La loi sur les Monuments Historiques du 31 décembre 1913 protège 1 406 édifices alsaciens. La 30e édition des Journées rend hommage à cette loi, en célébrant un siècle de protection des Monuments Historiques. Plus de 480 sites et circuits de découvertes seront ouverts à la visite ce week-end en Alsace. Rue89 Strasbourg vous propose sa sélection.
1913-2013, une période à forte résonance en Alsace
La période choisie, 1913-2013, rappelle qu’au début du siècle, l’Alsace était allemande, ce qui a influencé l’origine son patrimoine. Par ailleurs, la protection des bâtiments historiques a connu un essor en 1919, à la suite des destructions dues à la Première Guerre mondiale. La Direction Régionale des Affaires Culturelles (Drac) propose donc une exposition « Monuments Historiques entre Allemagne et France de 1871 à 1930 » au Palais du Rhin, du 13 septembre au 4 octobre inclus.
La période englobe aussi le régime nazi en Allemagne et ses crimes contre l’humanité, affectant profondément l’Alsace. Le centre européen du résistant déporté ouvre exceptionnellement au public une partie habituellement fermée de sa baraque crématoire. Elle comporte notamment des vestiaires où les déportés devaient se déshabiller et des douches. Le lieu fera l’objet d’une campagne de restauration à partir de 2014.
Ces lieux qui ne se visitent qu’une fois par an
Des propriétaires privés de bâtiments historiques et des associations de sauvegarde participent aussi aux Journées : certaines fermes de caractère, des châteaux habités ou en ruine s’ouvrent juste ce week-end.
Ainsi à Erstein, la ferme Ringeisen participe pour la première fois aux Journées du Patrimoine. Elle dédie le samedi aux enfants et le dimanche au grand public. Jean-Luc Eschbach, secrétaire de l’association « Le Vieil Erstein« , organise les Journées à la ferme :
« Nous avons eu l’idée de participer depuis plus d’un an maintenant, mais un projet d’une telle ampleur nous faisait peur. Cette année, nous étions une vingtaine à l’organiser, avec l’aide logistique de la mairie. La ville ouvre déjà les archives et certains bâtiments, mais rien ne représentait vraiment « l’ancien ». La ferme ouvre ses portes pour sensibiliser à l’ancien, montrer aux gens que l’ancien c’est beau, que ça se répare et que ça se rénove. Il y a 350 maisons alsaciennes à Erstein et elles peuvent être déplacées et leur intérieur modernisé. On est loin du cliché des vieilles maisons aux petites fenêtres et pleines de courants d’air ! Différents corps de métier seront représentés en ateliers : forgeron, cordier, pêcheur et charpentier. Les colombages, le torchis et l’isolation écologique seront autant de techniques et matériaux exposés. »
Le château de Froeschwiller, fidèle pour une quatrième année aux Journées, ne se visite aussi qu’une fois par an. En rénovation, il sera accessible le dimanche de 14h à 20h au prix de 4€, reversés à l’association « Renaissance du Château de Froeschwiller ». Son propriétaire, Serge Pavin, précise :
« Le château ne m’appartient pas, il appartient à l’Histoire, aux gens du village, à tout le monde : il faut le rendre à la population. C’est pourquoi le château, classé depuis 2009, est présent aux Journées, elles le rendent visible. L’année dernière c’était énorme, environ 3 000 personnes sont venues en une journée. L’exposition de peinture et de véhicules anciens de pompiers sont les nouveautés à découvrir cette année. Construit en 1407 dans l’Empire austro-hongrois puis remanié par le comte Durkheim entre 1894 et 1898, le château rentre dans le thème de l’Alsace allemande. »
L’Hôtel des Postes, avenue de la Marseillaise à Strasbourg, s’est préparé toute l’année pour ce week-end. La Société d’Histoire de la Poste et de France Télécom en Alsace propose plusieurs activités pour son 50e anniversaire :
