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Ma sélection des 15 meilleurs films de l’année

Bien des films m’ont marquée en 2014, mais en voici tout de même 15 qui m’apparaissent comme essentiels. Si vous ne les avez pas vus, pas de panique, ils seront probablement repris dans les programmes des rétrospectives.

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Ma sélection des 15 meilleurs films de l’année

Découvertes, réflexion, passion, émotion, témoignages: On a tant à partager avec le Cinéma ! (MOMMY, Photo  Shayne Laverdiere)
Découvertes, réflexion, émotions, témoignages et dialogues : on a tant à partager avec notre passion du cinéma ! (MOMMY – Photo Shayne Laverdiere)

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Il est toujours très délicat d’opérer une sélection sur une durée aussi longue qu’une année. Néanmoins, en fouillant dans mes mémoires, voici quinze films pour lesquelles j’avoue une tendresse particulière et qui pour moi sont les meilleurs de l’année 2014.

1 – Mommy, l’affirmation internationale d’un génie de 25 ans

Mommy de Xavier Dolan a été le film le plus intense et le plus marquant de l’année. C’est une histoire qui ne se raconte pas, elle est à voir et à ressentir, à vivre et à expérimenter dans ce qu’elle a de profondément singulier, comme dans ce qu’elle soulève d’universel. Dolan met en scène trois personnages très émouvants qui touchent directement ces choses qui sommeillent en nous sans mot, et qui nous remuent sans que nous puissions pleinement en rendre compte. C’est un film intelligent, esthétique, profondément sensible, riche en images et en idées.

Mommy est une œuvre d’art pleine de fraîcheur et de spontanéité qui régénère nos perceptions, ouvre les cœurs et les esprits, et élargit l’horizon de notre « conditionnement » relationnel. Xavier Dolan n’a que 25 ans, il en est à son sixième film, et son sujet de prédilection reste sa mère depuis qu’il a décidé de manier sa caméra et d’envahir nos écrans. Le surdoué canadien du cinéma, désormais complètement affirmé au niveau international, nous offre avec ce dernier opus la quintessence du cinéma de 2014.

2 – Boyhood : quand le temps qui passe crée l’espace du cinéma

Le temps de la vie, de l'amour et des relations   intergénérationnelles
12 années à filmer le temps de la vie, de l’amour et des relations intergénérationnelles (Photo Inc.Ifc Productions)

Avec Boyhood, c’est une réalisation cinématographique inédite mais surtout une expérience existentielle sans pareille. Richard Linklater nous propose de traverser la durée intérieure qui cumule le vécu de ses interprètes pendant 12 années consécutives, en trois heures ! Il fait des âges, des rides et des cheveux qui blanchissent les premiers acteurs de cette épopée humaine qui se vit en images, en mois et en saisons. Le pari qui est réalisé avec ces acteurs -professionnels ou amateurs- qui ont accepté de grandir et de vieillir sous l’objectif du cinéaste, est un moment unique d’immersion dans la trame abstraite du temps qui nous construit tout en nous menant à notre fin…

3 – Le désamour peut-il faire l’objet d’un procès ?

La souffrance de la séparation face à la Loi
La souffrance de la rupture face à la Loi (Photo Amit Berlowitz)

Le Procès de Viviane Amsallem, Gett raconte le drame d’une séparation qui n’en finit plus de se terminer. Quelle est la place de l’institution, de la religion et de la famille dans un divorce en Israël ? Dans ce troisième volet (indépendant) de leur trilogie, Ronit et Shlomi Elkabetz interrogent la vérité des sentiments qui lient encore un couple face au tribunal religieux qui tente de les forcer à vivre ensemble. Un film poignant, construit sur le témoignage de personnages que tout oppose, et de discours dissonants qu’il faut tenter d’accorder. Un huis clos intense et haletant ; une tranche de vie et de cinéma particulièrement authentique.

