« Je ne suis vraiment pas sûr de rester, lance un jeune employé de la Chambre d’agriculture d’Alsace. On a un boulot passion, c’est pour ça qu’on accepte de gagner peu. Mais j’ai des copains ingénieurs de ma promo qui ont déjà 500 euros nets de plus que moi alors même qu’ils travaillent pour des collectivités dans le public. » Après un bac +5, il est rémunéré 1 800 euros par mois, comme ses collègues en début de carrière réunis à ses côtés, mardi 17 septembre. « On ne peut pas avoir de projet comme acheter un appartement par exemple. Un jeune qui travaille à la Chambre est obligé de se loger en colocation s’il veut vivre à Strasbourg », abonde une employée.
Une trentaine d’agents sont assis dans le hall du siège de l’organisation à Schiltigheim, à l’appel de la CFDT dans le cadre d’une mobilisation nationale. Un rassemblement similaire a lieu au même moment sur le site de Sainte-Croix-en-Plaine (Haut-Rhin). Certains sont en grève pour la journée. « Nous demandions une augmentation de 1,25% du point d’indice en juin 2024 mais elle a été refusée, résume Aude Forget, déléguée syndicale CFDT :
« Nous voulions remettre le sujet sur la table la semaine dernière dans une instance de négociation nationale. Mais la direction a refusé d’en discuter sérieusement et a juste mis cette question dans les “points divers” à évoquer rapidement à la fin. Nous avons quitté la réunion. »
Manque de reconnaissance
Carole, chargée de conseiller économiquement les agriculteurs qui sollicitent la Chambre, se rapproche de la fin de sa carrière. Sans donner le montant exact de son salaire, elle affirme que l’augmentation est très lente avec l’ancienneté : « Les perspectives ne sont pas très intéressantes, donc on a du mal à recruter. Cela nous donne une grande charge de travail. » Le salaire médian est de 2 000 euros nets, selon Aude Forget :
« Vu l’inflation, il y a un vrai problème de pouvoir d’achat. On a beaucoup de collègues qui nous en parlent et qui vivent cela comme un manque de reconnaissance. »
Les syndicats sont d’autant plus remontés contre le refus d’augmentation du point d’indice que la TATFNB, un impôt foncier prélevé aux agriculteurs et qui constitue une grande partie du chiffre d’affaires des Chambres d’agriculture, a été augmenté de 7% en 2024. « Nous avions accepté de ne pas avoir d’augmentation pendant dix ans. En 2023, nous n’avions eu que 1,75%. Et là ils nous refusent 1,25% en 2024 alors que le revenu des Chambres va, lui, augmenter », dénonce Aude Forget. La CFDT assure qu’elle va continuer, avec les autres organisations syndicales, à négocier pour une revalorisation du point d’indice, et à réfléchir à des solutions à l’échelon local pour améliorer les revenus des agents de la Chambre d’agriculture Alsace.
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