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Les 200 sans-abris du camp Krimmeri ont deux jours pour quitter les lieux

Dans une ordonnance du 16 juillet, le juge des référés a ordonné l’évacuation du camp de sans-abris du square du Krimmeri, à la Meinau. Le camp avait déjà été évacué le 19 avril 2024.

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Camp krimmeri juillet 2024

Sans surprise, le camp de sans-abris installé dans le square du Krimmeri, à la Meinau, sera à nouveau évacué. L’ordonnance du juge des référés, datée du 16 juillet, affirme que le campement présente un « caractère très précaire, insalubre et dangereux » et pointe la présence d’au moins une cinquantaine d’enfants. Selon les associations, 200 personnes y dorment sous tente mi-juillet.

Déjà démantelé une première fois le 19 avril 2024 suite à une procédure judiciaire similaire, le camp Krimmeri s’est presque immédiatement reformé. La Ville de Strasbourg et l’Eurométropole, qui est propriétaire du square et doit veiller à y garantir la sécurité, a fait valoir son engagement pour recenser les occupants et transmettre son expertise à l’État. Ce dernier est théoriquement obligé par le code de l’action sociale de leur proposer une solution d’hébergement.

Deux jours pour partir

Dans son ordonnance, le juge des référés Claude Carrière estime que la vingtaine de personnes assignées devant son tribunal « ne justifient pas avoir tout mis en œuvre pour obtenir un hébergement d’urgence ».

Lors de l’audience mercredi 10 juillet, les avocats des occupants Me David Poinsignon et Me Sacha-Abraham Partouche ont plaidé sur le manque d’alternative pour les familles et souligné qu’il était vain d’évacuer le camp alors que ces personnes ne sauraient pas où aller. Mais pour la Ville, Me Olivier Maetz a estimé qu’il serait plus utile pour ces femmes, ces enfants et ces hommes d’attaquer l’État au tribunal pour l’obliger à respecter son obligation de les loger.

Mettant fin au débat, le juge des référés a rappelé qu’aucune « disposition légale ou règlementaire » ne prévoit « qu’une demande d’expulsion d’un occupant sans titre du domaine public par une autorité publique soit subordonnée au respect par ladite autorité publique de ses obligations en matière d’hébergement ». Allant dans le sens du conseil de la Ville, il précise qu’aucun sans-abri n’a « exercé les recours prévus pour faire valoir ses droits » à un hébergement d’urgence.

Enfin, le juge des référés a balayé l’argument selon lequel une expulsion nuirait à l’intérêt supérieur des enfants, comme ces derniers vivent déjà dehors dans de mauvaises conditions. Ce camp a pourtant tout de même l’avantage de se trouver à côté d’une antenne du Secours populaire.

Les occupants ont deux jours pour quitter les lieux de leur plein gré à partir du moment où l’ordonnance devient publique. S’ils restent, la Ville de Strasbourg pourra solliciter l’État pour avoir recours à la police ou la gendarmerie afin de les forcer à partir. Ils seront alors redirigés vers un dispositif d’examen de leurs situations administratives et, pour les plus chanceux, vers des hébergements pour quelques temps. D’autres risquent de se retrouver dans un centre visant à les pousser à retourner dans leur pays d’origine.


#campements

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