Thibault Manteaux, 31 ans, milite au Front National depuis début 2015. Au soir du second tour, le responsable de la campagne sur la 4ème circonscription du Bas-Rhin pense déjà aux élections législatives. Le militant explique que, même si ce soir il est déçu que Marine Le Pen ne soit pas présidente de la République, il reste fier d’un score qu’il qualifie d’ »historique », un « tremplin efficace » pense-t-il pour les élections législatives des 11 et 18 juin.
Une alliance de « patriotes avérés »
Il explique que, désormais, le jeu politique en France va se découper entre deux camps « les mondialistes avec le mouvement En Marche et d’un autre côté les patriotes. » Une déclaration qui, presque mot pour mot, reprend celle de la candidate quelques minutes auparavant :
« Ce score de 35% va légitimer Marine Le Pen pour prendre la tête d’une grande coalition : une alliance nationale, républicaine et patriote. Pour les législatives, c’est un second combat qui commence pour imposer une large majorité de députés patriotes à l’assemblée nationale. »
Ils attendent des élus « de tous bords, à partir du moment où le patriotisme est avéré ». Issus de gauche ou de droite, peu importe, le Front National compte rassembler et ratisser large pour les législatives. Il précise quand même que si un accord se fait, ce sera sur la base du programme du Front National et au niveau national.
« Si Fillon n’avait pas eu toutes ces affaires, il aurait aussi pu être un bon président »
Daniel, 59 ans, compte plutôt sur les militants et les élus des Républicains. Militant au Front National depuis des années, il explique se sentir plus proche de la droite et espère les voir rallier le Front National pour les législatives :
« Si Fillon n’avait pas eu toutes ces affaires, il aurait aussi pu être un bon président. Les militants de droite sont proches de nous sur de nombreux points, d’ailleurs beaucoup d’entre eux nous ont déjà rejoints pour le second tour. »
En effet, dimanche 7 Mai, la salle du restaurant Aux Saveurs de l’Est comptait aussi quelques militants Les Républicains. Une d’elles assure, gênée, n’être venue que pour « voir comment ça se passe ici. »
Cependant, si on en croit l’élue frontiste Julia Abraham, à Strasbourg, les porosités entre militants de droite et d’extrême droite sont nombreuses et elle assure que plusieurs militants LR sont présents à la soirée du FN au soir du second tour. Quelques minutes avant l’annonce des résultats, elle explique d’ailleurs que le report de voix d’une grande partie des militants LR se fera pour sa candidate. Malgré les appels du pied de la candidate et de certains élus locaux du Front National, l’idée d’une future alliance « patriotique » pour les législatives semble encore loin.
Les élus Les Républicains sourds aux appels du Front National
Au niveau national, Les Républicains ont été clairs, pas d’alliance aux législatives ni avec le FN ni avec En Marche. Le sénateur-maire de Troyes, François Baroin, en charge de la campagne législative a d’ailleurs averti que tout rapprochement vers l’un des deux mouvements mènerait automatiquement à une exclusion du parti.
Bien qu’il semblerait y avoir une fuite de certains militants LR vers le FN, localement, les ténors du parti respectent la ligne dictée par le parti. Le président de la région Grand Est, Philippe Richert (LR) et le président du conseil départemental du Bas-Rhin, Frédéric Bierry (LR) félicitent tous deux Emmanuel Macron, à demi-mots, avant de se projeter dans les prochaines échéances. Pour Philippe Richert (LR), l’alliance se fera, mais avec le centre:
« Pour la Droite et le Centre, il faut désormais se concentrer sur les élections législatives, qui sont celles de tous les possibles, et où il nous faut porter, devant nos concitoyens un projet qui réponde aux défis nombreux qui se posent à la France. C’est en étant unis et cohérents qu’une majorité parlementaire de droite et du centre pourra se constituer pour conduire les réformes attendues. »
Enfin, même du côté de Debout la France et malgré le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen, l’alliance pour les législatives sera difficile. L’ancien candidat au poste de premier ministre l’assure, il y aura des candidats Debout la France dans toutes les circonscriptions :
« Debout la France restera indépendant, je présenterai des candidats dans toutes les circonscriptions de France aux législatives car je pense aux millions de Français qui ont voté pour Marine Le Pen ou qui se sont abstenus ou qui ont voté blanc et qui ne veulent pas pour autant aller au Front national. »
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