Les étudiants de la Haute École des Arts du Rhin (HEAR) de Strasbourg sont inquiets, l’un de leurs lieux fétiches pourrait bientôt fermer. « La Mine » est leur salle des fêtes, idéalement située en face de l’école des Arts Décos, rue de l’Académie, dans l’annexe.
Chaque année, les étudiants de deuxième année se refilent les clés de ce local, qui abrite des concerts, des DJ sets, des expositions et tout un ensemble de bonnes soirées, sans lesquels il serait quand même difficile d’être étudiant en arts… L’économie du lieu, à base de litres de bières vendus 2,5€ le demi, permet de financer certains projets des étudiants dont les créations qu’ils présentent pour leurs diplômes.
De nouvelles normes tous les ans
Évidemment, le lieu n’est pas aux normes de sécurité. Il n’y a pas de sortie de secours, des barreaux aux fenêtres et l’ensemble de l’installation électrique pourrait bénéficier d’une révision. C’est en outre assez petit, autour de 20 m², bar compris. Régulièrement, le propriétaire des locaux, la Ville de Strasbourg, alerte la direction sur de possibles problèmes liés à la sécurité des lieux. Cette dernière rétorque que la réfection du bâtiment de l’annexe, qui doit déménager à la Manufacture des tabacs en 2022, n’est pas dans ses priorités.
Sauf que le 15 janvier, l’école est cette fois avertie par un courrier signé par Jean-Baptiste Mathieu (voir ci-contre), en tant qu’adjoint au maire en charge de la police des bâtiments, qu’une série de manquements à la sécurité ont de nouveau été repérés dans l’annexe par une commission de sécurité. L’école doit mettre en oeuvre une série de mesures et le courrier précise en conclusion « qu’il y a lieu de proscrire l’organisation de manifestations festives ou de soirées étudiantes dans les locaux de « La Mine, » ces activités n’étant pas autorisées dans l’établissement. »
Panique chez les étudiants, qui négocient avec la direction de garder leurs soirées à La Mine, quitte à fermer deux heures plus tôt. Chaque mois, les étudiants ont le droit d’organiser une « soirée minuit », qui se termine à minuit donc. Et la dernière « soirée-minuit, » appelée « Nickel Chrome 2 » vendredi 1er mars, a été déplacée par l’administration à la salle Prechter, plus grande certes mais ce n’est plus vraiment chez les étudiants. En outre, l’administration leur a collé un vigile, parce que c’est la réglementation.
Contacté, Jean-Baptiste Mathieu se veut rassurant :
« D’ici à ce qu’on arrive à un arrêté de fermeture, il y a encore de la marge… Il doit être possible de mettre en place des mesures de compensation. Notre objectif n’est pas de fermer un lieu apprécié des étudiants. »
David Cascaro, directeur de la HEAR, espère lui aussi sauver La Mine :
« Depuis que je suis directeur, j’assume les risques liés à l’utilisation de cette salle. C’est vrai que les termes du courrier sont très fermes cette fois, j’ai sollicité les responsables de la Ville de Strasbourg, pour que la Ville de Strasbourg s’accorde avec elle-même sur les suites à donner. »
L’évolution drastique des normes de sécurité ont empêché l’Ososphère de se tenir à la Coop en 2015 et provoqué la fermeture de la Maison Mimir en 2016. La Mine pourrait sera-t-il le prochain lieu à fermer le rideau, dans une ville qui se fossilise de plus en plus et où les lieux alternatifs et underground sont déjà extrêmement rares ?
Fondé par des étudiants de l’école des Arts Décos il y a plus de 20 ans, La Mine accueille régulièrement plus de 80 étudiants dans ce salon partagé amélioré. Le courrier de la Ville rappelle qu’il n’est pas question d’en accueillir plus de 19. Les fêtes risquent d’être beaucoup moins drôles…
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