Les membres de la Coordination des intermittents et des précaires (CIP) ont publié mercredi matin une liste d’employeurs du secteur culturel qui souhaitent que le nouvel accord sur leur régime d’indemnisation puisse s’appliquer et qui regrettent que ce soit l’État qui abonde financièrement les négociations. Plus de 50 responsables de structures culturelles du Grand Est ont signé une lettre adressé à la ministre de la Culture en ce sens.
Briac Jumelais, administrateur du Théâtre national de Strasbourg, précise :
« L’accord intervenu entre les syndicats de la branche culturelle est historique. Il augmente les cotisations patronales, qui avaient déjà fortement augmenté en 2003, il plafonne les indemnités et fait réaliser à l’assurance chômage entre 84 et 93 millions d’euros d’économies par an. Les intermittents verraient leurs indemnisations calculées sur 12 mois et seraient mieux couverts lors des périodes d’inactivité dues à une grossesse ou une maladie. »
Les centrales désavouent leurs syndicats de branche
Quel est le problème alors ? Il provient des centrales syndicales, qui siègent au comité paritaire de l’Unedic, l’organisme qui reçoit les cotisations et paie les indemnisations. Selon le Medef, il manque 800 millions d’euros par an dans les comptes de l’assurance maladie. Les centrales se sont opposées à l’accord conclu entre leurs syndicats de branche car pour elles, les intermittents n’ont pas à bénéficier d’un régime indemnitaire comparable à celui des salariés, selon l’analyse de Frédéric Simon, directeur du Maillon :
« La CFDT, la CGC et la CFTC, toutes ces centrales héritées du syndicalisme chrétien, estiment que les salariés n’ont pas à être solidaires des comédiens, car ils ne font pas un véritable travail, qu’ils ne sont pas “élus” en quelque sorte. Il faut donc rappeler qu’être intermittent, c’est être à la fois salarié et maître de son destin et qu’il y a un vrai travail. »
Laurent Crovella, directeur de la compagnie Les Méridiens et membre du Synavi, un syndicat patronal de structures culturelles, appuie :
« Partout ailleurs dans l’univers économique, les efforts sont compensés par une hausse de la productivité. Mais chez nous, on ne peut pas demander aux comédiens de jouer deux fois plus vite pour diffuser deux spectacles dans la soirée, c’est absurde ! Alors les économies se font sur les décors, les mises en scène… et on se retrouve avec des pièces formatées. Nous aussi nous produisons une « valeur ajoutée », sauf qu’il s’agit d’une valeur humaine. »
Le gouvernement valide les calculs du Medef
L’autre reproche adressé par la CIP et les responsables de structures au ministère de la Culture est la volonté du gouvernement de subventionner l’accord. Selon Violaine-Marine Helmbold de la CIP, ce soutien financier est plus dangereux qu’autre chose :
« Un accord paritaire est stable, tandis qu’une subvention peut être remise en cause à chaque gouvernement. On voit bien ici que le gouvernement socialiste tente d’amadouer les intermittents en vue des prochaines élections. On aimerait qu’à l’issue de ces négociations, qui ont atteint un point d’équilibre, la situation des intermittents et leur indemnisation soit pérennisée. Par ailleurs, compenser ainsi le “manque” revient à avaliser l’analyse du Medef. Or l’assurance chômage est un tout, on ne peut pas séparer ainsi une branche des autres. »
Selon Frédéric Simon, le régime des intermittents serait à l’équilibre s’il prenait en compte les cotisations des employés permanents du secteur culturel, qui se retrouvent actuellement dans le régime général.
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