Avec douze députés sur quinze possibles, la soirée électorale a été excellente en Alsace pour « Ensemble ! », le nouveau nom de la coalition d’Emmanuel Macron. Bien meilleure que dans le reste de la France, puisque la majorité présidentielle n’a plus de majorité absolue en France. Elle ne laisse que des miettes à la Nupes et « Les Républicains », 2 sièges chacun.
En lice dans huit circonscriptions et avec des résultats meilleurs qu’escomptés en France, le RN, lui, ne remporte aucun second tour en Alsace.
« L’Alsace vote à contre-temps »
En 2017, au soir du second tour l’Alsace comptait neuf députés « Les Républicains » et six de la majorité présidentielle. Cette répartition s’était équilibrée en cours de mandat (sept Marcheurs et alliés et sept députés LR) avec le ralliement d’Olivier Becht et Antoine Berth à la majorité, via le parti de centre-droit Agir, ainsi que le départ de Martine Wonner de la majorité.
Alors qu’en France, la majorité présidentielle a perdu des députés, le rapport de force lui est désormais bien plus favorable en Alsace. « L’Alsace vote à contre-temps » observait le politologue strasbourgeois Philippe Breton au lendemain du premier tour. « En 2017, la droite résistait mieux qu’ailleurs en Alsace en pleine vague « En Marche », alors que cette année, quand la majorité présidentielle se replie sur le plan national, elle s’étend en Alsace ». Les stratèges locaux de La République en Marche peuvent donc se féliciter des positionnements successifs, localement et nationalement, qui visaient à réduire l’espace politique de la droite.
Dans le Haut-Rhin, un festin répartis entre quatre partis
Dans le Haut-Rhin, la moisson est excellente pour « Ensemble ! » avec 5 élus sur 6 possibles, mais répartis dans quatre partis différents : Horizons le parti d’Édouard Philippe ; Agir, un autre parti de centre-droit ; le Modem de François Bayrou ; et Renaissance, celui d’Emmanuel Macron.
Deux ans après son entrée au gouvernement, Brigitte Klinkert a réussi à « macroniser » Colmar, mais elle s’est imposée de justesse. Elle comptait plus de 4 700 voix d’avance au premier tour, et termine avec seulement 126 voix de plus qu’Yves Hemedinger (LR), député sortant, arrivé là à la faveur d’une élection partielle en 2020. L’aura de l’ancienne ministre déléguée à l’insertion, omniprésente en Alsace, semble s’étendre aux environs. Dans la circonscription dite du vignoble (Ribeauvillé, Kaysersberg, Rouffach) Hubert Ott du Modem l’emporte cette fois-ci face à Jacques Cattin (LR), à l’inverse de 2017.
À Mulhouse également, les deux sortants Olivier Becht (Agir) et Bruno Fuchs (Modem) sont largement réélus, face à la Nupes et au RN. Enfin dans le sud Alsace, Didier Lemaire (Horizons) est élu, avec une marge plus réduite (53,91%), face au RN. Une nouvelle tête dans la circonscription d’Altkirch après huit mandats et 34 ans du député Jean-Luc Reitzer (LR).
Forts de 5 sièges en 2017, « Les Républicains » n’en conservent qu’un seul, grâce au Centre-Alsace (Thann-Cernay-Ensisheim) et le sortant Raphaël Schellenberger, réélu pour un deuxième mandat avec 54,94% des voix face au RN.
Dans le Bas-Rhin, une hégémonie qui s’arrête à la métropole
Dans le Bas-Rhin, la Macronie remporte tous ses duels face au RN. C’est le cas à Haguenau pour le député sortant Vincent Thiébaut (Horizons) et trois nouvelles têtes à l’Assemblée nationale : les conseillers d’Alsace Stéphanie Kochert et Charles Sitzenstuhl, respectivement à Wissembourg et Sélestat, ainsi que Louise Morel, la plus jeune députée d’Alsace du haut de ses 26 ans, à Molsheim. Là où ils étaient en mesure de faire basculer ces confrontations, les électeurs de droite ont donc préféré la majorité présidentielle au RN.
Enfin dans le Kochersberg, Françoise Buffet s’impose largement et sans surprise (66,10%) face à Imane Lahmeur de la Nupes, dont la présence au second tour était déjà un exploit dans ce bastion de la droite en périphérie de Strasbourg.
Comme dans le Haut-Rhin, « Les Républicains » sauvent un seul siège, grâce à Patrick Hetzel à Saverne-Sarre Union. Le député sortant était opposé au RN.
La Macronie en repli à Strasbourg
À Strasbourg, Ensemble ! ne remporte qu’une circonscription sur trois, alors qu’elle les avait toutes raflées en 2017. L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale Sylvain Waserman (Modem) est battu par la Nupes, Alain Fontanel (Renaissance) n’est pas parvenu à inverser la dynamique écologiste du centre de Strasbourg, seul Bruno Studer (Renaissance) est réélu.
Ce résultat mitigé est un symbole de l’évolution de l’électorat macroniste en Alsace. En 2017, La République en Marche avait conquis des circonscriptions d’Alsace en s’appuyant sur les bons scores d’Emmanuel Macron dans les deux grandes villes, Strasbourg et Mulhouse, dont elle avait remporté toutes les circonscriptions. En 2022, c’est dans les deux circonscriptions les plus urbaines qu’elle est stoppée. L’hégémonie d’Ensemble ! s’arrête aussi dans deux circonscriptions sans grande ville, où « Les Républicains » sauvent leur existence en étant opposé au RN.
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