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Le Racing normalise ses relations avec les supporters

Samedi 11 aout, le Racing Club de Strasbourg débutait sa saison de CFA par une victoire 2 à 0 sur Raon l’Étape mais les tribunes de la Meinau étaient bien moins garnies qu’au démarrage de la saison passée. Où sont passés les supporters ? Ils sont toujours là mais leur relation avec le club va évoluer : d’une collaboration très étroite lors de l’exercice précédent, la nouvelle direction du club veut revenir à une relation plus classique.

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Le Racing normalise ses relations avec les supporters

Le quart de virage nord ouest, où se réunissent les supporters des UB90 et du KCB (Photo KCB)

Samedi 11 août, premier match de la saison 2012-2013 du Racing Club de Strasbourg. Les gradins de la Meinau ont accueilli un peu moins de 5 000 personnes. Lors du démarrage de la saison l’an dernier, pourtant à l’échelon inférieur, l’affluence était presque double. Que s’est-il passé ? Désamour entre les supporters et leur club ? Tarifs trop élevés pour le niveau amateur ? Les raisons sont multiples.

Une fidélité qui ne se dément pas

Comme lors de chaque inter-saison depuis quelques années, il y a eu du remue-ménage dans les coulisses du Racing. Pour ceux qui ont raté quelques épisodes, Frédéric Sitterlé, qui était considéré comme le sauveur du club en début de saison dernière, a été remplacé par Marc Keller au poste de président en juin. Ce dernier a réuni autour de lui un pool d’investisseurs pour reprendre le club. Il a ensuite dû convaincre la DNCG, l’institution de contrôle financière du football français, de la viabilité économique de son projet. Le 3 juillet, la montée sportive de CFA en CFA2 a été validée par cette instance.

Confrontés à de sempiternels vacillements à la tête de leur club, les passionnés du Racing auraient pu manifester un certain ras-le-bol et ne pas se déplacer. Mais lors du match contre Raon L’étape, 5 000 spectateurs, tout de même, ont répondu présents, ce qui laisse penser que le noyau dur du public est toujours là. Et d’ailleurs, le Racing Club de Strasbourg continue de rassembler beaucoup plus de monde que les autres clubs de sa catégorie : le même week-end, ils étaient 500 à Mulhouse, 700 à Sarre-Union et un peu plus de 2 000 à Colmar qui évolue une division au dessus du RCS. Le poids historique du club strasbourgeois dans la région existe donc toujours, malgré sa chute dans les abîmes du football amateur.

Les supporters pensent que le public devrait augmenter au fil de la saison. Ces spécialistes des tribunes strasbourgeoises savent bien que le mois d’août n’est pas propice à des ambiances mémorables. Ils rappellent que le premier match de la saison précédente avait eu lieu en septembre. Pour Jean-Marie Blum, président du Club Central des Supporters (CCS), la participation de départ est encourageante  :

« Je trouve que 5 000 spectateurs, c’est un chiffre très honorable. Beaucoup de monde étaient en congés. On a reçu des appels de personnes qui souhaitaient s’abonner à leur retour de vacances. »

Des abonnements moins généreux

La saison passée, « les affluences étaient gonflées par une politique tarifaire particulièrement avantageuse », pointent de nombreux supporters. Outre des offres spéciales à l’occasion de certains matchs, Frédéric Sitterlé avait mis en place la formule « un abonnement acheté = une place à offrir à chaque match ». Il s’agissait, pour l’ancien président, de maintenir un engouement autour d’un club rétrogradé au deuxième échelon amateur et de ne pas se retrouver avec un stade désert.

Le maintien d’un taux de remplissage du stade ne semble plus être la préoccupation première de la nouvelle équipe dirigeante. Les tarifs d’abonnement sont identiques à ceux de l’année passée (pour les non-membres d’associations de supporters : 79€ contre 80€) mais la possibilité d’inviter une personne à chaque match a disparu. Cette année, un abonné n’a le droit qu’à trois places gratuites pour toute la saison.

Pour Marc Keller, ces nouveaux tarifs ne compromettront pas l’engouement autour du club :

« J’ai regardé les affluences des matchs de National : aucun club à ce niveau ne fait mieux que le Racing. L’offre de l’année dernière, c’était bien, il y a eu beaucoup de monde pour certains matchs. Nous essayons d’avoir des gens au stade mais aussi de l’argent qui entre. C’est nécessaire pour le club. Précisons que l’arrêt de la formule ne grève pas le nombre d’abonnements vendus : on est déjà à 1 800 contre 1 350 la saison passée. Et nos tarifs restent largement abordables. L’abonnement à 79€, cela fait 4,60€ le match. Regardez à Colmar, qui joue certes en National, l’abonnement coûte 150€. On fait un véritable effort pour offrir des tarifs compétitifs. On a également discuté avec l’Alsacienne de restauration pour proposer des prix plus intéressants aux supporters qui veulent manger sur place. Dès le premier match, il y avait une formule « sandwich saucisse blanche plus boisson » à 5€ contre 7€ avant. Je tiens à tout cela. En revanche, si on devait monter en National, le prix des abonnements augmenterait un peu, c’est normal. »

