Le collectif a décidé d’en faire une célébration. Un an après l’incendie qui a détruit le bâtiment principal de la Maison Mimir, au 18 rue Prechter dans le quartier de la Krutenau, le collectif du même nom organisait une soirée pour ses adhérentes et adhérents vendredi 9 février.
Depuis douze mois, les bénévoles ont continué de faire vivre l’association où ne survivent que la bagagerie et une salle appelée « la putsch ». La maison historique à colombages de deux étages a été complètement rasée, la cave comblée et le sol, recouvert de gravier et surnommé par certains « Mimir Plage ». Fermé par de simples barrières de métal, l’espace dispose encore d’une petite boîte aux lettres vertes sur laquelle sont inscrites les horaires de la bagagerie – trois demi-journées par semaine.
Des activités même sans électricité
Des toilettes sèches, accessibles aux personnes à mobilité réduite, ont été installées sur le sol. Ni l’eau ni l’électricité n’ont été remises en fonction après l’incendie. Les activités sont dès lors organisées avec des astuces de bricolage : des guirlandes à piles pour avoir un peu de lumière dans ce qu’il reste des bâtiments et des rendez-vous en journée pour ne pas avoir trop froid. Le tout, en espérant qu’il ne pleuve pas lorsque des assemblées générales sont organisées.
Depuis 2013 et jusqu’en 2033, le collectif Mimir loue le 18 rue Prechter à la Ville de Strasbourg, propriétaire des bâtiments. Dans la convention qui lie les deux parties, il est prévu que le locataire doit rendre les bâtiments comme délivrés, souligne Syamak Agha Babei, premier adjoint à la maire de Strasbourg :
« Il n’est absolument pas question que la Ville finance une reconstruction. Nous avons fait quelques travaux sur la partie qui reste pour le stockage mais la Ville n’a pas l’obligation de construire un nouveau bâtiment. Ce qui reste aujourd’hui sur le terrain est un bout de construction précaire, que nous ne rénoverons pas. »
Et en même temps, le premier adjoint est formel : Mimir est un collectif précieux pour Strasbourg, « eu égard aux expérimentations sociales et aux innovations » qu’il met en place depuis plus de dix ans. La solution, selon Syamak Agha Babaei, c’est la relocalisation du collectif dans un autre bâtiment :
« Nous sommes prêts à réfléchir à trouver un nouveau lieu mais la parcelle de la Krutenau n’a pas vocation a être celle de Mimir pour toujours. Surtout qu’il y a un grand besoin d’équipement public dans le quartier, en petite enfance par exemple. »
Rester à la Krutenau ?
Au cœur de ce quartier qui s’est embourgeoisé, la Maison Mimir offre un espace précieux pour des particuliers, collectifs ou associations qui cherchent à mettre en œuvre leurs projets à moindre coût. Malgré l’incendie, les demandes affluent pour organiser des projections, des concerts, des rencontres ou des débats dans les espaces qui restent accessibles. Des ateliers de slam, des vide-dressings et des repas collectifs sont régulièrement organisés dans la cour.
La volonté des bénévoles de proposer un lieu ouvert à toutes et tous semble intacte, malgré les complications techniques et logistiques, selon des témoignages recueillis sur place auprès des bénévoles, qui s’avouent aussi désemparés face aux démarches administratives auprès de leur assurance.
Syamak Agha-Babaei assure être en mesure de faire des propositions de relocalisation au collectif, même dans la Krutenau :
« Nous avons plusieurs pistes à proposer, à étudier en fonction de ce qu’ils désirent faire pour la suite. Il faudrait que nous sachions ce qu’ils veulent… Rien que pour l’eau ou l’électricité par exemple, nous n’avons pas reçu de demande de leur part. »
Côté Mimir, qui fonctionne en autogestion, les décisions sont discutées collectivement, un processus qui ralentit la vitesse à laquelle elles sont prises – surtout lorsque l’avenir tout entier de la structure est en jeu, ce qui explique peut-être leur silence. Mais les mimiriens et les mimiriennes rencontrées assurent travailler à un projet à présenter à la Ville, ne sachant pas encore s’il s’agit d’investir le lieu à long terme, ou de trouver une installation temporaire. Quoiqu’il en soit, le collectif « n’envisage pas de partir avant 2033 » assure une mimirienne pour qui rester au service des pauvres au centre-ville « est un acte de résistance ». L’idée d’un chantier participatif dès le printemps 2024 est évoquée, avec peut-être une fermeture temporaire pour se concentrer sur les travaux, comme cela était le cas entre 2015 et 2016.
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