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Les Black Cat Crossin’ : du blues rock aussi classe que sauvage

Les Black Cat Crossin’, groupe de blues rock strasbourgeois, ont sorti leur nouvel album, Too Many Things To Light. Rencontre avec Stéphane, le chanteur.

Son

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Black Cat Crossin'

J’ai déjà vu les Black Cat Crossin’ deux fois en concert, au Molodoï puis à l’Elastic. Et j’ai été charmée par la puissance brute, indomptable, qui émanait de ce groupe. Tout de noir vêtus, les musiciens dégagent une énergie impressionnante sur scène. Le chanteur séduit par la chaleur de sa voix et la sensualité de son charisme. Black Cat Crossin’, c’est un mélange harmonieux entre la grâce et l’élégance féline et le côté instinctif, des animaux sauvages.

Cela se retrouve parfaitement dans leur nouvel album, Too Many Things To Light Et celui qui nous en parle le mieux c’est justement le très élégant Stéphane qui évolue au chant.

Quelles sont vos différentes influences musicales ?

Stéphane : « Elles sont assez nombreuses ! On se décrit comme étant « à la recherche des racines de la musique actuelle. Déconstruisant le blues fondamental, le gospel noir et le rock garage brut, les cinq musiciens puisent leur inspiration dans une musique crue et bouillonnante où la recherche du groove reste la pièce maîtresse. » C’est un petit speech promotionnel mais tout ou presque est dit ici.

Chaque membre apporte sa pièce du puzzle, son angle et sa sensibilité dans les arrangements. Nous y passons beaucoup de temps, nous avons mis près d’un an pour l’écriture de l’album afin de soigner les ambiances et définir correctement la place de chacun !

« Structurer les morceaux comme chez Dylan ou Neil Young »

Dans le songwritting je vais chercher, avec un texte qui porte un thème musical, quelque chose qui structure le morceau comme dans le folk et le rock d’un Dylan ou d’un Neil Young, avec une vraie chanson comme architecture pour éviter le morceau-riff-qui-tourne avec un peu d’habillage. Puis, dans la progression d’accords et interprétation, on cherche à exprimer une atmosphère spécifique à chaque composition comme le fait Tom Waits.

Anthony, à la batterie, qui aime les beats lourds et puissants d’un bluesman actuel comme Bernard Allison par exemple va veiller à « ce qu’il se passe toujours quelque-chose. » Il cherche à ce que les morceaux groovent et travaille pour cela avec Théo.

Ce dernier, à la basse, a toujours quelque part en tête le son de groupes tels que Dead Weather ou le rock sale des années 70. Il est particulièrement attentif aux arrangements des compositions.  La guitare de Jérémy est plus nuancée avec une propreté qu’on retrouve chez un Clapton par exemple, mais le blues rock d’un Rory Gallagher n’est jamais loin.

Enfin, les claviers d’Alexis viennent apporter la touche finale et lui va chercher dans des riffs de black-music qui font bouger des culs et des nappes gospel qui donnent la coloration finale aux compositions. »

Est-ce que l’esthétique du groupe est importante pour vous ? Je pense aussi à vos tenues sur scène. Là aussi, qu’est-ce qui vous inspire ?

Stéphane : « L’esthétique du groupe fait réellement partie de son identité. Cela nous permet d’être en personnage, de rentrer plus profondément dans l’interprétation. Nous sommes un groupe largement axé sur le live et cela participe à ce que nous voulons dégager sur scène. Tous les musiciens qui nous ont inspiré portaient physiquement la marque de leur musique sur scène. Je me vois mal chanter un de nos morceaux en t-shirt et claquettes ! Je trouverai cela presque irrespectueux vis à vis des musiciens qui nous ont formés et inspirés. Le style visuel du groupe est un hommage aux vieux bluesmens et jazzmens qui ont créé la base de tout ce que nous écoutons aujourd’hui.

