Je m’entends bien avec Adrien, il a 16 ans, c’est un ado bien dans sa peau ouvert à la discussion.
L’entretien se passe au cabinet pour qu’il n’y ait pas de problème de confusion des genres. Je le vois comme médecin et pas comme amie de la famille. La consommation semble plutôt festive, occasionnelle et pas régulière.
Il a eu de vrais ennuis avec la Police , a été condamné par le juge des mineurs à des travaux d’intérêt général. Pendant l’entretien, il me dit avoir été calmé par ses ennuis et qu’il est également interdit de sortie par ses parents pendant six mois. Il trouve la punition dure , mais juste.
Je vois de temps en temps des mineurs qui consomment du cannabis, ils ne vont pas tous aussi bien qu’Adrien malheureusement et consomment quelquefois tous les jours, voire plusieurs fois par jour. En discuter avec eux, poser la question de la consommation est toujours délicat, mais souvent l’ado est soulagé d’en parler à un adulte en qui il peut avoir confiance.
L’ado va consommer du cannabis pour diverses raisons, souvent à l’occasion d’une sortie avec des amis, et il y trouvera un moyen de se détendre, mais s’il y trouve du plaisir ou du bien-être , il va quelquefois se mettre à consommer plus régulièrement: commence alors la dépendance.
« Drogue douce », vire à l’addiction s’il y a un syndrome dépressif
Quelquefois on a affaire à un jeune mal dans sa peau, dépressif et dépendant de cette drogue qui n’a alors rien d’une drogue douce. Plusieurs études montrent le danger du cannabis dans la maladie mentale, que celui-ci soit un déclencheur ou qu’il favorise une bascule vers la maladie mentale grave comme la schizophrénie .
J’aimerais que la prévention puisse se faire chez les ado qui sont d’ailleurs aussi une cible des dealeurs qui recrutent parmi eux de petits revendeurs. Pour les parents une petite sensibilisation serait utile pour qu’ils se posent les bonnes questions avant que leur enfant aille mal.
Les signes qui peuvent indiquer une consommation régulière sont assez nombreux , mais non spécifiques comme des troubles de l’humeur, une propension à l’isolement, un absentéisme important pour des motifs peu clairs maux de ventre, fatigue. Sinon, si l’enfant semble dépenser plus d’argent qu’il n’en a comme argent de poche, penser à l’argent du deal.
En parler avec l’enfant
Lorsque ces symptômes apparaissent, essayer d’en parler avec son enfant le plus tôt possible sans tabou est important. Poser la question de la consommation de shit sans diaboliser , voire proposer fermement une consultation dans le respect du secret médical peut être une solution en cas de refus de l’ado de communiquer.
Le choix de médecin est important alors, il peut s’agir du médecin de famille s’il est ouvert et s’il a un bon contact avec l’adolescent. Cela peut également être un pédopsychiatre ou un psychiatre qui voit des adolescents. On peut également lui proposer d’aller prendre contact avec une maison de l’adolescent par exemple, il n’y en a malheureusement que dans les grandes villes.
Aller plus loin
Sur Drogues Infos Service : Les conséquences du cannabis sur le cerveau
Sur Institut national de la prévention : détecter l’usage de cannabis (PDF)
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