« Lundi, j’ai appris que j’avais passé la journée avec une personne porteuse du coronavirus en fin de semaine dernière. » Depuis, Claire et son fils restent confinés dans leur appartement de 60 m² à Vendenheim. La mère s’organise pour surmonter l’angoisse liée à la possible contamination de l’ado de 16 ans, asthmatique. Ensemble, ils ont établi un planning quotidien dessiné sur un tableau à côté de la cuisine. Objectif : garder des journées actives pour « ne pas perdre la maîtrise de ce qui nous arrive. »
L’angoisse des injonctions contradictoires
Dès le début, il y a les injonctions contradictoires des différents interlocuteurs du Samu et du lycée. Un médecin a d’abord estimé que Claire pouvait se rendre au travail « mais avec un masque. » Pour son fils, la formatrice a aussi pu entendre d’un lycée strasbourgeois et des urgences que « sans symptôme apparent », il pouvait aller en cours. Puis les urgences changent d’avis et conseillent à Claire d’observer la quatorzaine, tout en lui recommandant d’acheter du paracétamol… et de se rendre à la pharmacie.
Dans la même journée, Claire comprend qu’elle ne sera pas fixée sur son état. Depuis le début de la semaine, les dépistages au coronavirus sont réservés aux cas les plus graves. La mère se sent alors coincée :
« Ma situation n’est pas assez grave pour les urgences, mais trop grave pour que je puisse sortir voir un médecin. On est vraiment livrés à nous-mêmes… »
Rester active pour ne pas perdre pied
Claire décide de prendre les choses en main. Elle fait le ménage deux fois par jour, se lave les mains quand elle tousse ou se mouche, prend régulièrement sa température et celle de son fils. La mère a aussi eu recours aux courses livrées à domicile pour s’assurer un stock suffisant de nourriture pour les dix prochains jours. Parmi les achats, une lessive désinfectante pour éviter que les vêtements ne puissent contaminer son enfant…
Isolée, tout peut vite basculer pour Claire. Hier encore, la mère se sentait sereine. Aujourd’hui, son fils a de la fièvre : « Comme il a des problèmes respiratoires, je ne suis vraiment pas à l’aise. Parfois, je me retiens de pleurer… » L’isolement physique vient alors accroître le stress des personnes en confinement : « Si la situation empire pour lui, je crains de ne plus pouvoir gérer ça toute seule… »
« On a pris une seule liberté avec les consignes »
Pour Claire, la gestion gouvernementale de la crise sanitaire est catastrophique. À chaque fois qu’elle entend un décompte des cas de coronavirus à la radio, elle souffle de rage : « Le nombre de contaminés semble augmenter doucement mais je sais très bien que tous les cas potentiels ne sont pas testés… » Aussi, la formatrice s’étonne que personne ne lui ait demandé plus de détails sur les circonstances de son éventuelle contamination.
L’angoisse se nourrit du flou. Dans la situation actuelle de Claire, tout semble incertain : faut-il rationner le stock de nourriture disponible ? Comment son fils peut-il continuer de suivre les cours sans se rendre au lycée ? Quand est-ce que la quatorzaine prend fin ? Autant de questions qui restent en suspens… Malgré tout, Claire parvient à retenir un élément positif :
« On a pris une seule liberté avec les consignes. Le soir, vers 22h30, quand il n’y a plus personne dans les rues, on sort un peu pour prendre l’air. Si je devais rester tout le temps entre quatre murs, je deviendrais folle. »
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