4 – Inventer des nouvelles variations de séduction en conjuguant les arts à tous les temps

Tout désirer et tout obtenir, puis apprendre à s'en passer
Tout vouloir et tout obtenir, puis apprendre à s’en passer (Photo Alafama Films)

Casanova Variations distrayant, original et magistral ! Pour ce film très costumé, Michael Sturminger crée un mélange savoureux des arts et des époques, dans une mise en abîme pleine d’humour. Opéra, théâtre et cinéma se conjuguent pour raconter la vie de celui qui donna son nom au symbole de la séduction. Amateurs d’opéra et de Mozart en particulier, ne boudez votre plaisir; profitez sans modération de ce film-spectacle avec en bonus un John Malkovitch au sommet de son art.

5 – « Toutes les guerres sont des guerres civiles, car tous les hommes sont frères »

A qui profite la guerre?
Pourquoi les hommes prennent-ils les armes? À qui profite la guerre? (Photo Ad Vitam)

‘71  est un film de guerre d’autant plus nécessaire qu’il tient sa force à dire ce qu’il y a d’intemporel dans tous les conflits qui déchirent la planète, en prenant pour paradigme le drame d’une  époque révolue. C’est en récréant le contexte de la répression anglaise contre la révolte des Irlandais en 1971 que Yann Demange nous rappelle que toutes les guerres sont des guerres civiles qui ont le plus souvent lieu pour elles-mêmes, dans la confusion des ennemis et des motifs qui les justifient officiellement. La néantisation de tout idéal par les dégâts directs et collatéraux qu’il génère, est révélé en « flagrant délit d’absurdité » à toutes les étapes du moindre combat. Un film nerveux, percutant et particulièrement actuel.

6 – Deux soeurs pour un Roi de Coeur

La femme idéale peut-elle s'incarner dans la réalité?
La femme idéale peut-elle s’incarner dans la réalité? (Photo Wild Bunch Distribution)

Trois Cœurs a été le film psychologique de l’année! Fin, subtil et troublant. Le scénario à la fois basique et original de Benoît Jacquot s’attache à décrypter les ruses de notre inconscient à l’heure où il s’agit de choisir l’âme sœur. Simple en apparence, mais profond et puissant.

7 – La colère des hommes dans un monde sans pitié

Violence et répression des pulsions de mort
Violence et répression des pulsions de mort en détention  (Photo Wild Side Films)

Dans Les Poings contre les Murs, l’univers carcéral est appréhendé comme microcosme de notre société, sous-tendue par la vérité hobbesienne qui postule que l’homme est un loup pour l’homme. David Mackenzie utilise la violence propre à la détention et la cruauté de l’enfermement pour heurter les idées reçues et bousculer le confort de nos préjugés. Un film choc et radical sur la dialectique entre la vie et la survie.

8 – Jubilation d’un cinéma qui se moque de lui-même

Les maitres du cinéma n'échappent pas à la critique par le rire
Les plus grands maitres du cinéma n’échappent pas à la critique par le rire (Photo Mandarin Cinéma – Rezo Films)

Maestro, le film de Léa Fazer est indiscutablement le plus drôle de l’année ! Une mise en abîme hilarante du cinéma très intellectuel du grand maestro que fut Rohmer, pour en rappeler à la fois la force et le ridicule. Un mélange hilarant de situations comiques et d’humour au troisième degré, qui exacerbe à l’extrême les contrastes et la diversité des humeurs.

9 – Les montagnes d’Anatolie, de la neige et de l’or au Festival de Cannes

Quand le grandeur de la nature contraste avec la petitesse de nos névroses
Quand la grandeur de la nature contraste avec la petitesse de nos névroses (Photo Nuri Bilge Ceylan)

Avec Winter Sleep, ce très long métrage qui lui donna l’occasion d’être récompensé de la Palme d’Or, Nuri Bilge Ceylan nous transporte au cœur des troglodytes enneigés d’Anatolie. Une immersion dans une nature encore très vierge où le silence des montagnes et les routes verglacées dialoguent avec les âmes névrosées déchirées par les tempêtes intérieures de l’amour, de la haine et des rêves brisés. Une fresque universelle, mais aussi une fable intime sur les nœuds des relations qui se tricotent, se décousent ou s’effilochent.

