Strasbourg espérait accueillir l’Agence européenne du médicament (EMA pour European Medicine Agency en anglais), localisée à Londres depuis sa création en 1994. Suite au référendum britannique qui a acté la sortie de l’Union européenne, elle va devoir déménager, tout comme l’Agence bancaire européenne (ABE).
Mais près de 10 mois après le vote et quelques jours avant de céder sa place, le gouvernement français a tranché. Lille représentera la France. Cette décision intervient une semaine après les auditions des huit candidats (Lens-Liévin, Lille, Lyon, Montpellier, Nice, Paris Sud-Villejuif, Strasbourg et Toulouse). La capitale du Grand Est ne figurait pas dans les trois villes pré-selectionnées.
Lille, « cœur de l’Europe »
Dans un communiqué, le gouvernement estime que la ville dirigée par Martine Aubry (PS) « est idéalement située au cœur de l’Europe » et que « la France dispose d’un écosystème de santé (recherche, innovation, industrie) exceptionnel, dont Lille est l’un des pôles majeurs ». Il met en avant la bonne desserte en train de Lille, depuis Bruxelles, Londres Paris et son aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
Strasbourg espérait que la présence de la pharmacopée européenne, sous l’égide du Conseil de l’Europe (47 pays), dédiée au contrôle des composés entrant dans la composition des médicaments, son Université, les laboratoires pharmaceutiques de la vallée rhénane, en Allemagne et en Suisse (Roche, Novartis, Merck, Serono et Eli Lilly près de Strasbourg) ou la présence du Parlement européen fassent la différence. C’est d’ailleurs un Alsacien, Fernand Sauer, qui avait assuré la direction de l’agence les six premières années.
D’autres villes sur les rangs
L’EMA dispose d’un budget de plus de 200 millions d’euros et environ 850 employés. Strasbourg l’aurait imaginé dans son nouveau quartier Archipel.
À l’étranger, on compte de nombreux candidats tels Copenhague, Stockholm, Dublin, Milan et Barcelone. Le Royaume-Uni a enclenché la procédure de sortie de l’Union européenne fin mars. Les négociations vont durer plus de deux ans.
« Tout n’a pas été fait »
Pour le conseiller municipal d’opposition Éric Sénet (droite, non-encarté) qui avait posté un message sur sa page Facebook le lendemain du Brexit, les responsabilités sont en partie locales :
« Tout n’a pas été fait depuis le départ par Roland Ries et Robert Herrmann pour rendre le dossier strasbourgeois incontournable et incontestable. Roland Ries, en ne prenant pas tout de suite au sérieux ma proposition formulée en conseil municipal en juin 2016, a fragilisé le dossier. Pour des questions politiciennes, parce que l’idée émanait d’un élu de l’opposition, l’exécutif municipal a tardé à étudier cette candidature et surtout à constituer un dossier sérieux. »
Il regrette que la candidature ne s’appuyait pas sur l’entente franco-allemande et l’Eurodistrict. Mais l’Allemagne a aussi Bonn comme ville candidate. Il estime également qu’avec cet « affront » l’État montre qu’il n’a pas conscience de l’importance de Strasbourg sur la scène européenne.
Locaux disponibles
Roland Ries, Robert Herrmann et Catherine Trautmann qui « prennent acte » de la décision via un communiqué ont d’autres raisons à avancer :
« Lille pouvait proposer une disponibilité très rapide des locaux envisagés, ce qui a compté de façon déterminante dans le choix de Matignon. »
Certaines sources parlent d’une décision concernant la future ville hôte dès le conseil européen prévu en juin.
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