« Des visites guidées de 45 minutes et des expositions raconteront l’histoire des télécommunications dans la région. Le bâtiment a été inauguré en 1899 en plein dans le quartier de la Neustadt (quartier pour lequel la ville de Strasbourg demande une reconnaissance de l’Unesco). Nous avons aussi des étudiants chercheurs qui se sont penchés sur certains points de l’Histoire, comme les lettres des incorporés de force alsaciens. Notre seul regret : l’année dernière, nous avons du refuser des gens ! »
Des événements insolites
La carrosserie H.H. services profite de l’occasion pour présenter son savoir-faire en restauration de véhicules d’époque. Son fondateur, Hubert Haberbusch, entend valoriser le métier :
« Nous sommes la seule carrosserie d’Alsace membre de la Fédération Française des Véhicules d’Epoque, aux côtés du Musée de l’automobile de Mulhouse et de certains clubs de passionnés. Cette année est particulière car la Fédération a fait une demande d’inscription au patrimoine culturel européen de l’Unesco pour représenter le savoir-faire français en matière de restauration historique. Notre carrosserie arbore aussi le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) qui témoigne d’un travail unique, entre tradition et innovation. Moi-même, mes deux compagnons, un stagiaire et un apprenti seront présents ce week-end pour exposer nos véhicules et commenter les étapes de la réalisation d’une carrosserie aux visiteurs. »
Au château du Hohnack à Labaroche, le président de l’association « Les Compagnons du château du Hohnack », Gilles Triballier, annonce un samedi de visites libres et un dimanche plus ludique :
« Le château est accessible en permanence depuis environ un an mais ce dimanche sera très animé ! Selon une thématique des trésors cachés de l’Alsace, nous proposons aux enfants une découverte amusante de la période du Moyen-Âge. Un parcours du combattant en tenue de chevalier sera organisé. Nous avons aussi réalisé la fouille d’une citerne du XIIe ou XIIIe siècle qui sera fin prête à être observée et expliquée dimanche. »
Pour ceux qui n’ont pas sommeil trop tôt, des Veilleurs de Nuit les guideront dans Strasbourg ! L’Université populaire de la Krutenau propose deux circuits, comme l’annonce Jean-François Kovar, professeur d’Histoire des religions:
« Une découverte nocturne des bâtiments permet d’appréhender autrement la ville, elle permet un regard plus singulier sur notre patrimoine. L’année dernière, nous l’avions uniquement réalisée le dimanche soir et environ 300 personnes y avaient participé. Cette année nous avons reconduit l’événement les deux soirs, samedi et dimanche. Le départ se fera place Gutenberg et deux groupes seront formés. Tandis que le premier sillonnera la Grand’Rue, la Petite-France et quartier Saint-Thomas jusqu’à la place du Corbeau, le second s’intéressera à l’Ancienne Douane, la Krutenau et à l’église Sainte-Madeleine pour finalement découvrir le très ancien hôtel Hammerer, dit Cour des Couples. »
Autres suggestions insolites :
- Musée des amoureux et du patrimoine sundgauvien à Werentzhouse (Dimanche de 14h à 18h)
- « Les restaurants de Strasbourg ont une histoire », huit histoires de restaurants seront contées (Dimanche à 11h, 2€ et 1€ -16ans)
- « Le Strasbourg insolite », de la maison des nains à l’étrange grenouille de la rue de l’Epine en passant par les graffitis de la cathédrale (Samedi 10h et dimanche 18h15 pl. Gutenberg, 2€ et 1€ -16ans)
- « Clichés du Patrimoine », concours photo organisé par la ville sur le thème de la diversité culturelle (Exposition aux grilles de l’Hôtel de Ville)
- Parcours à vélo dans le Neustadt pour découvrir ses immeubles (Samedi 15h-16h30, départ devant le Tribunal)
Le programme complet des Journées du patrimoine
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Protection de son patrimoine allemand: Strasbourg tatônne encore
Sur Rue89 Strasbourg : La « Neustadt » de Strasbourg en 3D
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