Le combat continue pour le collectif « Justice pour Naomi Musenga ». Samedi 28 juillet, deux matches de football sont prévus au stade de la Rotonde à Strasbourg. La cérémonie débute à 15h et le premier match une heure plus tard. L’événement a été organisé en hommage à la femme décédée après avoir appelé le SAMU de Strasbourg à l’aide. Moquée dans un premier temps, elle avait été prise en charge 5 heures plus tard.
« Il faut qu’on informe tout le monde de l’avancée du dossier, du pourquoi de ce combat… », explique Louange Musenga, une des sœurs de la défunte. La vente des tickets (1€) et des t-shirts à son effigie (10€) permet de financer les frais d’avocat de la famille.
Les deux matches amicaux opposeront des équipes de l’association sportive africaine de football de Strasbourg. Son président, Ozenkwe Izankole, résume le programme de l’après-midi : « Des Strasbourgeois ont formé des équipes pour un match Congo-République Démocratique du Congo à 16h et un second match Côte d’Ivoire-Cameroun à 18h. »
« Il reste des zones d’ombre »
Suite au décès de Naomi Musenga, le 29 décembre 2017, les proches de Naomi Musenga ont mené leurs propres recherches pendant des mois. En avril 2018, ils obtiennent l’enregistrement de l’appel téléphonique qui accable une opératrice du Samu strasbourgeois. La méfiance à l’égard de la justice et des centres universitaires et hospitaliers (CHU) de Strasbourg règne toujours au sein du collectif.
Aujourd’hui, les membres du groupe « Justice pour Naomi Musenga » rejettent les conclusions de l’enquête préliminaire sur les causes du décès. Le 11 juillet, la procureure de la République de Strasbourg expliquait la mort de la jeune femme par « l’intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours. » Pour le porte-parole du collectif, Takoba Tchouta, la cérémonie est l’occasion de donner faire un point sur la procédure en cours :
« Nous contestons la thèse de la mort causée par le paracétamol et nous dénonçons le fait que la procureure annonce dans les médias la conclusion de l’enquête préliminaire. Comme son nom l’indique, ce n’est qu’une enquête préliminaire. À bien des égards, il reste des zones d’ombre. On dénonce le fait que l’enquête soit circonscrite au Samu […] car il y aurait intérêt à enquêter sur l’hôpital. Il reste beaucoup de zones d’ombre sur la prise en charge de la dépouille et l’autopsie. On était censé avoir des certitudes mais il y a plus de questions que de réponses. »
Le refus de la récupération
Les membres du collectif ne demandent qu’une chose : la vérité sur la mort de Naomi Musenga. Malgré les sollicitations nombreuses, ils gardent aujourd’hui leurs distances avec le combat antiraciste par exemple. Louange Musenga préfère s’en tenir aux faits :
« Ce qui est sûr, c’est qu’il y a « non-assistance à personne à danger ». La priorité, c’est bien de se battre pour la manifestation de la vérité afin d’éviter des crimes dans le système d’urgence. […] On nous a reproché de ne pas évoquer le racisme (dans nos revendications, ndlr). On ne peut écarter la possibilité du racisme vis-à-vis de Naomi mais ce drame va au-delà de la question raciale puisqu’il pourrait arriver à n’importe qui, blanc comme noir. »
Takoba Tchouta abonde dans le même sens :
« On se bat aujourd’hui pour Naomi Musenga et pour toutes les autres victimes de manquements du côté du Samu ou des services d’urgence. Notre combat est aussi préventif. On attire l’attention sur le sujet pour éviter qu’il y ait une autre affaire Naomi Musenga. »
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