Pour éviter un conflit, il vaut mieux discuter avant. Les salariés du secteur de la prévention connaissent ça par coeur, aussi, ce n’est guère étonnant de les voir se mobiliser dès aujourd’hui pour tenter de contrer des plans d’économies prévus pour 2014. Car le 10 décembre 2012, le Conseil général du Bas-Rhin, qui finance l’essentiel des associations de prévention dans le département en y consacrant quelques 5 millions d’euros, a adopté une motion selon laquelle son effort se réduira de moitié :
« Les associations de prévention spécialisée sont agréées par le Conseil Général et, au titre de l’aide sociale à l’enfance, elles sont tarifées par le Département. Mais la prévention spécialisée reste un dispositif facultatif de l’aide sociale à l’enfance et le Département n’a pas vocation d’en assurer seul le financement. La prévention spécialisée, par ses modalités d’intervention, contribue aux actions des politiques d’animation urbaine et de prévention de la délinquance sous responsabilité communale. A partir de 2014, il sera demandé aux communes de contribuer à parité avec le Conseil Général au financement des postes des associations de prévention spécialisée. Cette mesure représente une recette de l’ordre de 2,5M€ à compter de 2014 ».
Les communes appelées à la rescousse
Voilà qui a sérieusement inquiété les professionnels du secteur. Car si le Conseil général souhaite impliquer les communes dans la lutte contre la délinquance, surtout dans les quartiers péri-urbains, ces dernières n’ont pas répondu présentes. Après plusieurs réunions, une quarantaine de salariés d’associations de prévention spécialisée, sur environ la centaine que compte le département, a décidé de se constituer en collectif, le Collectif des salariés de la prévention spécialisée (CSPS) et d’écrire au président du Conseil général, Guy-Dominique Kennel :
« Les différents rapports d’évaluation ont toujours montré que les éducatrices et éducateurs de prévention spécialisée savent adapter leur action aux besoins, réalités et évolutions des quartiers et de ses habitantes et habitants. Nos spécificités : disponibilité, proximité et immersion dans les territoires sont au cœur de cette capacité. Le seul fait d’envisager de réduire dans de telles proportions les budgets alloués laisse pourtant clairement planer le doute sur l’intérêt porté par le Conseil Général à notre action. »
Leur lettre est restée sans réponse à ce jour. Chargé de ce dossier, le conseiller général et maire de Schirmeck Frédéric Bierry a rencontré des responsables de structures mais le moins que l’on puisse dire est qu’il ne les a pas rassurés pour l’instant. Marc Moser est le directeur de la Jeep (Jeunes équipes d’éducation populaire), l’une des plus importantes association bas-rhinoise :
« Que le Conseil général veuille associer les communes, c’est compréhensible et on n’est pas contre. On peut aussi comprendre que les budgets se contraignent, par exemple de 6% mais pas de 50% ! Jeep a 35 salariés et sur nos 1,8 M€ de budget, 1,5 proviennent du Conseil général. »
Cette décision du Conseil général intervient dans un contexte de relations tendues entre le Conseil général et la Ville de Strasbourg. La manoeuvre chercher à inciter la CUS, et aussi la ville de Haguenau, à passer à la caisse pour financer des politiques dont les actions se déroulent en grande majorité dans leurs quartiers urbains.
Chargement des commentaires…