« Vous allez voir à la sortie du collège, dans la rue avec mes copains. Je te tue. » Daniel Elbaz, professeur de musique et délégué syndical Sgen au collège Kléber, rapporte les termes précis issus d’une plainte pour une menace de mort subie par l’un de ses collègues, mardi 28 novembre. Un peu avant-midi, l’enseignant aurait confisqué le téléphone d’un élève, qui lui aurait répondu ainsi.
Cet événement a provoqué une réaction immédiate de la part de l’équipe enseignante qui a décidé à la quasi-unanimité d’entrer en grève jeudi 30 novembre et de se rassembler devant l’établissement dès 8h. « Ce n’est pas un syndicat qui est à l’origine de cette mobilisation, mais tous les professeurs de façon spontanée », assure une enseignante. « Il y a eu des réunions informelles en salle des professeurs, des discussions dans les couloirs et sur WhatsApp », indique Gilles Comte, enseignant d’histoire-géographie et délégué CGT.
Des explosions de mortiers, des agressions…
L’équipe du collège Kléber réclame une réponse concrète de la direction à ce type d’incidents, qui arrivent régulièrement selon les professeurs interrogés par Rue89 Strasbourg. Daniel Elbaz affirme qu’une enseignante a porté plainte après le vol de son portefeuille par des élèves mardi. Il énumère d’autres cas similaires :
« La veille, lundi, un puissant mortier a explosé dans un couloir faisant trembler les murs de l’établissement. C’était déjà arrivé avant les vacances de la Toussaint. Début octobre, une conseillère principale d’éducation et une professeure ont été bousculées et insultées par des jeunes qui n’étaient pas élèves mais s’étaient introduits dans l’enceinte du collège. L’une des deux est encore en arrêt maladie fin novembre. »
« Il y a aussi les agressions entre élèves », dénonce une professeure : « Un jeune de confession juive s’est fait asperger la tête avec du déodorant par un autre élève qui lui a dit qu’il allait le gazer et que c’était dommage que les camps de concentration n’existent plus. » Face à ces violences, les enseignants demandent « l’ouverture d’un véritable dialogue avec la direction », comme l’explique Jean-Pierre Gavrilovic, délégué syndical du Snalc :
« Lorsque j’échange avec la cheffe d’établissement, elle me dit qu’il n’y a pas de problème particulier. Le fait que ces incidents ne soient pas pris au sérieux par la direction est très difficile pour les enseignants. Il faut qu’on se mette tous autour d’une table, qu’on fasse une réunion extraordinaire. Les choses ne peuvent pas continuer comme ça. »
Les enseignants demandent des réponses concrètes
Gilles Comte, de la CGT, détaille ce que devrait faire la direction du collège dans de telles circonstances :
« On attendrait des réponses immédiates, des mails ou des réunions pour parler des faits, et des sanctions disciplinaires. Là, on a l’impression qu’ils nous cachent ces événements. Il n’y a aucune communication dessus. On est au courant parce qu’on en parle entre nous. »
Daniel Elbaz évoque le fait que des élèves du collège Kléber viennent de l’école élémentaire des Romains à Koenigshoffen et ne sont vraisemblablement pas acceptés, par manque de places, au collège Twinger, qui est dans un réseau d’éducation prioritaire (REP) :
« Aujourd’hui, le collège Kléber n’a pas suffisamment de moyens comme il n’est pas en REP. Les effectifs ne sont pas réduits par exemple… »
Contactée, la direction du collège Kléber n’a pas fait suite à la sollicitation de Rue89 Strasbourg. Elle a cependant déclaré à France 3 que les événements du mardi 28 novembre étaient « d’une gravité extrême », que l’élève nie les faits et qu’il fait l’objet d’une mesure conservatoire lui interdisant de se rendre dans l’établissement.
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