Est-il vraiment sain de laisser aux grandes entreprises du numérique le monopole de l’apprentissage de l’informatique ? Fin 2015, L’Éducation nationale a signé un partenariat de 13 millions d’euros avec Microsoft. Les écoles françaises ont pu s’équiper de matériel tournant sous Windows, le système d’exploitation de Microsoft.
Résultat pour Microsoft, les enfants apprennent à utiliser un ordinateur… sous Windows et se créent des habitudes mentales dès le plus jeune âge. Pour les organisateurs des Rencontres mondiales du logiciel libre (RMLL), cette stratégie est une « fabrique de la dépendance ». La lutte contre cette logique est au programme de la 18eme édition de la manifestation, qui prévoit de rassemble plus de 5 000 personnes à l’Université de Strasbourg et au Shadok du 7 au 12 juillet.
Harmonie Vo Viet Anh, juriste spécialisé dans le logiciel libre et membre du comité d’organisation de l’évènement, explique comment les entreprises sont confrontées au même problème :
« Faire le choix d’un logiciel propriétaire, cela peut vous transformer en esclave. L’exemple le plus criant, c’est celui de Photoshop, développé par Adobe. Auparavant, l’entreprise vendait le logiciel, mais brutalement, elle a décidé de seulement le louer via un système de licence. Ça a couté très cher aux entreprises, mais elles étaient dépendantes du logiciel, et elles n’ont rien pu faire sinon payer. »
La manifestation veut montrer que les logiciels libres permettent d’éviter l’enfermement dans des systèmes propriétaires qui échappent au final aux entreprises, aux associations ou aux institutions qui les utilisent. Pour cela, les RMLL ont notamment convié la chercheuse en science de l’éducation Bibiana Boccolini. Elle a notamment étudié les programmes d’éducation au numérique en Argentine et en tire la conclusion que l’utilisation des logiciels libres permettent de rendre les élèves moins passifs et plus polyvalents.
Des lycéens de l’association Elkerio présenteront les résultats d’une expérience qui a consisté à se passer des services de Google sur leurs téléphones mobiles.
120 événements sur 5 jours
Une bonne partie des quelques 120 événements seront donc dédiés à l’accompagnement des structures pour qu’elles s’équipent de logiciels libres plutôt que de produits issus de Google, Apple ou Microsoft. Les rencontres sont souvent destinés à un public averti, impliqué, mais les RMLL proposent des rendez-vous destinés au grand public : ils sont labellisés en « débutant » sur le programme en ligne des RMLL et il y a aussi des « performances » en soirées.
Et puis il y a le « hackerspace », installé au premier étage du Shadok et qui veut être « un lieu d’échange et de création numérique autour des logiciels libres. » L’objectif est de permettre à toute personne intéressée de poser ses questions, y compris très pratiques, à des spécialistes afin éventuellement d’initier une démarche de conversion aux logiciels libres ou simplement de découvrir l’étendue et les possibilités de ces outils.
Les organisateurs sont bien conscients que les logiciels libres n’ont pas la capacité de se faire connaître autant que les logiciels propriétaires, qui bénéficient d’intenses campagnes de publicité. L’enjeu des RMLL est donc de rappeler que choisir ses outils est également un choix de politique d’entreprise, voire de société. L’accès aux conférences et tables rondes des RMLL est libre et gratuit.
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