Au Cerf d’Or, dans le quartier de l’Hôpital civil à Strasbourg, un soir de semaine. Ambiance chaleureuse et tablées animées où touristes et habitués dînent de plats traditionnels alsaciens. Glissée dans le menu de la maison, une feuille pliée en deux affiche le logo de l’opération « Manger c’est agir », montée par l’association alsacienne basée à Strasbourg, Objectif Climat, en collaboration avec la Fédération des chefs cuisiniers restaurateurs d’Alsace. A l’intérieur, se décline le menu « sobre en carbone », c’est à dire constitué de plats à base de produits locaux, frais et de saison. Mois de décembre oblige, on trouve ce soir-là un potage de légumes et du civet de gibier agrémenté de marrons, de choux, d’airelles et de spaetzle.
Près de 10 000 repas servis en 2012
En 2012, 89 établissements en Alsace, dont 78 restaurants privés ont servis 8000 à 10 000 repas dans le cadre de l’opération, qui alors se déroulait sur le seul mois d’octobre, soit une économie d’émission de CO2 estimée à 12 tonnes. Tout au long de l’année, ce sont une cinquantaine d’établissements en Alsace et une quinzaine à Strasbourg qui participent proposent plats ou menus estampillés, un par saison au moins.
Si l’on en croit le président d’Objectif Climat, Robert Betscha, un nouveau restaurateur rejoint chaque mois l’opération, ce qui n’empêche pas l’association de « lancer un appel » aux professionnels pour élargir le champs des personnes sensibilisées. Pour participer, il leur suffit de proposer un menu par saison dont la composition sera vérifiée par l’association. A noter que ces menus sont rarement végétariens, sinon par exemple chez Bistrot et chocolat, dont c’est la politique générale.
Viande de ruminant interdite
Outre les restaurants privés, des cantines scolaires et des restos U sont associés. L’idée étant de rappeler que nos choix en matière d’alimentation ont un impact sur le climat. Production, transport, chaîne du froid… L’empreinte carbone d’une carotte du Kochersberg n’est pas le même que celui d’un kilo de bœuf charolais, nourri aux grains et émetteur de méthane. La viande de ruminant est d’ailleurs proscrite dans les plats « Manger c’est agir ». Explication de la démarche :
Les restaurants participants à Strasbourg
L’ID, 11 rue du Château à Lingolsheim,
Au Tilleul, 5 route de Strasbourg à Mittelhausbergen,
Bistrot et chocolat, 8 rue de la Râpe à Strasbourg,
Au Cerf d’Or, 20 rue d’Or à Strasbourg,
L’Essentiel Chez Raphaël (Restaurant certifié bio), 7-9 rue du Renard-Prêchant à Strasbourg,
Flamme & Co, 55 Grand Rue à Strasbourg,
Association Masaïque, 23 rue du Marschallhof à Strasbourg,
Le Vertuose, 19 rue d’Austerlitz à Strasbourg,
Le Relais de La Poste, 21 rue du Général-de-Gaulle à La Wantzenau,
L’Ecurie, 8 rue de l’Ecurie à Strasbourg,
Le Divano, à Bischheim
Resto U de la Gallia, 1 place de l’Université à Strasbourg,
Pur etc., 15 place Saint-Etienne à Strasbourg.
« Le choix du « vecteur gastronomie » comme moyen d’action pour protéger le climat permet de toucher potentiellement un très grand nombre de personnes, a priori pas forcément convaincues par le sujet. Aussi, compte tenu des différences identifiées entre les niveaux d’émissions respectifs d’un repas classique et d’un repas sobre en carbone, l’action proposée ne produit pas des résultats marginaux, bien au contraire. A titre d’exemple, si chaque Alsacien remplaçait un repas normal par un repas sobre en carbone par mois, ce geste pourrait permettre d’économiser jusqu’à l’équivalent des émissions annuelles de gaz à effet de serre d’une ville de 3500 habitants. »
6 nouveaux restos en janvier
A partir de janvier 2014, 6 nouveaux restaurants devraient rejoindre l’opération dans la CUS, si leurs menus sont validés par l’association : Krüt’herbes à la Krutenau, le Tire-Bouchon et le Meiselocker au centre-ville, le 1741 et le Bistrot des Arts sur les quais et le Divano à Bischheim. Les freins restent néanmoins importants pour des établissements dont la principale contrainte est le manque de temps et de personnel. A laquelle s’ajoute parfois, remarque Sylvain Grönthal, chargé de mission chez Objectif Climat, « un manque d’intérêt des clients » venus pour se détendre et non pour être sensibilisés à l’écologie dont beaucoup ne se préoccupe pas. Ainsi, 10 à 15% des restaurants participants en 2012 n’ont pas souhaité renouveler leur participation cette année.
L’association Objectif Climat, créée en 2007 afin de sensibiliser les citoyens aux enjeux climatiques et énergétiques, est financée à hauteur d’environ 120 000€ par an principalement par la CUS et la Ville de Strasbourg. La Région s’est retirée du tour de table, tandis que le conseil général du Bas-Rhin finance des actions de lutte contre la précarité énergétique (isolation des logements). L’Ademe est également partenaire.
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