Juché sur sa bobine place Rouge, faubourg National, il dit tout haut chaque vendredi les messages qu’on lui a laissés, anonymes ou bien signés, au café du coin, le Kitsch’n Bar. Il est l’émissaire, l’interprète, le passeur, le commentateur de tous ces écrits, griffonnés sur le coin d’une table ou élaborés avec amour.
Avec ses tripes, sa casquette et sa salopette, Robin ressuscite ainsi un métier d’autrefois, celui du garde-champêtre de campagne, tombé aux oubliettes depuis quelques décennies, mais dont se souviennent encore certains commerçants du marché, comme René, qui vend ses fruits et ses légumes les mercredis et vendredis :
« C’est sympa de retrouver ici ce que nos grands parents ont connu au village… »
La criée du vendredi n’en est qu’à sa deuxième semaine. Mais déjà, une bonne douzaine de messages ont été déposés dans la boîte aux lettres. Chacun a son style. Une certaine Sophie, par exemple, s’adresse directement au crieur : « Ah mon crieur public, ah mon bon saltimbanque, la pêche aux mots fut-elle comme tu la voulais ? », tout en le chargeant d’exprimer ses souhaits pour un monde meilleur : «… penses-tu que les gens ont éteint leurs télés ? Leur a-t-on bien appris à l’un l’autre s’aimer ? »
Y aller
On peut déposer ses messages dans une boîte à lettres installée de façon permanente au Kitsch’n bar, quai Altorffer, ou à l’Artichaut (Grand’Rue) et au Chariot (Place du foin). Le crieur les transmet le vendredi à 11h, place Rouge, Faubourg National. La criée se déroule aussi au marché de la Krutenau (mercredi) et des producteurs (Ancienne douane).
Aller plus loin
Sur Rue89 : Il gueule tout haut ce que les Lyonnais pensent tout bas
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