10 – Coup de foudre, électricité et courts circuits dans une passion dévorante

Une animation plein d'érotisme
Une animation pleine d’érotisme (Photo Ed Distribution)

Il ne sera même pas nécessaire de vous cacher derrière vos enfants pour déguster le film d’animation Les Amants Électriques : il est réservé aux adultes. Une magnifique poésie sur le coup de foudre, la jalousie et la rédemption en amour. Le coup de crayon de Bill Plymptom est une véritable baguette magique pour dire sans mots, faire rire, faire rêver et vous électriser de partout !

11 – Manipulation, dévouement et transgression entre mère et fils, et plus si affinités

Jusqu'où l'amour d'une mère peut-il conduire?
Jusqu’où l’amour d’une mère peut-il servir son narcissisme ? (Photo X Verleih)

En Roumanie, avec Mère et Fils de Calin Peter Netzer, le cinéma n’a pas froid aux yeux pour dénoncer le système corrompu, mais surtout pour parler de ces relations filiales destructrices et perverties dans une société où tout s’achète sauf la confiance et l’amour. Un film coup de poing, à la fois sensible et cru, où les motifs obscurs des relations humaines sont mis à nus.

12 – Vivre et renaître par les signes et les symboles

Communiquer pour penser, s'exprimer pour ressentir
Communiquer pour penser, s’exprimer pour ressentir (Photo Michaël Crotto)

Dans Marie Heurtin, Jean-Pierre Améris témoigne avec sincérité et pudeur  de l’extrême complexité qui se joue dans l’émergence de l’humain en tant qu’être parlant. Il nous mène pas à pas dans l’apprentissage qui consiste à partager et à transmettre notre faculté de penser. Une histoire vraie et profondément bouleversante d’une enfant sourde et aveugle, qui fait du handicap une leçon d’amour et d’espoir sur toutes les ressources que la fonction symbolique ouvre à tous. Langage des signes et intensité de l’ineffable, le sourire de Marie Heurtin restera gravé dans nos mémoires pour toujours.  Quand Marie « signe », les  images font sens et le bonheur résonne dans le plus beau des discours.

13 – Les hommes peuvent-ils être les auteurs de leur propre Loi ?

Quand la valeur de la vie bascule au profit de celle de la mort
Quand la valeur de la vie bascule au profit de celle de la mort (Photo Capricci Films)

Mange Tes Morts (Tu ne diras point), telle est l’insulte, voire la malédiction que les Gitans de l’Est de la France profèrent pour intimider leurs ennemis. Le film de Jean-Charles Hue est quasiment un documentaire sur la vie de ceux qui se constituent par la seule loi de leur clan. Un témoignage sans concession, puissant et courageux, qui donne beaucoup à penser sur l’existence de ces micros-sociétés qui évoluent entre les codes de notre pays tout en participant du destin de la nation.

14 – Culture, évolution et civilisation

Combien de temps  notre intelligence nous distinguera-t-elle encore des animaux?
Combien de temps notre intelligence nous distinguera-t-elle encore des animaux? (Photo Century Fox)

La Planète des Singes, l’Affrontement, block buster spectaculaire, dont le scénario est simple mais envoûtant, dépaysant et intelligent. Une très belle fable sociologique et politique sur les ressorts du pouvoir et la progression des civilisations. La perfectibilité que nous avons développée au fil des siècles nous a-t-elle humanisé ? Telle est l’interrogation sous-jacente du film de Matt Reeves alors qu’il décide de donner la parole aux singes pour nous proposer d’y réfléchir.

15 – Comment prendre les chemins qui conduisent au passé ?

