Il suffit de jeter un œil à la devanture d’un magasin de souvenirs alsaciens pour s’en convaincre : plus qu’un simple oiseau, la cigogne est l’un des emblèmes de l’Alsace. Des écrits retracent sa présence dans la plaine alsacienne dès le XIIIe siècle. Les rieds constituent alors un écosystème très favorable à cet échassier.
À partir des années 60 cependant, la population de cigognes en Alsace chute brutalement en raison de pertes lors de leur migration. En 1974, il ne reste plus que neuf couples dans la région, ils représentaient alors 90% des effectifs en France. Des opérations de renforcement des populations sont lancées, qui aboutissent au repeuplement de la plaine alsacienne.
Président de la Ligue de protection des oiseaux en Alsace et co-auteur avec l’ornithologue Alfred Shierer d’un ouvrage sur la cigogne blanche, Yves Muller revient dans cet épisode de « Mais pourquoi » sur l’histoire de cet échassier et sa préservation. Les programmes de réintroduction amorcés dans les années 70 ont porté leurs fruits puisqu’il n’y a jamais eu autant de cigognes en Alsace.
Mais contrairement aux idées reçues, c’est à la Charente-Maritime et non au Haut-Rhin que revient la palme du département où l’on trouve la plus grande population de ces oiseaux, avec plus de 500 couples nicheurs.
Un certain nombre de cigognes ont par ailleurs modifié leur trajectoire migratoire ces dernières décennies pour partir hiverner en Espagne. Elles ont progressivement colonisé l’ouest de la France à leur retour. La LPO poursuit ses opérations de recensement pour étudier toujours plus finement la présence de cet échassier sur le territoire national.
En Alsace, les programmes de repeuplement sont terminés depuis les années 2000. L’évolution des populations dépend désormais de la préservation de leur habitat, et donc des prés humides où elles trouvent leur nourriture. Des écosystèmes menacés par l’agriculture intensive et l’urbanisation des sols.
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