« En ce moment c’est difficile, on craque », commence Malek Kirouan. Au téléphone, le syndicaliste CGT paraît abattu. « Plusieurs salariés réalisent à peine qu’au 25 janvier, ils seront licenciés. Certains dans l’usine, des solides pourtant, en viennent à pleurer. » Avec le départ de son principal client durant l’été, l’usine Dumarey Powerglide, spécialisée dans la production de boîtes de vitesses automobiles, a perdu près de 80% de ses commandes. Le 4 octobre, la CGT relayait la décision de la direction de supprimer 248 postes sur les 584 que comptent l’entreprise installée à Strasbourg.
Pour dénoncer les licenciements et réclamer des indemnités décentes, l’intersyndicale CGT-CFDT appelle à un rassemblement devant l’usine, vendredi 25 octobre à 13h. « Il y a beaucoup de colère dans l’usine, on voulait absolument marquer le coup cette semaine », explique le syndicaliste.
Dialogue difficile avec la direction
Au-delà des suppressions de postes et des choix stratégiques ayant mené à fragiliser l’entreprise (en la rendant dépendante d’un seul client, l’équipementier allemand ZF), les salariés mobilisés dénoncent aussi les échanges difficiles avec leur direction. « Elle nous méprise en nous proposant de partir avec une misère », reprend Malek Kirouan :
« Pour moi qui ai passé 34 ans dans la boîte, on me propose une indemnité supralégale de 10 000€, c’est peu. Et la plupart des salariés de l’entreprise ont beaucoup d’ancienneté à faire valoir. »
Alors qu’un protocole d’accord pour un fonds de garantie de 60 millions d’euros servant à financer le plan social avait été annoncé, lors d’une réunion du comité social d’entreprise le 9 septembre, ce dernier serait finalement remis en cause par son financeur, l’équipementier ZF. « Quand ils nous ont présenté la nouvelle, le fonds de garantie était censé être acquis, désormais ça paraît moins sûr. La conciliation se fera le 10 novembre. » Les grévistes comptent bien maintenir la pression d’ici là.
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