Mégaphone dans la main gauche, téléphone portable dans la main droite, Nathan interpelle la foule massée devant le lycée Marie Curie : « Israël assassine les enfants de Palestine. » Il est 9h30 passées, jeudi 30 mai. Le jeune en jogging et maillot de basket est juché sur l’une des poubelles placées devant l’entrée de l’établissement bloqué depuis plus de deux heures. Les tours de parole se suivent, toujours conclus par un appel à sortir de la passivité et une salve d’applaudissements. À la suite de Nathan, une lycéenne prend la parole : « Comment peut-on fermer les yeux sur la situation à Gaza ? Ceux qui refusent de reconnaître le génocide en cours sont complices. »
Un cadre propice à la mobilisation
Dans la petite foule massée devant l’entrée, quelques professeurs écoutent attentivement. Lorsque les prises de parole cessent, l’un d’eux appelle les lycéens à continuer de s’exprimer : « Des prises de parole, encore ! » Parmi eux, un enseignant en histoire-géographie se félicite de voir des jeunes engagés : « Il faut du courage pour organiser un blocage, tenir tête à la direction de l’établissement, et peut-être à la police. » À quelques pas, trois policiers observent la mobilisation de leur véhicule.
Maélie et Lila se félicitent aussi de la mobilisation dans leur lycée. Pour les deux élèves de première, ce blocage démontre la capacité des jeunes à s’engager. Maélie explique :
« Les adultes ne sont pas toujours conscients qu’on peut se mobiliser en nombre, qu’on comprend ce qui se passe en Palestine et qu’on est capable d’exprimer notre refus de ce massacre en cours. »
Les lycéennes décrivent aussi un cadre propice à l’engagement au sein de l’établissement. Maélie continue :
« À Marie Curie, il y a régulièrement des blocages. L’année dernière, c’était contre la réforme des retraites. Ici, le Conseil de Vie Lycéenne fait des interventions toutes les semaines, sur des sujets comme les violences faites aux femmes, le harcèlement, l’homophobie ou la transphobie. Il y a aussi les heures d’histoire-géo, géopolitique et sciences politiques qui nous permettent d’avoir du contexte sur la situation à Gaza. »
Appel à manifester
Au milieu des pancartes « Free Palestine » et « Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide », les lycéens et lycéennes continuent de scander des slogans en tapant des mains : « Nous sommes tous des enfants de Gaza. » Bilal, 15 ans, apprécie de pouvoir s’exprimer et de se sentir entendu : « C’est triste les gens qui ne se sentent pas concernés. Ici, les jeunes mobilisés ont fait un choix, celui de la paix, de la liberté et du soutien au peuple victime que sont les Palestiniens. »
Vers 10h30, un étudiant prend la parole pour inviter à rejoindre le camp installé en soutien à Gaza sur le campus central de l’Université de Strasbourg. Une lycéenne lui succède sur une poubelle bleue faisant office d’estrade. Elle appelle le groupe à participer à la manifestation organisée par le collectif Palestine 67 le vendredi 31 mai à 17h30 : « Il faut continuer de bloquer et de manifester jusqu’à ce que ce massacre s’arrête. »
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