Le temps est irréversible, et tous nos souvenirs participent de projection dans le futur
Le passé est irréversible et tous nos souvenirs participent à notre futur (Photo Arsenal Filmverleih)

Avec Ida, dans un noir et un blanc qui sont les couleurs de ses souvenirs, Pawel Pawlikowski nous emmène en Pologne pour un voyage sobre et sec. Deux âmes à la recherchent d’elles-mêmes basculent, portées par l’espace-temps d’un pays qui vit sur les cendres de son Histoire. Une esthétique parfaite, un drame silencieux, une traversée du temps qui éclaire le présent.

Et aussi…

Les 10 films qui suivent ont également marqué 2014, et la liste n’est pas exhaustive, à vous de la compléter en commentaires.

16 – Une Nouvelle Amie de François Ozon. Pour qui et pourquoi nous travestissons-nous? De qui nous cachons-nous? Existe-t-il une part de nous mêmes que nous sommes incapables de vivre au grand jour? Un film inédit, original et plein de finesse sur les ressorts cachés de nos métamorphoses.

17 – Timbuktu de Abderrahmane Sissako. Le film qui met en lumière et en couleurs la guerre des Jihadistes contre les croyants du Mali qui vivent dans les déserts. Une esthétique splendide pour compenser les horreurs du fanatisme religieux. Simple et profondément touchant.

18 – Black Coal de Yi’nan Diao. Le film primé à Berlin raconte comment la Chine s’éveille à produire, à consommer, à vivre des histoires d’amour propres à ces sociétés où tout s’achète et se vend. Un Ours d’Or mérité pour l’ambiance et pour la qualité d’une image exceptionnelle: riche, précise, toujours surprenante et éminemment personnelle.

19 – Sils Maria de Olivier Assayas. Une mise en abîme de la place de l’actrice dans l’univers du 7ième art, ses enjeux et ses difficultés, le tout mis en scène par la médiation du théâtre. Des interprètes féminines et des décors à la hauteur de ce propos complexe et délicat.

20 – Le Vent Se Lève de Myazaki. Certainement le dernier film d’animation du géant japonais. Très poétique, grandiose en toute simplicité, magique tout en étant fortement réaliste.

21 – Les Combattants. Ce premier film de Thomas Cailley  apporte un souffle nouveau au cinéma français par son humour et sa fraîcheur, son dynamisme revigorant et son optimisme face aux questions qui préoccupent la jeunesse en ce qui concerne son avenir.

22 – Deux Jours, Une Nuit de Jean-Pierre & Luc Dardenne. Un film social, sobre et percutant qui nous plonge dans le monde du travail et dans les affres du chômage. Un hommage remarquable à tous ceux qui se démènent et se débattent pour leur survie dans les filets de la loi du marché.

23 – Sin City, J’ai tué pour elle de Frank Miller et Robert Rodriguez. Quand le cinéma transcende la Bande-Dessinée et réciproquement! Un moment jouissif et spectaculaire d’images magnifiques, de plans incandescents de lumière, de violence et de désir… Un lieu de rencontre explosif entre la grâce et l’esthétique, la force des effets spéciaux et l’univers glauque de la nuit.

24 – De L’Autre Côté Du Mur de Christian Schowochow. Généalogie de la paranoïa qui poursuivit les allemands de l’Est même de l’autre côté du mur. Le déplacement géographique s’avère être une condition insuffisante de la liberté, seule la désaliénation que sujet est capable d’opérer par lui-même parvient à le sauver.

25 – L’Homme Qu’on Aimait Trop de André Téchiné. Un Thriller à forte dimension psychologique basé sur ce fait divers qui marqua la Côte d’Azur dans les années 80. Magnifiquement interprété par un casting prestigieux.

Les films que vous avez vus en 2014 sont-ils sur cette liste ? Dites nous en commentaires si c’est le cas ou non, et surtout pourquoi.

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