Saviez-vous qu’il y avait un championnat du monde des clubs de frisbee ? Et cette année, Strasbourg est le seul club à représenter les couleurs françaises en catégorie mixte. Pourtant, le club d’ultimate frisbee de Strasbourg (le Strasbourg Université Club, section Ultimate) fête ses 20 ans cette année. Le 12 juillet, il envoie 25 joueurs au championnat du monde des clubs, à Cincinnati aux États-Unis, pour affronter 47 autres équipes, du 14 au 21 juillet.
Le seul sport collectif mixte
Car l’ultimate frisbee, c’est du sérieux. Au SUC Ultimate, qui s’est baptisé les Sesquidistus (prononcer « c’est c’qu’ils disent tous »), ils sont aujourd’hui plus de 60 licenciés. La Fédération de Flying Disc France est reconnue par le Ministère de la Jeunesse et des Sports et la World Flying Disc Federation par le Comité International Olympique (CIO). Ce sport collectif d’un autre genre, né aux États-Unis dans les années 60, se joue en terrain extérieur.
Deux équipes de sept joueurs s’affrontent et marquent des points en attrapant le frisbee dans la zone « d’en-but » adverse, un peu comme un essai au rugby. C’est un sport sans contact… et sans arbitrage, ou plutôt, « avec 14 arbitres », comme l’explique Etienne, joueur et trésorier du club :
« Car c’est aux joueurs “d’appeler la faute” puis de discuter de ce qu’il convient de faire. »
Autre spécificité, l’ultimate est le seul sport collectif international mixte. À Strasbourg, chez les Sesquidistus comme dans la plupart des clubs, on ne divise pas le club en hommes et femmes mais en trois catégories : l’équipe « open » sans contrainte particulière sur le nombre d’hommes et femmes, l’équipe féminine, et l’équipe mixte (avec trois hommes et quatre femmes, ou l’inverse).
Si beaucoup d’équipes de très haut niveau ne présentent pas de joueuses dans la catégorie open, cela reste le seul sport où aucun championnat n’est réservé à la gent masculine. Un championnat indoor s’est également développé ces dernières années.
Les champions du mixte
C’est l’équipe mixte qui ira défendre les couleurs du club aux USA, une fierté pour les Sesquidistus, qui compte cinq équipes. C’est leur catégorie fétiche, car elle reflète bien la mentalité de leur sport si particulier, comme l’indique Etienne :
« C’est vraiment quelque chose qu’on pousse dans le club. Tous nos entraînements sont mixtes, ce qui n’est pas le cas de tous les clubs. C’est comme ça depuis la naissance du club, dès qu’il y a une compétition “open”, on envoie des filles. »
C’est parce qu’ils ont remporté le championnat de France 2017, organisé sur une demi-douzaine de week-ends par an, que les Sesquidistus sont qualifiés au championnat du monde des clubs.
Mais tout ceci a un coût. Les « Sesquis » visent un coup de pouce de 8 000€, pour leurs 56 600€ de frais de participation, de préparation, de déplacement (les 25 billets d’avion coûtent 24 240€).
Les Sesquidistus se prennent à rêver d’un podium mondial. Mais pour aller affronter les meilleurs clubs américains, les « Black Eagles » de Grande-Bretagne, les « Freakshow » de Singapour, ou encore les « Hässliche Erdferkel » allemands, ils comptent sur un coup de pouce. Pour l’instant, ils ont engrangé parmi leur entourage proche 58 soutiens et environ 3 900€.
2017, le podium français…
2018, le toit du monde ?
Sur leur page de crowdfunding (financement participatif), ils se racontent et expliquent en détail comment sera utilisé l’argent des participants. Budget prévisionnel, justificatifs, cela ressemble presque à une demande de sponsor, sans le nom sur les maillots des joueurs, mais des petites contreparties.
Etienne est confiant, surtout que la somme demandée n’est pas extraordinaire :
« On cherche à diversifier les financements, nous ne voulions pas tout demander au public. On est habitué à prendre en charge nos propres dépenses aussi. On atteindra sûrement la somme. Et l’avantage de cette plateforme de crowdfunding, c’est qu’on touche les dons quoiqu’il arrive, même si on n’atteint l’objectif. »
Et s’il paraît que l’important c’est de participer, les strasbourgeois aimeraient quand même marquer la compétition avant de repartir, malgré une position de challenger poursuit Etienne :
« En général, ce sont les Américains qui raflent les médailles d’or. Nous, on aimerait finir dans les 25 premiers au classement (sur environ 50 équipes).»
La médaille d’or du plus sympa
C’est peut-être alors sur l’autre classement que les « Sesquis » pourront s’illustrer. La dernière grande spécificité de l’ultimate, c’est « l’esprit du jeu ». Le fair-play est un des piliers principaux du sport, à tel point qu’il s’inscrit dans les compétitions, à la fin desquelles les équipes s’attribuent des « notes d’esprit du jeu ».
Un titre national que porte aussi fièrement l’équipe mixte des « Sesquis » et ce depuis 2014 ! Le championnat du monde sera aussi l’occasion de tester cette mentalité parmi les meilleurs de la discipline, comme l’indique Chloé, joueuse depuis quelques années :
« Des débutants au haut niveau, la règle du jeu, c’est le respect de l’adversaire. Même en championnat du monde, les fédérations sont garantes du fair-play. »
Un esprit qui se prolonge jusque dans l’organisation et la gestion du club, de l’équipe : chez les « Sesquis », pas de coach officiel, les entraînements sont assurés par les membres du « Comité Sportif », et les membres du « Comité Administratif » sont tous des joueurs.
Alors en attendant de pouvoir supporter les seuls représentants français en mixte (en les suivant probablement en ligne sur des sites comme Fanseat), il y a toujours possibilité de les soutenir lors des compétitions du championnat de France. Mais aussi de suivre les tournois amicaux qu’ils organisent, avec des noms bien originaux comme ceux des équipes : le tournoi Keep Your Moustache, ou le Symp’hatfriz.
Sur Facebook, les « Sesquis » se plaisent à rappeler qu’ils sont le club d’ultimate français le plus « aimé », avec plus de 7000 « fans ».
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