Du 2 au 26 mars, l’univers de Marcel Marceau, né à Strasbourg et qui a fait du mime une discipline reconnue mondialement, revit le temps d’une exposition dans la grande salle de l’Aubette, place Kléber à Strasbourg. « Le pouvoir du geste » propose des documents auquel le public n’a jamais eu accès, comme des photographies d’exercices, des archives personnelles, mais aussi les costumes les plus célèbres que l’artiste a utilisé durant ses tournées internationales.
D’Étienne Decroux à Michael Jackson, vers un langage universel
Marcel Marceau débute sa carrière professionnelle dès 1946 tandis qu’il quitte Strasbourg pour se rendre dans le cours d’Étienne Decroux, son maître. Il est alors âgé de 23 ans et s’apprête à révolutionner le mime en inventant un nouveau langage, basé sur la maîtrise du corps et des émotions. Grâce à Decroux, il apprendra les gammes du métier, mais aussi à alimenter son jeu par un vocabulaire corporel précis et étudié.
La révolution Marceau, c’est d’amener l’imaginaire au langage corporel, d’allier rigidité de la technique et liberté de la poésie. Mais c’est aussi et surtout d’intéresser le grand public à une discipline artistique qui est généralement cantonnée au cinéma muet et comique.
Un travail inspiré par Keaton ou encore Chaplin, que Marceau rencontrera en 1967 et dont témoignent de nombreux documents inédits qui constituent cette exposition et attestent de l’influence de Marceau sur des artistes aux tendances variées. Photographies de répétitions ou avec des stars de la chanson, lettres et notes de cours, costumes et affiches de tournées mondiales sont autant de documents précieux et inédits qui nourrissent cette exposition.
Un langage apatride, universel et poétique
Du costume de Pierrot aux premiers chapeaux du personnage de BIP, « Le pouvoir du geste » promène le spectateur habilement entre témoignages de la vie de Marceau, qui cumulait 300 représentations par an, et prémisses d’une réflexion sur le corps et la communication non verbale.
Pour Marceau, « mimer ne signifie pas nier la parole », mais trouver d’autres modes d’expression dramatique. En inventant la marche sur place avec Jean-Louis Barrault, il confère au mime une dimension qui dépassera largement l’univers comique du cinéma muet. Le geste sert un discours du corps entier, qui n’est plus centré sur les mains ou les expressions du visage.
C’est ce jeu de scène, doublé de la volonté de traduire des émotions par le geste qui rassembleront Marceau et Michael Jackson, notamment autour du Moonwalk et de la marche sur place qu’ils s’enseigneront mutuellement.
Outre les documents photographiques et les costumes, qui sont autant de témoignages de la vie de cet artiste, « Le pouvoir du geste » est aussi une initiation à ce monde silencieux qui dit tout et propose d’apprendre les bases du mime et de la communication non verbale grâce à des schémas explicatifs et ludiques.
Une exposition qui fera du bruit, espère-t-on, tant elle est complète par la variété de ses documents. Mais elle aussi et surtout un moyen ludique d’en apprendre plus sur la vie de l’homme qui aura su démocratiser le mime et attirer le grand public vers un art méconnu. Discipline qu’il a révolutionné au point d’inspirer encore aujourd’hui le jeu scénique d’artistes comme Stromae ou Christine and the Queens.
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