Les associations de supporters toutes derrière le club

Cette nouvelle politique tarifaire est loin de provoquer la colère des membres d’associations de supporters. Jean-Marie Blum (CCS) considère que les prix sont justes :

« Pour la majorité des supporters, investir soixante euros dans un abonnement à l’année pour leur club favori est tout à fait supportable. »

D’après Mélanie, responsable des déplacements au Kop Ciel et Blanc (KCB) :

«C’est vrai qu’on pouvait amener de nouvelles personnes avec les invitations de l’ancien système. Mais c’est tout de même une bonne chose d’avoir mis fin à cette formule. Les supporters sont aussi là pour mettre de l’argent dans un club. Un vrai supporter ne se contente pas de places gratuites. Je ne me vois pas comme une cliente du Racing, quand je paie, c’est plus pour soutenir mon club que voir un spectacle.»

Du côté des Ultra Boys 90, Étienne, explique que l’association avait même donné des consignes pour éviter tout abus dans l’usage de la formule :

« On est partisans de l’abonnement. La saison dernière, on avait clairement fait passer le message au sein de l’association qu’il ne devait pas y avoir de personnes qui profitent des places gratuites. Tout le monde devait s’abonner, c’était une marque de fidélité au club. Cette formule était intéressante, justement, si tout le monde jouait le jeu. Après, il faut être honnête, sans ces offres il sera très difficile de connaître des pics d’affluence comme contre Vesoul l’année dernière. On ne sait pas combien nous étions exactement ce jour-là, les stadiers avaient dû ouvrir les grilles en raison des queues trop longues. Peut-être aux alentours de 14 000 spectateurs. »

En revanche, la Fédération des Supporters a été gênée par la tarification mise en place. Le Racing propose une réduction de dix euros pour les membres d’associations de supporters. La direction souhaite par là inciter les spectateurs à s’engager dans des associations. Maxime Weil, membre du comité de la Fédération des Supporters, craint que ceci « provoque l’adhésion de personnes qui n’ont aucun intérêt pour la vie associative ». Le Club Central des Supporters, le KCB et les UB90 considèrent de leur côté cette réduction comme un encouragement.

Maxime regrette également qu’il n’y ait pas de remise pour les réabonnements, comme cela se faisait à l’accoutumée. Mais l’humeur est plus à l’optimisme et à la confiance qu’à la révolte. Il espère que cette réduction pour les anciens abonnés sera réinstaurée dès l’année prochaine, ce que nous a confirmé Marc Keller.

Un bénévolat moins stimulé

Frédéric Sitterlé s’était beaucoup reposé sur l’activité de bénévoles pour faire vivre le club. Les initiatives n’ont pas manqué. La Fédération des Supporters a participé, entre autres, à la promotion de certains matchs et à l’entretien du stade. Deux fans, Karim et Laurent, ont réalisé des vidéos des matchs de championnat. Frédéric Sitterlé les a laissés faire, leur facilitant même l’accès à la tribune presse. Laurent explique que cette époque est révolue :

« La nouvelle équipe ne souhaite pas que l’on montre trop de choses, au risque de favoriser nos adversaires. Ils ne nous interdisent rien, mais ils ne nous aideront pas plus que ça, et ne feront pas notre « promotion » sur les outils de communication du club. Marc Keller ne semble pas vouloir faire fortement appel au bénévolat au RCS, il faudra s’y faire. Sitterlé, malgré ses multiples défauts, nous laissait faire car on était motivés, bénévoles et innovants. Marc Keller apporte un carnet d’adresses de professionnels. S’il a besoin de quelque chose, il sait où chercher et combien ça peut coûter. »

Marc Keller ne dément pas ce changement d’orientation :

« J’ai rencontré mi-juin, dès ma prise de fonction, la Fédération des Supporters ainsi que les autres associations. Nous somme tous liés par un seul et même objectif : le retour du Racing dans le monde professionnel. Le club restera proche de ces groupes et collaborera ponctuellement avec eux, comme le 26 août lors de la journée des supporters. Mais c’est le club qui a la charge de l’organisation de tout ce qui concerne le Racing, et qui l’assumera. »

Si des regrets sont parfois exprimés, les associations de supporters ne sont globalement pas mécontentes de retrouver une séparation des rôles. Elles pourront investir toute leur énergie dans des activités plus classiques : le KCB et les UB90 continueront à chanter dans le quart de virage nord-ouest et lors des déplacements. La Fédération des Supporters organisera des soirées spéciales pour se retrouver entre passionnés, comme jeudi 16 août à l’occasion d’une rencontre avec Marc Keller.


#Racing Club de Strasbourg Alsace

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