À La Lanterne, en plein centre de Strasbourg, Camille m’accueille avec sourire. « On est fermé, tu le vois en exclusivité ! » Tout est propre, bien rangé, ça sent encore la peinture fraîche. Sur son ordinateur, elle me montre les photos du bar en mode avant/après. Pas de doute, il y a du travail qui a été fait pendant l’été. L’endroit est plus moderne et plus chic qu’avant :
« Ça faisait des années que la déco de La Lanterne n’avait pas été changée. Elle était un peu restée dans son jus quoi. Alors Marc, le patron, a fait appel à moi en tant que directrice artistique pour refaire l’identité visuelle du bar mais aussi créer des événements, gérer la communication et tout ce qui va avec. »
La Lanterne, c’est une affaire de famille. Avant d’être à Marc, la microbrasserie et le bar étaient à son père. Devenu propriétaire des lieux, et pour marquer le vingtième anniversaire, Marc a décidé de réaliser de gros travaux et il a laissé carte blanche à la dynamique Camille :
« J’ai décidé de moderniser La Lanterne mais sans en faire un lieu aseptisé. J’ai voulu montrer que c’est un bar qui a du vécu, qui a une âme. Tu le vois aux matériaux que j’ai utilisé, avec cette dominance du cuivre, l’utilisation des fûts de bière en guise de lavabo dans les toilettes… J’ai aussi beaucoup chiné, les chaises viennent d’Emmaüs par exemple. Et puis surtout, j’ai souhaité mettre en avant le côté microbrasserie qui est clairement un plus pour La Lanterne.
On parle beaucoup des microbrasseries strasbourgeoises ou d’ailleurs, ça s’est énormément développé ces dernières années, mais j’ai l’impression qu’on est passé complètement à côté de La Lanterne. J’ai vraiment envie de rappeler qu’on est spécialiste de la bière, que c’est notre credo. »
Refaire de La Lanterne une institution de la vie nocturne
Il y a dix ans, La Lanterne, c’était clairement the place to be. Le bar était toujours bondé, un repère où t’es sûr de toujours croiser quelqu’un que tu connais. Camille s’en rappelle :
« J’ai découvert la Lanterne quand j’étais étudiante, il y a une bonne grosse dizaine d’années. À l’époque, on y allait tout le temps avec les potes pour boire des bières, parce qu’on savait qu’elles étaient artisanales et pas chères. Et il y avait des barmen super cool, comme Rob. Beaucoup de gens y ont fait leurs armes… et leurs foies ! C’était vraiment une institution de la vie strasbourgeoise.
Mais ça s’est un peu perdu. Bien sûr, La Lanterne marchait encore bien mais ce n’était plus comme avant. Beaucoup de nouveaux bars ont ouverts, des concepts ont fleuri un peu partout dans la ville et La Lanterne n’a pas su prendre le tournant.
C’est aussi pour ça qu’on fait une refonte. On aimerait vraiment remettre La Lanterne au centre de la vie strasbourgeoise. On souhaite en faire un endroit chaleureux et festif. Un lieu à taille humaine, avec un côté bar de quartier qui a un peu disparu de Strasbourg ces derniers temps. On pourra y faire la fête le soir mais aussi bien y manger le midi. »
OKLM façon bierstub
La cuisine qui était encore en travaux quand je suis passée à la mi-août est une nouveauté. Elle prend place dans l’ancienne salle fumeur. À l’époque, La Lanterne n’était pas ouverte le midi et ne faisait que des tartes flambées et des planchettes le soir. Les nouveaux horaires et cette restauration sont une idée de Marc et de Camille :
« Les plats qu’on va proposer vont correspondre à La Lanterne. Ce sera une restauration de type bierstub. On est aussi en train de travailler pour proposer des accords mets-bière tout en utilisant des produits frais et locaux. L’idée est de pouvoir manger bien et pas cher. On veut attirer un public large, les amateurs de bières artisanales, de bonne bouffe et d’endroits authentiques !
Pour ce qui est des bières, on va bien sûr servir les nôtres, ce qui est quand même bien cool ! On ne brasse plus directement dans ces locaux pour des questions de normes, on les fait à l’extérieur. Mais on espère pouvoir brasser à nouveau ici à l’avenir, ce sera une prochaine étape !
Et puis on va aussi proposer des bières artisanales originales qui viennent des quatre coins du globes. J’ai déjà commencé à tester quelques goûts, comme une bière au pinot noir, c’était assez spécial ! Et puis on pourra toujours commander des cocktails, de l’alcool fort, du vin… On ne fera pas que de la bière. »
Jam session et stand-up
La Lanterne aimerait aussi renouer avec la musique. Ça ne t’aura sûrement pas échappé, entre le vieux logo avec une manche de guitare et le nom des bières comme la Fender, on sent que le bar a été créé par des fans de rock ! À l’époque, ils organisaient des jams chaque semaine et même quelques concerts. Aujourd’hui le bar, tant par manque de place qu’en raison des problèmes induits par les nuisances sonores, ne peut pas se permettre de s’ouvrir à des groupes, sauf pour de petits concerts acoustiques. Ainsi va Strasbourg…
Camille et Marc ne veulent pourtant pas se contenter de passer de bons disques dans le bar … Ce qui est pourtant déjà pas mal, en tous cas pour moi ça compte beaucoup dans le choix des lieux où je vais ou non traîner ma vieille carcasse. Le patron et la directrice artistique veulent aussi renouer avec des spectacles live en organisant des scènes ouvertes de type jam ou stand-up :
« Franchement, avec tous les travaux, je n’ai pas encore eu l’occasion de m’en occuper mais je vais commencer à m’y mettre dans les prochains jours. Je vais contacter des associations notamment. C’est un projet qui nous tient vraiment à cœur. On aimerait que les gens puissent venir et jouer ou raconter des blagues et que ce soit un truc à la cool, pour le fun. On participe aussi à des événements comme le festival Stras’Bulles ou Strasbourg Mon Amour. Et puis on avait organisé un tournoi de beer pong spécial Halloween qui avait bien marché l’an dernier, on aimerait le refaire. »
Un gros week-end pour les 20 ans
Une chose après l’autre pour Camille qui, après avoir travaillé au Wawa Bar, se voit confier pour la première fois un aussi gros challenge :
« Bien sûr, c’est beaucoup de travail ! Et puis pas mal d’huile de coude aussi. On n’était souvent que deux pendant l’été pour faire le gros des travaux alors tu imagines… Mais je suis vraiment fière du résultat ! Et puis ce n’est pas rien de m’occuper de La Lanterne. Si tu m’avais dit quand j’avais 18 ans que j’allais refaire le bar où je traînais le plus à l’époque ! Il y a un petit côté sentimental, je ne vais pas le nier… J’espère que j’ai su respecter l’ambiance propre à La Lanterne justement parce que je la connais bien. Je ne suis pas quelqu’un d’extérieur qui a débarqué en voulant coller des idées qui ne correspondent pas au bar. En plus, j’y ai déjà travaillé comme serveuse alors je savais très concrètement quelles étaient les choses à améliorer. »
C’est également elle qui organise avec Marc un week-end festif les 5 et 6 octobre afin de marquer l’anniversaire du bar, parce que 20 ans, ça mérite une sacrée fête, et sa refonte. Ce sera l’occasion de découvrir la nouvelle carte avec des cocktails de bières originaux et puis d’autres surprises. Il y aura notamment vendredi les concerts de Cash Poney Club à 20h, Dirty Deep à 21h30 puis Vladimir Spoutnik de 23h à 3h du matin.
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