Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Un aperçu des véhicules du futur en démonstration à Strasbourg

À l’occasion du congrès des mobilités innovantes, qui se déroule du 19 au 22 juin à Strasbourg, plusieurs modèles de véhicules autonomes ou guidés sont présentés et testés. Explications en images de ce que nous réserve le transport de demain.

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Les véhicules autonomes commencent à se multiplier. (Morgane Carlier / Rue89Strasbourg / cc)

Les véhicules autonomes commencent à se multiplier. (Morgane Carlier / Rue89Strasbourg / cc)
La Navya Arma est une navette autonome pouvant accueillir jusqu’à 15 personnes. (Photo Morgane Carlier / Rue89Strasbourg / cc)

Véhicule autonome, bi-modal, à conduite déléguée… Ce lundi s’ouvrait le congrès européen des mobilités innovantes, qui se tient cette année à Strasbourg. Ce rendez-vous est l’occasion, pour de nombreuses entreprises et acteurs du secteur, de faire la démonstration de leurs avancées technologiques. Parmi les plus en pointe, on trouve la Navya Arma, une navette autonome et électrique créée par l’entreprise Navya.

Le véhicule fonctionne grâce à une modélisation en 3D implantée dans son système après un premier parcours de repérage avec un pilote. Le véhicule reproduit ensuite le trajet de manière autonome à une vitesse maximale de 45 km/h. Il est équipé de capteurs et de caméras afin de repérer les éventuels obstacles sur sa route, explique Diego Isaac, responsable marketing chez Navya. La navette est destinée à un usage collectif, en ville par exemple, ou privé, dans les aéroports ou les parcs d’attraction. Son prix de départ est de 260 000 euros l’unité, hors options supplémentaires.

En cas de danger, la reprise de contrôle manuel du véhicule est toujours possible. Lors du test de la navette, auquel nous avons pu assister, un journaliste de télévision a quitté la navette en cours de chemin pour filmer le véhicule en déplacement. En arrivant à proximité, la navette a freiné brusquement, car elle avait détecté sa présence dans son environnement proche et l’a identifié comme un obstacle.

La navette Navya fonctionne de manière autonome sur des trajets connus. (Morgane Carlier/Rue89 Strasbourg)
La navette Navya Arma fonctionne de manière autonome sur des trajets connus. (Photo MC/Rue89 Strasbourg)

La Ville de Strasbourg intéressée

La navette intéresse la Ville de Strasbourg, comme le reconnaît Alain Fontanel, premier adjoint au maire et président de la CTS :

« Le véhicule Navya pourrait être une solution pour les bouts de lignes. On est en train de réfléchir à une expérimentation à l’Espace européen de l’entreprise. Il faut regarder à la fois l’enjeu de sécurité mais aussi le modèle économique. Les discussions sont en cours avec Navya. »

Autre véhicule présenté au congrès, la voiture autonome de Vedecom (Institut du véhicule décarboné et communicant et de sa mobilité). Il s’agit d’une voiture semblable à la voiture électrique Zoe commercialisée par Renault, équipée de caméras, de capteurs Lidar (qui fonctionnent avec un laser) et d’un GPS. Pour le test, le véhicule a effectué un trajet transfrontalier, en empruntant le pont de l’Europe jusqu’à la gare de Kehl, avant de revenir.

Encore à l’état de prototype, il était escorté par deux autres véhicules et des caméras avaient été placées sur le trajet, pour suivre son avancée. Les images filmées par ces caméras étaient transmises à un centre de contrôle situé au Palais des Congrès, qui avait la main sur le véhicule, en cas de danger. La traversée d’un carrefour dangereux et à la visibilité réduite a notamment nécessité son intervention à deux reprises sur une petite dizaine d’essais. Jean-Laurent Franchineau, directeur du programme d’éco-mobilité de Vedecom, affirme qu’il faudra encore attendre quelques années avant que ce type de véhicule soit accessible aux particuliers, mais d’autres seront mis en place d’ici là :

« Les véhicules à conduite déléguée vont arriver prochainement, pour les particuliers. On est de plus en plus assisté dans sa conduite, on pourra les utiliser sur autoroute ou voie périurbaine à chaussée séparée. Il y a des phases où on pourra ne pas regarder la route mais regarder un écran au milieu, et avoir des périodes d’“eyes off”, les yeux en dehors de la route. Dans un bouchon par exemple, le véhicule pourra rester dans sa voie et suivre automatiquement celui qui le précède. »

Le mini-bus électrique Cristal peut former un attelage avec jusqu'à quatre véhicules. (Morgane Carlier / Rue89 Strasbourg /cc)
Le mini-bus électrique Cristal peut former un attelage avec jusqu’à quatre véhicules. (Photo MC / Rue89 Strasbourg /cc)

Un troisième véhicule, dont Rue89 Strasbourg a déjà parlé, était mis à l’honneur en cette journée d’inauguration du congrès : le Cristal. Il s’agit d’un mini-bus électrique et numérique, dont la capacité maximale est de 16 personnes. La spécificité de ce véhicule est sa bi-modalité : il peut être utilisé en tant que transport public, sous forme de mini-bus, notamment en bout de ligne, ou en accès libre-service pour les particuliers détenteurs du permis B. Il va bientôt être expérimenté à Strasbourg, à l’occasion du Marché de Noël, puis dans ses deux modes début 2018.

Le Cristal, qui bénéficie d’une autonomie pouvant aller jusqu’à 150 kilomètres, devrait être présenté dans une version véhicule autonome au CES de Las Vegas au début de l’année 2018. Pour l’instant, il se trouve toutefois dans une zone réglementaire floue, d’après Marie-José Navarre, directrice générale adjointe de l’entreprise Lohr, à l’origine du véhicule :

« Cette expérimentation bénéficie d’une autorisation de circulation sur la voirie, on a déjà passé pas mal d’étapes réglementaires. C’est un véhicule qui se trouve dans une catégorie qui n’existe pas et qui est à créer. »

En effet, comme on vous l’expliquait il y a quelque temps, la réglementation ne suit pas encore le rythme de ces innovations et la circulation des véhicules autonomes est pour l’instant interdite sur les routes. Si la commission économique des Nations-Unies pour l’Europe a amendé la Convention de Vienne sur la circulation routière en mars 2016 dans un sens favorable à cette technologie, elle n’a pas touché à son article 8, qui impose la présence d’un conducteur dans le véhicule. C’est pourquoi il a fallu obtenir des autorisations au préalable avant d’effectuer les tests.

Technologiquement et juridiquement, les véhicules de demain posent donc encore beaucoup de questions et il faudra certainement patienter quelques années avant de les voir circuler dans nos villes pour de bon. En attendant, les plus curieux pourront tester le Cristal jusqu’à la fin du congrès européen des mobilités innovantes.


#transports

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