Plus de cinquante personnes occupent une partie du Shadok depuis la soirée du mardi 17 décembre, suite à la mobilisation contre la réforme des retraites. Le but des occupants est d’en faire une « maison du peuple, de la grève, et plus généralement, de lutte contre le capitalisme et toutes les formes d’oppression et de domination. »
Une militante explique pourquoi le Shadok a été ciblé :
« On est sur la presqu’île André Malraux, en plein milieu du nouveau quartier vitrine de Strasbourg. Evidemment, sur le papier, le projet du Shadok est beau, mais ça n’est que la façade. La quasi-totalité des salariés sont en burnout et en perte de sens, victimes des techniques de néomanagement. La Ville fait tout pour prétendre que ce type de projet va dans « le bon sens ». C’est une forme de washing, derrière laquelle se trouve une logique capitaliste dangereuse, dans laquelle seules les personnes les plus privilégiées trouvent leur place. Ce quartier est globalement dédié à une fonction marchande ou à des loisirs destinés à des personnes qui ont de l’argent. Il y a très peu de mixité sociale, et il arrive que des personnes qui viennent de quartiers plus populaires soient chassées de lieux comme le Rivetoile ou la médiathèque. »
Une grande partie du Shadok est inutilisée
Inauguré en 2015, Le Shadok est la « Fabrique du numérique » de la Ville de Strasbourg. C’est un lieu où doivent se croiser des start-ups et des associations des « industries créatives ». Il a servi à accueillir de nombreux événements en collaboration avec des associations comme Horizome ou le Festival du film fantastique. Rue89 Strasbourg y organise des soirées, comme le cycle de rencontres « Tous connectés et après ?« . Le Shadok accueille aussi un espace de coworking avec des bureaux qui sont loués à des studios de jeu-vidéo, des youtubers ou encore une école de musique électronique.
Mais depuis la rentrée, une partie des espaces ne sont guère utilisés. L’ensemble du Shadok est fermé depuis le 16 décembre et jusqu’au 28 janvier 2020. « Presque plus rien ne se passe ici. Au final, le projet sert d’argument de campagne à Alain Fontanel (candidat LREM aux élections municipales et porteur du Shadok en tant qu’adjoint à la Culture), qui représente le macronisme à Strasbourg » explique un autre militant, avant d’ajouter :
« Nous voulons en faire un QG des luttes, en premier lieu celle contre la réforme des retraites, mais aussi un lieu culturel, et c’est à discuter mais potentiellement un dortoir pour des personnes qui dorment dehors. Il y a énormément d’espace inoccupé, et même une douche et une cuisine. »
Autour d’un repas, dés la première soirée, les occupants et occupantes ont commencé à imaginer le fonctionnement de la Zadok. Ils ont discuté des modalités de prise de décision, des règles de vie ou encore des futurs projets envisageables en ce lieu. La moitié de la cinquantaine d’occupants a dormi sur place. Une Assemblée générale est prévue à 20h mercredi 18 décembre.
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