« Ophéa fait la loi. La justice, elle n’en veut pas », « L’Ascension, c’est tout bon. Rendez-nous nos cinq ponts ». C’est au son de ces slogans que 230 salariés d’Ophéa (Office public de l’habitat de l’Eurométropole de Strasbourg) ont sommé leurs dirigeants, réunis jeudi 15 octobre en conseil d’administration, d’appliquer la décision de la Cour d’appel de Colmar du 23 juin 2020. L’instance avait condamné le bailleur social à accorder cinq jours de congé à ses salariés, au titre de cinq années de non-respect d’un accord d’entreprise accordant le pont de l’Ascension.
Mais cette affaire n’est que le dernier évènement de « 10 ans de dialogue social difficile avec une direction fermée », selon Sarah Fingrelin, représentante CFDT chez Ophea. Un climat social qui a conduit les quatre organisations syndicales à la mobilisation. Une première depuis 25 ans. « Nous ne sommes pas naturellement dans la revendication mais, là, il y a un effet de ras-le-bol », explique Sarah Fingrelin.
Travailler plus, mais pas pour gagner plus !
L’ensemble de l’intersyndicale dénonce des stratégies malhonnêtes d’augmentation du temps de travail.
« Le seul accord d’entreprise qui nous a été présenté depuis l’arrivée du nouveau directeur général, est un accord d’intéressement visant à augmenter les performances de l’entreprise, mais conditionné à la signature d’un accord sur le temps de travail. »
Sarah Fingrelin, représentante syndicale CFDT OPHEA
Un accord qui supprimerait deux jours fériés et augmenterait le temps de travail à 39 heures hebdomadaires en intégrant une notion de flexibilité. Problème : plus de 10 000 heures travaillées, non rémunérées chaque année, selon les organisations syndicales. « On ne demande pas de travailler plus, lorsque certaines heures supplémentaires ne sont pas payées du tout ! », s’insurge un représentant de la CFE-CGC. Un point de friction avec la direction qui accuse les syndicats d’inventer ces 10 000 heures.
Mépris de la direction et manque d’effectifs
Au sein des manifestants, Adam et ses collègues gardiens dans les logements gérés par Ophéa, dénoncent quant à eux leurs conditions salariales.
« Pendant la crise du Covid, les employés de bureau étaient chez eux en télétravail, pendant que nous, on était sur le terrain. Ils ont touché des primes allant jusqu’à 1 500 euros, alors que nous c’était 800 euros maximum ».
Adam, un gardien du bailleur social Ophéa.
D’autres salariés pointent du doigt un cruel manque d’effectifs. Le patrimoine d’Ophéa a augmenté de 3 000 logements ces dernières années, pourtant sur le terrain, 35 gardiens sont partis à la retraite et n’ont pas été remplacés.
Contacté, le nouveau président du bailleur social – Salah Koussa, nommé en septembre, assure vouloir se saisir du dossier. Au cours du conseil d’administration, il a reçu les organisations syndicales. « Nous avons rencontré quelqu’un à l’écoute, qui nous a promis d’améliorer le dialogue social », raconte Sarah Fingrelin avant d’ajouter : « J’espère qu’il parviendra à s’imposer dans ce conseil d’administration composé d’anciens présidents d’Ophéa… » Réponse au prochain rendez-vous, prévu fin octobre.
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