Trois électeurs sur quatre auraient voté en faveur du Oui si le référendum sur la fusion des deux départements et de la région Alsace avait eu lieu la semaine dernière, selon un sondage CSA commandé par les DNA, L’Alsace et France Bleu Alsace. Plus de 1000 personnes ont été interrogées et selon les résultats, les électeurs du Bas-Rhin seraient un peu plus favorables (78%) que ceux du Haut-Rhin (71%) à la création d’une collectivité unique. De même, les Bas-Rhinois (39 à 49%) comptent se déplacer un peu plus massivement que les Haut-Rhinois (35 à 45%) pour voter lors du référendum le 7 avril.
A noter que les électeurs des villes sont moins mobilisés que ceux des champs, puisque CSA a mesuré que 81% des habitants des bourgs de moins de 2 000 habitants ont entendu parler du référendum, contre 63% des Strasbourgeois, 70% en moyenne dans la région.
La campagne du Oui plus avancée
Alors que Philippe Richert, président de la région Alsace et promoteur de la collectivité unique, se disait ce week-end « raisonnablement confiant », les tenants du Non veulent encore croire en leur capacité à démonter l’argumentaire des pro-CTA. Pernelle Richardot, conseillère régionale socialiste et adjointe au maire de Strasbourg, a réagi ce matin au sondage :
« Je ne suis pas surprise par ces résultats puisque la campagne du Oui a démarré il y a très longtemps. C’est normal que les Alsaciens adhèrent aux arguments de Philippe Richert, sur l’efficacité et les économies gagnées avec le conseil unique. Sauf que ces arguments sont simplistes et que l’on ment aux Alsaciens. Ces économies, où va-t-on les faire ? Va-t-on supprimer des postes de fonctionnaires territoriaux et dégrader le service public ? »
Le camp du Non joue la carte du « mensonge aux Alsaciens »
Pour cette élue régionale, il y a encore une fenêtre pour le camp du Non :
« Ce sondage reflète un état d’esprit, celui du matraquage du Oui, il est à prendre avec les pincettes de rigueur. La vraie campagne, elle, commence dans 15 jours. La campagne du Non n’a donc pas encore commencé. On va continuer les déplacements dans les territoires, où je n’ai d’ailleurs pas les mêmes retours que ce qu’indiquent ces chiffres. Les gens n’ont pas l’impression qu’il y a simplification. Souvent, ils n’y comprennent rien… »
Impression partagée par Patrick Binder, tête de file du Front national alsacien, implanté à Mulhouse :
« Je ne crois pas du tout en ce sondage. Lorsque je lis les commentaires sur la plupart des sites d’information et que j’écoute ce que me disent les gens dans les réunions, je me rends compte que les gens font preuve de bon sens : ils expliquent que ce conseil unique, c’est trop compliqué, que c’est une magouille, voire que ça ne les concerne pas. C’est dommage, parce que je suis favorable à une province d’Alsace, mais sur des bases saines. Or là, ça s’est fait sans consulter le peuple alsacien dans une incohérence totale. Ce référendum est une véritable escroquerie. D’ailleurs, dans le Haut-Rhin, je pense qu’il va y avoir une grosse abstention, qui sera phénoménale à Mulhouse ! »
L’abstention, seul espoir du Non ?
L’abstention, c’est ce sur quoi comptent au final les anti-CTA. Et pour cause, pour que le référendum soit un succès, il faut que 25% des inscrits sur les listes électorales votent Oui et ce dans les deux départements. Une gageure, notamment dans les villes.
A suivre ce soir de 19 heures à 20 heures, un débat réunissant les tenants du Oui, Philippe Richert et Charles Buttner (UMP), Jacques Fernique (EELV) et Antoine Homé (PS) face à ceux du Non, Pernelle Richardot (PS) et Patrick Binder (Front national). Equilibré ?
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : le conseil unique d’Alsace, c’est quoi
Sur France Bleu Alsace : le grand débat de ce jeudi soir, de 19 heures à 20 heures
Sur France Bleu Alsace : l’analyse du référendum par le politologue Richard Kleinschmager
Sur DNA.fr : l’analyse du sondage par Jacques Fortier (accès abonnés)
Sur L’Alsace.fr : l’analyse du sondage par Yolande Baldeweck (accès abonnés)
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