« On n’imagine pas Howlin Wolf ou Sonny Boy Williamson en claquettes »

Vous ne trouverez pas d’image de Howlin Wolf ou de Sonny Boy Williamson en jeans claquettes. Cette esthétique est liée à leur histoire, à leur monde musical et culturel. C’était important pour eux de savoir véhiculer une image de marque, non seulement pour s’imposer en stature face au public blanc de l’époque, mais aussi pour imposer un univers sur scène.

Le contexte n’a rien à voir mais le principe est le même pour nous : c’est un marqueur de la lignée dans laquelle on se place. Peut-être un rejet du style plage californienne fluo ou d’une modernité un peu fadasse, je ne sais pas … On est un peu vieux-jeu de ce côté-là !

Mais c’est en constante évolution depuis le début, ce n’est pas quelque-chose de figé, on se cherche encore dans cet équilibre entre appartenance au passé et notre propre chemin. Cela étant on ne jouera probablement pas avec un costume de poney avec une guirlande au cou ! Il ne s’agit pas de se prendre trop au sérieux mais l’habit fait quand même le moine sur scène, cela participe à la magie de toute performance scénique. »

Black Cat Crossin'
Photo : Victor Wilhelm

« On parle des aiguilles et des balais dans le cul »

Quel est le thème de votre premier album, qu’est-ce qu’il raconte ?

Stéphane : « L’album ne parle pas d’amour. Il ne parle pas de filles, ne parle pas de soirée et de fêtes au Copacabana. Il ne parle pas de hashtag-smile et de soirées arrosées de teenagers sur la plage.

Il parle de l’inverse de tout ça. Il parle de tout le reste. Des ratés, des gens cassés qui vivent dans l’ombre et les caniveaux, des milliardaires arrogants, des mafias légales mondialisées, des aiguilles dans le bras et des balais dans le cul. De ce grand et ridicule vaudeville dans lequel on patauge. De l’hypocrisie et des pauvres perdus qui ne croient plus en rien. Du stupre et de la fornication.

Ce n’est pas un joli album. Il n’est pas fait pour ça. Ce ne sont pas des protest-songs non plus, il n’y a pas de solutions proposées dans les brises et le vent mais plutôt des scènes de reportage gonzo.

Quels sont les concerts qui vous ont le plus marqué ?

Stéphane : « Tout le monde dans le groupe vit les concerts différemment, il est impossible d’en sortir une liste unanime pour tous les membres. Les grosses dates, comme au Dôme de Mutzig, au Molodoi, au Noumatrouff, ou à la Halle Verrière sont des expériences marquantes et nous avons adoré y jouer ! Nous avons joué dans des petites salles et des petits bars où l’ambiance, la réception, le rapport avec le public étaient de purs moments de bonheur, des moments réellement puissants qui resteront dans nos mémoires ! De l’humide caveau du Mudd Club, l’incroyable petite salle du Cœur de Bœuf à Lons ou un petit pub rock’n’roll à Nevers sont des dates tout aussi importantes que les « grosses » salles.

Bien évidemment, plus les dates s’éloignent de notre territoire de base, plus elles sont dures mais plus elles sont intéressantes. Il y a une notion de saut dans l’inconnu et de devoir réellement faire ses preuves dans un environnement plus vierge que lorsqu’on joue « à la maison ». C’est un peu comme démarrer une nouvelle relation, on se tâte, on se cherche, c’est compliqué mais excitant !

Et pour finir : pas trop dur d’être le patron du bar Le Local et en plus de trouver le temps pour un groupe ?

Il est clair que ça laisse très peu de temps libre pour suivre les Anges de la télé-réalité. Heureusement, il se trouve que je n’ai pas signé pour ça ! Ces deux activités sont certes chronophages mais me laissent une liberté totale en terme de créativité ainsi que pour l’organisation, ce qui n’a pas de prix ! De plus, les deux univers sont assez connexes ce n’est donc pas une montagne incohérente à surmonter. Donc pour répondre simplement, non, pas trop dur, j’adore ça !


#blues

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