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À la rentrée, 82 étudiants ont été logés dans un dispositif d’urgence

L’Association fédérative des étudiants de Strasbourg (Afges) a présenté le bilan de son dispositif d’hébergement pour la rentrée 2024 ce 20 novembre. Elle rencontre de plus en plus de jeunes à la rue à cause de la pénurie de logements.

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À la rentrée, 82 étudiants ont été logés dans un dispositif d’urgence
À Strasbourg, les étudiants sont obligés de s’autoorganiser pour ne pas dormir à la rue.

« La précarité des étudiants ne cesse de croitre, ils sont de plus en plus nombreux à sauter des repas, ou à dormir à la rue », introduit Chloé Heyd, mercredi 20 novembre. Présidente de l’Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges), elle relate les réalités sociales qu’elle a rencontrées en participant à la gestion du dispositif de logement transitoire de son organisation.

Celui-ci a permis, entre le 26 août et le 15 octobre, de prendre en charge 1 117 nuitées dans des auberges de jeunesse comme Hi Strasbourg 2 Rives. « Je répondais au téléphone jusqu’à une heure du matin, nous avons eu énormément de sollicitations », affirme t-elle.

Au total, 391 étudiants et étudiantes ont sollicité l’Afges pour demander un hébergement d’urgence. L’association n’a pas pu répondre à toutes les demandes et a dû prioriser les profils les plus en difficulté. « S’ils ont des connaissances, de la famille dans le secteur ou les moyens de payer un hébergement, on est obligés de refuser parce que d’autres n’ont pas cette possibilité », précise Emma Betry, étudiante en droit en charge du dossier pour l’Afges. Finalement, 82 personnes d’une moyenne d’âge de 22 ans auront bénéficié du dispositif, dont 75% viennent hors de l’Union européenne. Souvent, ces profils sont victimes de la rude concurrence à chaque rentrée pour louer des studios.

Appel aux dons pour continuer

La directrice générale de la Caisse régionale des œuvres universitaires et sociales (Crous), Sophie Roussel, dont l’une des missions est de loger les étudiants les moins fortunés, reconnait que cette action de l’Afges a été nécessaire :

« On a des chambres qui se libèrent en octobre ou novembre parce que des étudiants repartent. Mais il y a clairement six semaines de grande tension en début d’année universitaire. »

L’Université de Strasbourg, l’Eurométropole et des mécènes via la Fondation de l’Université de Strasbourg ont financé le dispositif de l’Afges à hauteur de 80 000 euros en 2024. « Nous appelons aux dons pour continuer, et si possible, monter en puissance en 2025 avec plus de places et peut-être un accompagnement social par des professionnels », expose Jérémy Darenne, vice-président de l’Afges. L’association étudiante indique avoir rencontré de nombreux étudiants avec des problématiques de santé mentale liées notamment au stress et à la précarité.

Au 15 octobre, lorsque le dispositif de l’Afges a pris fin, une bonne moitié des bénéficiaires ont finalement pu être logés dans des résidences du Crous. D’autres ont trouvé des appartements privés mais un quart des bénéficiaires n’avaient pas encore de solution pérenne. Chloé Heyd explique ne pas savoir où sont tous les étudiants dans cette situation. « Certains ont pu être logés sur des canapés d’amis qu’ils ont rencontrés dans notre dispositif ou à la fac », espère-t-elle.

Des étudiantes membres de l’Afges, de gauche à droite, Emma Betry, Jérémy Darenne et Chloé Heyd.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Peu de nouvelles chambres étudiantes

Comme environ 55% des étudiants qui le demandent ne peuvent avoir accès à une chambre dans une résidence universitaire à Strasbourg, l’Afges estime qu’il faudrait doubler l’offre, soit faire évoluer le parc disponible de 4 900 à 10 000 chambres. Pour la directrice du Crous, ce chiffre n’est pas atteignable pour l’instant : « Nous manquons de foncier pour créer des places et nous sommes en relation avec l’État et l’Eurométropole pour trouver des sites. » Sophie Roussel évoque un objectif bien moindre : 1 500 places supplémentaires à l’horizon 2030.

Près de 500 studios devraient être livrés en 2027 dans une nouvelle résidence place d’Islande et le Crous prospecte pour produire 150 chambres dans l’enceinte de l’Hôpital civil. Aucun autre projet n’est à l’ordre du jour. Autant dire que les étudiants qui voudront s’installer à Strasbourg risque d’avoir encore besoin de recourir à des dispositifs d’urgence ces prochaines années. Le loyer étudiant moyen a augmenté de 2,8% entre 2023 et 2024, pour atteindre 561 euros, tandis que l’Afges évalue le coût de la rentrée étudiante à 3 156 euros.


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