« Nous sommes prêts pour le déconfinement ce lundi », a répété plusieurs fois la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, lors d’une conférence de presse sur le déconfinement dans le Bas-Rhin jeudi matin. Avec les responsables de la Ville de Strasbourg, de l’Eurométropole, de l’Agence régionale de santé, de l’Assurance maladie et de l’Académie de Strasbourg, Josiane Chevalier a décrit les mesures accompagnant la fin progressive du confinement, qui doit débuter lundi 11 mai dans le département.
Millions de masques et milliers de tests
Pour limiter la propagation du virus, 11 millions de masques sont disponibles dans le département du Bas-Rhin. Les 73 laboratoires privés du département sont en capacité de réaliser 8 174 tests virologiques par jour (par prélèvement, de type PCR). Une capacité supérieure aux besoins locaux, selon la préfète, qui assure que la solidarité interdépartementale sera à l’oeuvre au niveau des tests PCR. Les capacités haut-rhinoises atteignent 4 600 tests par jour. Au total dans la région Grand Est, 18 519 tests sont réalisables quotidiennement.
Les médecins traitants prescriront ces tests à tous les patients présentant des symptômes de la Covid-19. Sur rendez-vous, ils pourront aller dans l’un des 73 laboratoires du département pour être testé « sur site, en drive (en restant dans la voiture, ndlr) ou à domicile grâce à des équipes mobiles », indique Adeline Jenner, déléguée territoriale de l’Agence régionale de santé. Un centre de prélèvement sera installé au Parlement européen à Strasbourg, il devrait permettre de tester 2 000 personnes par jour. Il sera dédié aux patients asymptomatiques.
Le « contact tracing » pour isoler les cas Covid-19
Si le test PCR est positif, l’Assurance maladie enclenche le dispositif de « contact tracing (traçage des contacts, ndlr) » afin d’identifier les contacts à risque du patient testé positif à la Covid-19. Ce dernier doit ainsi retourner chez son médecin traitant, qui va assurer la prise en charge et tenter d’identifier les proches potentiellement contaminés.
Près de 200 salariés de l’Assurance maladie enquêteront pour dresser des listes de cas suspects et contacter chacun d’entre eux. Objectif : les inviter à faire un test dans le laboratoire le plus proche et dans les sept jours ayant suivi la rencontre avec la personne testée positive à la Covid-19. En attendant les résultats de leurs tests, les potentiels contaminés devront se fournir en masques en pharmacie. Si le résultat est positif, ils seront mis à l’isolement à domicile ou dans des hôtels dédiés.
Une reprise scolaire graduée
Le maire de Strasbourg, Roland Ries, s’est déclaré « personnellement hostile au report de la rentrée à l’automne. Six mois sans école pour les élèves, c’est trop, notamment pour les enfants des milieux vulnérables, » a-t-il indiqué mais il « conçoit une souplesse par rapport à la date du 11 mai. »
Pour la rectrice de l’Académie de Strasbourg, la reprise est une priorité pour les élèves les plus fragiles, ceux qui ont souffert du confinement et ceux qui ont décroché. Selon une enquête de l’Education nationale, dans le Bas-Rhin, 3,5% des élèves du CP au CM2 hors éducation prioritaire n’ont donné aucune réponse aux sollicitations de leurs professeurs. Ce taux monte à 14,1% dans les établissements REP+ (Réseau d’Education prioritaire). « Ces chiffres datent de début avril, donc aujourd’hui l’écart entre les deux zones est encore plus grand », affirme Elisabeth Laborde.
La rectrice de l’académie strasbourgeoise veut aussi capitaliser sur l’expérience des pôles d’accueil pour les enfants de personnel soignant : « On est passé de 122 enfants pris en charge en début de confinement à plus de 1 200 élèves sur une centaine de sites, dans des écoles ou des collèges. » Elisabeth Laborde estime que ces accueils ont été une réussite : « Les témoignages de reconnaissance des parents montrent que le lien de confiance s’est renforcé après un doute au début. »
Les autres précisions du plan de déconfinement
- Tous les commerces pourront ouvrir à partir de lundi, à part les cafés et les restaurants. Les marchés pourront aussi reprendre leur activité dès le 11 mai. « On inverse la logique : l’autorisation devient la norme, l’interdiction devient l’exception », résume la préfète du Bas-Rhin.
- À partir du 11 mai, les déplacements sont autorisés sans attestation sur l’ensemble des trajets dans une limite de 100 kilomètres autour du domicile. Une attestation est disponible sur le site du ministère de l’Intérieur pour pouvoir bénéficier de dérogation pour des motifs professionnels, ou des raisons familiales impérieuses.
- Les grandes manifestations, sorties culturelles, grands salons professionnels, festivals ou tout type d’événements de plus de 5 000 participants ne pourront se tenir avant fin septembre.
- Les parcs et jardins restent fermés et interdits, tant que le Bas-Rhin est classé « rouge » sur la carte de la circulation du coronavirus. Les promenades sont autorisées mais les plans d’eau interdits.
- Dans le domaine culturel, certains musées devraient pouvoir ouvrir et d’autres non, les autorisations se décideront au cas par cas. Le critère de taille, un temps envisagé, n’a plus cours car ‘il est parfois plus difficile de mettre en place les gestes barrière dans un petit musée alors qu’un grand musée peut accueillir des visites de petits groupes », note Josiane Chevalier.
- Concernant l’activité sportive, la préfète du Bas-Rhin a indiqué qu’il sera « possible d’exercer un sport individuel en plein air mais en respectant les règles de distanciation physique. Il ne sera pas possible d’exercer un sport collectif ou de faire du sport dans des lieux couverts. »
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