« On est plus chauds, plus chauds que le climat ! » Le slogan résonne dans les manifestions françaises depuis septembre 2018 pour exprimer la colère face à l’inaction des dirigeants, publics et privés, vis-à-vis de la crise climatique. Suite à la démission de l’ancien ministre de l’écologie Nicolas Hulot, de grandes marches pour le Climat se sont organisées un peu partout en France.
La dernière manifestation strasbourgeoise de ce type a eu lieu le 9 mai, rassemblant 1 500 personnes. La prochaine aura lieu le 2 octobre, à l’approche de la COP26 qui se tiendra à Glasgow en Écosse, du 1er au 12 novembre. Parallèlement, un festival Climat se tiendra du vendredi 1er octobre au dimanche 3 octobre sur la place de l’Université.
Séverine Rudloff, membre du comité de pilotage du festival pour Alsace Nature, reconnaît avoir des doutes sur l’utilité de la marche comme mode d’action politique :
« La grande question c’est : est-ce que ça sert encore à quelque chose de marcher pour le climat ? Beaucoup de gens se le demandent, y compris au sein du mouvement climat à Strasbourg. »
Mais malgré un phénomène d’écoanxiété fulgurant, la militante assure que les membres du mouvement ne se résignent pas et continuent à se mobiliser, sans « tomber dans le désespoir ».
Le mouvement de la jeunesse pour le climat (Youth4Climate ou Fridays4Future, abrégé en Y4C) a émergé dans le sillage de la grève scolaire de Greta Thunberg, dénonçant l’inaction des gouvernements face à la crise climatique. Olivier Marchand, doctorant en physique et membre actif du mouvement Y4C à Strasbourg, organise des manifestations depuis plus de trois ans :
« Cette fois-ci, on ne veut pas que ça soit une marche juste pour marcher et que les médias titrent avec de jolies photos de gens qui sourient avec des belles pancartes. On veut provoquer un réel effet, alors on l’ancre sur l’échéance présidentielle. »
La thématique de l’éducation à l’environnement
Pour changer de l’habituelle marche, les organisateurs veulent mettent en avant certaines problématiques spécifiques au centre du débat public. Après la gratuité des transports en commun, les militants de Y4C s’attaquent désormais à l’éducation aux enjeux environnementaux, décrite dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche :
« On ne veut plus des discours creux et des congrès internationaux où rien ne ressort vraiment. On veut du concret, et une vision interdisciplinaire. On ne peut pas compter juste sur cette mesure pour avancer, mais l’éducation à l’environnement fait également partie des choses sur lesquelles on n’appuie pas assez. Pourtant c’est un droit inscrit dans les accords de Paris. Ce droit n’est pas respecté aujourd’hui. »
Olivier Marchand, doctorant en physique et membre actif du mouvement Y4C à Strasbourg.
Selon Séverine Rudloff, des enjeux environnementaux locaux et actuels seront aussi abordés :
« Il n’y a pas une échelle qui est moins importante que les autres. C’est important d’illustrer les problématiques globales avec les exemples à ne pas suivre (voir la carte qui répertorie « les luttes contre les grands projets inutiles en France », sur Reporterre, ndlr) qui vont à rebours de ce que les scientifiques nous disent. Il y aura aussi des revendications locales par rapport aux projets climaticides comme Stocamine, MackNext à Plobsheim, le Grand contournement ouest… »
Une des principales revendications devrait tourner autour de la question de la Zone à faibles émissions (ZFE) à Strasbourg. La restitution d’une participation publique sur ce sujet a eu lieu ce jeudi 23 septembre.
Le festival subventionné par l’EMS, mais pas la marche
L’Eurométropole de Strasbourg (EMS), dirigée par une coalition où les écologiste ont le plus grand groupe suite aux élections municipales de 2020, soutient le festival à hauteur de 10 000 euros selon les organisateurs, mais pas directement la marche. La subvention aurait été accordée « sans contrepartie », insiste Olivier Marchand de Y4C, bien que l’EMS ait un stand dans le village associatif. Et selon Séverine Rudloff, membre du comité de pilotage du festival : « C’est important que les habitants de l’EMS entendent les initiatives prises par la collectivité ».
Un crowdfunding est en cours avec un objectif à atteindre de 3 000€ pour aider à compléter le financement des festivités (achat de matériel, rémunération des artistes, gel et masques). Le passe sanitaire sera d’ailleurs demandé à l’entrée de la place de l’Université.
Youth4Climate Strasbourg, qui chapeaute la marche pour le Climat avec les associations organisatrices du festival, assure éviter la récupération : « La marche est entièrement coordonnée par les associations et les citoyens qui sont engagés. Il n’y a aucune décision imposée, ni d’interférence et une stricte indépendance à ce niveau-là, ainsi qu’au niveau financier » affirme Olivier Marchand.
Questions, revendications et solutions
Ce festival s’articule en trois temps. Séverine Rudloff, membre du comité de pilotage du festival pour Alsace Nature, explique :
« Une fois qu’on a pris conscience des enjeux le vendredi, on les revendique lors de la marche le samedi. Puis, on revient au village associatif pour s’amuser le soir, et on y retourne le dimanche pour se demander ce qu’on peut faire pour faire changer les choses. »
Le vendredi 1e octobre, il s’agira donc « d’éveiller les consciences » autour du réchauffement climatique et de la 6e extinction de masse de la biodiversité. Le dernier film de Yann Arthus Bertrand, Legacy, sera diffusé à 19h sur la place de l’Université, ainsi que le film documentaire Douce France en présence de son réalisateur Geoffrey Couanon à 19h45 au cinéma Star Saint-Exupéry, dans le cadre du festival du film vert.
Le temps fort du festival aura lieu lors de la journée du samedi, avec la marche pour le Climat l’après-midi. Avant les prises de paroles à 13h30 et le départ de la manifestation à 14h, des ateliers pancartes seront organisés sur place. Le parcours du cortège se fera sous forme de boucle dans le centre-ville, au départ de la place de l’Université.
La marche finira au village associatif, autour de 16h, avec des stands, ateliers, assemblées populaires, buvettes et restauration, ainsi que des concerts en soirée jusqu’à 22h avec les groupes Tudo BoM, Ballade, Redmaco and the Juliens.
La journée de dimanche est présentée par les organisateurs comme le temps des débats et des solutions, avec des tables rondes, des ateliers ou encore des spectacles et expositions de 14h à 18h. Il y aura par exemple un débat sur la relation entre écologie et démographie, un atelier de réparation de vélo, d’agriculture urbaine ou encore une conférence gesticulée.
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