le décret de nomination a paru au Journal officiel samedi.
Les principaux élus alsaciens et strasbourgeois ont salué cette nomination et souhaité la bienvenue à Mgr Ravel en une terre où le dialogue interreligieux est intense et de qualité. Mais la nomination de Mgr Ravel a surpris dans certains cercles plus laïques, où l’on s’est souvenu de ses propos dans une longue tribune parue dans le journal du diocèse aux armées.
« Le mal sournois de l’idéologie Charlie »
Dans un éditorial titré « La guerre compliquée » (PDF) publié en février 2015, Mgr Ravel décrivait la difficulté des Chrétiens d’être pris entre deux feux : celui du terrorisme islamiste alors que venaient de périr 17 personnes suite à l’attentat contre Charlie Hebdo, et l’idéologie « des bien-pensants [qui] fait chaque année 200 000 victimes dans le sein de leur mère ». Pour l’évêque, l’idéologie Charlie est « un mal sournois qui caricature Dieu au mépris de l’Homme », tandis que l’islamisme « manipule l’homme au mépris de Dieu. »
Suite à ce texte, conforme à la doctrine catholique mais qui met sur le même plan l’IVG et le terrorisme, le ministère de la Défense avait sommé le diocèse aux armées de cesser d’apposer son logo sur sa revue. Une clarification bienvenue pour l’évêque, qui a pu ainsi mettre en application sa devise épiscopale, « Est est », c’est à dire « que votre oui soit oui » (et que votre non soit non, le reste vient du démon, (Mt 5,37) ).
Surpris par sa nomination
Pas sûr que cette manière très militaire de procéder convienne à l’Alsace… Mgr Ravel a déclaré à France 3 Alsace qu’il avait été le premier surpris par cette nomination, lui qui ne parle pas allemand et qui se plaisait aux armées. Dans un entretien à KTO-TV, Mgr Ravel se réjouit néanmoins et promet de venir conduire le « lourd paquebot » du diocèse de Saint-Arbogast avec des « mains vides mais des mains chaudes » :
L’Eglise en France compte quelque 115 évêques en activité.
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