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Le président de la République demande la dissolution du Bastion Social

Dans la soirée du 20 février, le président de la République a annoncé la dissolution du groupuscule identitaire Bastion Social. Cette mesure, annoncée devant le Conseil représentatif des instances juives de France, vise trois associations qui « promeuvent la haine ou appellent à l’action violente. »

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Le président de la République demande la dissolution du Bastion Social

Le Bastion Social sera bientôt dissout. Dans la soirée du 20 février, le Président de la République a annoncé cette mesure devant le Conseil représentatif des instances juives de France (Crif). Emmanuel Macron se devait de réagir face à la croissance des actes antisémites sur le sol français : + 74% pour l’année 2018, selon le ministère de l’Intérieur. Suite à l’indignation provoquée par l’agression verbale du philosophe Alain Finkielkraut et la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, le chef de l’Etat a souhaité renforcer la lutte contre les groupuscules identitaires :

« J’ai aussi demandé au ministre de l’Intérieur d’engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente : Bastion Social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18 pour commencer. »

A gauche, Steven Bissuel, ex-président du Bastion Social et condamné l’été dernier pour incitation à la haine raciale. A droite, Valentin Linder, actuel président du groupuscule identitaire. (Capture écran)

Des manifestations l’année dernière : en vain

Le groupuscule identitaire Bastion Social a pris ses quartiers à Strasbourg en décembre 2017. Une vive émotion a alors parcouru la capitale européenne. Jamais le rejet de l’autre, du non-blanc extra-européen, ne s’était affiché ici de façon aussi décomplexé. À trois reprises, des centaines de Strasbourgeois ont manifesté pour la fermeture du bar identitaire L’Arcadia. En vain.

En avril dernier, le député de la majorité Thierry Michels a plaidé pour la dissolution du groupuscule à l’Assemblée nationale.  Le ministère de l’Intérieur avait alors rejeté la possibilité d’un décret en conseil des ministres. Moins d’un an plus tard, c’est la solution proposée par le Président de la République…

Un groupuscule violent, d’emblée

Dès l’inauguration du bar identitaire, le trésorier du groupuscule était impliqué dans une agression à caractère raciste. Quelques mois plus tard, des militants identitaires rouaient de coups quatre jeunes étudiants. Leur tort ? Ils venaient d’arracher des affiches prônant la préférence nationale. L’ultradroite locale avait assumé ces violences dans un communiqué invoquant la légitime défense.

Plus récemment, ces adeptes du nationalisme-révolutionnaire ont surfé sur la vague des Gilets jaunes. Le 12 janvier dernier, plusieurs membres du Bastion Social entretiennent le face à face avec les forces de l’ordre. Trois jours plus tôt, un militant du groupuscule était condamné à quatre mois de prison avec sursis pour « entente en vue de commettre des violences ou des dégradations. »

Un bastion de l’antisémitisme

L’accointance du Bastion Social avec l’antisémitisme ne fait aucun doute. Son ex-président, Steven Bissuel, a été condamné incitation à la haine raciale en août 2018. Le jour du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, le Lyonnais écrit sur Facebook : « Joyeux anniversaire Auschwitz. 70 ans de business ça commence à faire. » Lors d’une perquisition à son domicile, la police trouve des cartes postales à l’effigie d’Adolf Hitler, de la Wehrmacht, et des chants à la gloire de la Panzerdivision.

L’été dernier, le Bastion Social a tenu sa première université d’été. Les participants portaient tous un T-Shirt vert à l’effigie de François Duprat. L’ancien numéro 2 du Front National est connu pour ses thèses négationnistes. Il a oeuvré à la diffusion d’ouvrages à la gloire du nazisme et d’une brochure intitulée « Six millions de morts, le sont-ils réellement ? »

Un antisémitisme en recrudescence en Alsace

Pendant un an, le nationalisme et ses penchants xénophobes avaient un local au calme à Strasbourg. Au cours de cette période, plus d’une dizaine d’actes antisémites ont été commis sur le sol alsacien, contre trois l’année précédente. Lors de l’Acte 12 des Gilets jaunes, des manifestants ont proféré des insultes à l’encontre de membres de la communauté juive.

À plusieurs reprises, des militants antifascistes ont attaqué la vitrine du local identitaire. Ces dégradations ont poussé le propriétaire des lieux à mettre fin au bail du groupuscule, fin 2018. Depuis le 17 février, les membres du Bastion Social strasbourgeois occupent illégalement une maison alsacienne dans la commune d’Entzheim.


#Bastion Social

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