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Manuel de survie pour le retour du Racing au professionnalisme

Ce vendredi, le Racing n’a fait que 0-0 face à Marseille-Consolat. Pas glorieux pour le coup, mais au moins pour le moment ça suffit pour être deuxième de National. De quoi déjà anticiper la montée en D2 et les scories qui ne manqueront pas de l’accompagner. Car pour le supporter, le professionnalisme s’apparente à des terres hostiles…

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Le manuel de survie au professionnalisme

Le manuel de survie au professionnalisme
La D2, c’est le professionnalisme, c’est l’enfer

BlogFaisons comme si Marc Keller l’avait annoncé dès le mois d’août : cette saison c’est la bonne, on monte. À nous la D2, le professionnalisme, les droits télévision pharaoniques et les équipes prestigieuses comme Tours, Niort ou Brest. Que demande le peuple ?

En fait non, à la réflexion, c’est glauque. Le retour au professionnalisme est synonyme d’un changement drastique de notre style de vie footballistique. On s’est bien amusés en CFA2, CFA, moins en National, mais ça reste plaisant. Les déplacements sont pittoresques, à l’occasion les trios d’arbitres incluent un gros.

On ne se tape pas les ridicules protocoles clownesques de la Ligue avant les matchs. Les mentions du club dans la presse nationale ne concernent presque uniquement les records d’affluence battus les uns après les autres : aux oubliettes les sempiternelles tribulations grotesques de notre Club de Légende.

Dès le mois d’août 2016 les avanies du football moderne et professionnel vont nous tomber sur la cafetière comme pluie de sauterelles sur la terre d’Egypte. Il reste encore quelques mois pour se préparer psychologiquement au choc systémique qui va frapper violemment notre ethos bonhomme et placide entretenu par le monde si frais et mignon du football amateur et semi-amateur.

C’est donc dans le but de servir la communauté que nous vous proposons ce manuel de survie. Avec un peu d’avance (parce qu’on est comme ça) et un bon zeste d’arrogance, car, évidemment, en vrai, la montée c’est loin d’être fait…

On sera des nains

En D2, nous ne serons plus l’ogre de la division au budget (soit disant) digne d’un État gazier. Les clubs adverses ne mettront plus les petits plats dans les grands pour nous accueillir. Il faut être réaliste : ils n’en auront rien à secouer de rencontrer le Racing. Ils n’auront pas peur, ne voudront pas spécialement gagner, mais (souvent) ils nous battront, sans trop se forcer et même parfois avec leur troisième gardien qui a 40 ans et de l’arthrose dans les doigts.

Finies aussi les interventions misérabilistes et pitoyables de présidents adverses chouinant contre les exigences de sécurité imposées par la caravane que se trimballe le Racing dans tous ses déplacements, contre le déséquilibre budgétaire, quand ce n’est pas contre le terrible complot de la FédérationLigueLesArbitresLémédias pour nous avantager.

Tous ces moments rigolos qui nous permettent de jouer les empereurs de la division et de mépriser du haut de notre tas d’or tous ces gueux, c’est fini. Et ce, quand bien même on est en train de se taper une énième saison de National, comme si le Racing finalement s’y plaisait comme un poisson dans l’eau. En D2, les indigents, ce sera nous. Osons espérer que Le Plus Beau (ou son successeur) ne tombera pas dans ces facilités pathétiques pour exister dans « lémedias ».

Il faudra donc retrouver une humilité provinciale de bon aloi et faire profil bas.

Conseil JPDarky et Paolo pour se préparer : supporter jusqu’à la fin de la présente saison en parallèle le club actuel de Jean-Michel Furlan, quel qu’il soit. Faut se forcer un peu, mais ça marche à tous les coups pour l’humilité du supporter.

La relative liberté dans le stade et en déplacement : terminé

Etienne, président des UB90 l’a laissé entendre dans l’excellente interview qu’il a accordée à RacingStub à l’occasion des célébrations des 25 ans desdits UB90 : à partir d’août prochain, c’est le retour du football à la Thiriez. Préparons nous à (re)connaître les quatre cavaliers de l’Apocalypse-Moustache :

Conseil JPDarky et Paolo pour se préparer : devenir ZADiste à temps partiel jusqu’à la fin de la saison. Rien de mieux pour tâter de la matraque, expérimenter les décisions préfectorales, etc.

