Le journaliste Gaspard Glanz s’est rendu au commissariat de Strasbourg ce samedi 29 octobre. Le premier pointage de sa nouvelle vie qui l’oblige de se présenter à la police de sa ville de résidence toutes les semaines, dans le cadre d’un contrôle judiciaire.
Interpellé à Calais le 26 octobre, le reporter de 29 ans a découvert après une garde à vue de 33 heures qu’il est interdit de séjour dans le département du Pas-de-Calais et que deux plaintes sont enregistrées contre lui.
La première concerne le « vol » d’un talkie-walkie de CRS à Calais lors d’une manifestation début octobre. Lui, indique l’avoir trouvé avec d’autres photographes avant de le remettre par terre. Sauf qu’entre temps, il avait publié une photo de sa « prise de guerre » sur le réseau social de photos Instagram.
Une photo et une légende imprudents
Un post Facebook injurieux
D’autre part, il est poursuivi pour injure publique sur douze fonctionnaires de police de Rennes. Les faits remontent au mois de juin et à une photo sur le réseau social Facebook avec le simple texte « Ein Reich, ein Volk, ein Führer » ( Un peuple, un pays, un guide, slogan du parti nazi dans les années 1930).
« Ce slogan est avant tout électoral et [il] a permis à Adolf Hitler d’être élu démocratiquement en 1933, ce qui ne porte pas le même sens comparatif et historique qu’une simple expression du type “bande de nazi” », se justifie Gaspard Glanz sur son site.
Audiences en janvier et mars
Une audience est prévue le 17 janvier au tribunal de Rennes. Concernant le talkie walkie, l’audience est programmée à Boulogne-sur-Mer en mars 2017. Le contrôle judiciaire, c’est-à-dire son interdiction de séjour dans le Pas-de-Calais et l’obligation de se présenter à Strasbourg toutes les samedis, est lui prévu « jusqu’à la fin de l’état d’urgence », pour lequel aucune date n’est déterminée. Briser cette interdiction est passible de 75 000 euros d’amende et six mois de prison.
« Il y a tout lieu de penser que M. Gaspard Glanz envisage (…) de prendre part à des actions revendicatives violentes », avance la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio dans l’arrêté. Le journaliste et son avocat ont attaqué ce texte.
L’interpellation s’est faîte à Calais lors du démantèlement de la « Jungle de Calais » où des milliers de migrants ont été répartis vers des centres d’accueil en France. Malgré des demandes répétées, il n’avait pas été accrédité, ni formellement interdit, par la Préfecture, bien que les communiqués de presse lui étaient bien envoyés depuis sa première demande.
Fondateur d’une agence de presse
Gaspard Glanz est le fondateur d’une agence de presse, Taranis news (ex-TV Rennes). Ce média est spécialisé dans la couverture de mouvements sociaux et des crises migratoires en Europe. Ses reporters n’hésitent pas à filmer les heurts entre manifestants et forces de l’ordre au plus proche de l’action. Taranis news s’est fait récemment fait connaître avec ses images exclusives des manifestations contre la loi travail ou pour être le seul média a avoir filmé la première manifestation sauvage de policiers à Paris mi-octobre.
Gaspard Glanz revend ses images à des médias étrangers, notamment en Russie, mais aussi en France (AFP, M6, France Télévisions) et publie certains reportages sur son site. Il a aussi travaillé pour Rue89 Strasbourg. Ses reportages sont longs, avec des interviews mais sans commentaires.
Déjà des démêlées par le passé
Ce n’est pas la première fois que Gaspard Glanz a des démêlées avec les forces de l’ordre. En novembre 2015, il avait déjà été emmené en garde à vue à Strasbourg au motif qu’il filmait une action militante de vol de chaise dans une banque pour dénoncer l’évasion fiscale.
Seule personne attrapée par les policiers sur les lieux, il avait été emmené au commissariat au motif qu’il n’avait pas de carte de presse. Situation peu connue en dehors de la profession, la carte de presse n’est pourtant pas une condition pour exercer le journalisme, notamment car les critères d’attribution (statut, revenus) excluent une partie des journalistes professionnels.
Il n’y a jamais eu de suite à cette mésaventure. En juin 2016, il avait été retenu plusieurs heures lors d’une manifestation à Paris contre la loi travail. Cette fois-ci, le reporter a porté plainte pour détention arbitraire et à cause des préjudices économiques engendrées pour son entreprise.
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