La bière avec alcool (la bière quoi) dans le stade : terminé

Le drame. Que dire de plus ?

Conseil JPDarky et Paolo pour se préparer : nous sommes démunis devant tant de cruauté administrative. Il ne serait pas humain de vous enjoindre de tenter l’abstinence. A la limite, entraînez-vous à boire deux heures, puis faites une pause deux heures, et reprenez trois heures. Une sorte d’entraînement fractionné de la binouze.

Le retour du gros lourd à la machine à café

Les résultats de deuxième division sont annoncés à la radio et la télévision, on les trouve avant la page 18 dans l’Équipe. Résultat ? Ce gros lourd de Jean-Michel a de grandes chances de tomber dessus pendant son trajet de tram le matin pour se rendre au travail.

Du coup, chaque lundi matin on va y avoir droit, en attendant dans un semi-coma que l’ignoble brouet tombe dans le gobelet plastique qui a plus de goût que la mixture douteuse qu’on ingurgite par réflexe pour ne pas lire tout de suite les mails en arrivant : Jean-Michel lancera un « Ha ben dis donc, ils sont nuls le Racing encore, pffft. »

Rien de plus horripilant que les remarques footballistiques des gens pour qui le foot n’est pas le centre de la vie mais qui pensent que la consultation des résultats est un vademecum suffisant pour pouvoir deviser sereinement des tenants et aboutissants de cette quatrième défaite de rang. Est-ce que je parle de rugby moi ? Non, bon. Il faudra faire preuve d’un calme de bonze pour ne pas défoncer les yeux du fâcheux à coups de touillette aiguisée avec les dents.

Conseil JPDarky et Paolo pour se préparer : faire un stage de méditation contemplative védique au temple Boudhiste Sakya Tsechen Ling de Kuttolsheim.

On ne passera plus régulièrement à la télévision

Se rabattre sur Ma Chaîne Sport avec une grande chance de tomber sur un match du Racing lorsqu’on ne peut aller au match, c’est fini. Après un match au mois d’août sur Eurosport 2 pour occuper la grille de fin d’été, ce sera terminé. Médiatiquement, nous serons des nains. C’est pas grave, le foot c’est mieux au stade (sauf dans les stades modernes bien sûr) de toutes façons.

Conseil JPDarky et Paolo pour se préparer : ne rien faire. Le foot, ce n’est pas à la télé, c’est en vrai, au stade.

Plus ça change, plus c’est toujours la même chose

Il y a tout de même une chose qui ne changera pas : à la LFP comme à la FFF, les décideurs géniaux n’ont toujours pas compris que le foot, c’est le samedi, à la limite, le dimanche après la sieste, sur les coups de 16 ou 17 heures. Par conséquent, ce sera toujours la course le vendredi pour tenter de sortir du boulot à temps. Il y a le lundi aussi, ce qui est encore plus idiot que le vendredi. Le lundi, ce jour maudit pour le supporter.

Il reste deux espoirs pas totalement irréalistes pour sauver notre club et notre santé mentale. Tout d’abord, rien n’est perdu, nous ne sommes pas à l’abri d’une série hivernale infernale comme notre Racing nous a habitués depuis la nuit des temps, une litanie de matchs nuls soporifiques n’est pas exclure. Ensuite, de CFA2 en Première Division, on peut compter sur le Racing pour perpétuer sa tradition dada-punk qui remonte à la plus haute Antiquité : des blessures baroques (accident de badminton, ligaments distendus d’un joueur clé en remontant une bouteille de Riesling de la cave, etc.), ou un petit putsch dans l’organigramme histoire de bien mettre le bronx comme il faut.

Gouverner, c’est prévoir ; du coup anticipons d’ores-et-déjà le retour des coulisses agitées et des micro-luttes de pouvoir qui ne manqueront pas de réapparaître tôt ou tard. Si le Racing venait à réussir sa première promotion en D2 de son histoire, il faudra aussi sans doute mettre une croix sur l’ambiance bisounours actuelle : tout le monde subitement ne s’aimera plus et les coups fourrés seront à nouveau légion. Ça aussi c’est le prix du retour au professionnalisme.


Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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