Alors que Strasbourg fait déjà face à une saturation de son dispositif d’hébergement d’urgence, plus d’une centaine de personnes ont été accueillies dans le « sas d’accueil temporaire régional » mis en place en avril à Geispolsheim. Un troisième bus y est arrivé de Paris, mercredi 31 mai en fin de journée.
50 personnes arrivées le 31 mai
À son bord selon nos informations, une cinquantaine de personnes, en majorité des familles sans-abris. C’est le troisième convoi de ce type. Depuis avril 2023, deux bus sont déjà arrivés. Un premier le 11 avril, transportant 29 personnes, essentiellement des familles. Le deuxième le 3 mai, transportant 36 personnes isolées selon les DNA.
Pour la plupart, les personnes habitaient dans des squats ou des gymnases d’Île de France. Sur les 29 personnes arrivées en avril, » aucune n’avait antérieurement déposé une demande d’asile », même si deux d’entre elles avaient « l’intention » de le faire.
Ce dispositif de « sas d’accueil temporaire régional » a été créé spécifiquement pour réceptionner les personnes en provenance de Paris, région où le dispositif d’hébergement est déjà saturé. Celui de Geispolsheim est l’un des dix mis en place à l’échelle nationale, selon un rapport d’information de l’Assemblée nationale, publié mardi 23 mai.
Il permet d’accueillir 50 personnes, dont les situations doivent être étudiées en trois semaines maximum. Selon des témoignages, ce délai est respecté dans la structure gérée par Coallia à Geispolsheim. Toutes les personnes ont accès à une consultation avec une infirmière à leur arrivée.
Une orientation « selon les situations administratives »
À l’issue des rencontres avec les services de l’État, les personnes sont réorientées « selon leurs situations administratives » vers les structures adaptées. Soit dans le cadre du dispositif national d’accueil (DNA), spécifique aux demandeurs d’asile, soit dans le dispositif d’hébergement d’urgence, géré par les services de l’État quelle que soit la situation administrative des personnes.
Pour le moment, sur la soixantaine de personnes déjà passées par le dispositif de Geispolsheim et ayant vu leur situation « étudiée », seules deux, isolées, sont restées dans le Bas-Rhin – dans des hébergements d’urgence relevant des compétences du Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO, c’est à dire de l’État). Les personnes restantes ont été orientées vers les autres départements de la Région.
Un risque de tension pour les structures locales d’accueil
Selon les députés, la mise en place de ces sas d’accueil temporaires régionaux « risque de tendre la situation dans le dispositif national d’accueil ». Ils craignent qu’en accueillant des personnes de Paris, en plus de celles déjà présentes dans le Grand Est, les logements pour demandeurs d’asile soient insuffisants.
Dans le même temps, la préfecture du Bas-Rhin a passé un appel à candidatures en avril pour créer 60 places d’hébergement d’urgence à destination des familles, dès juillet.
Des sas créés à un an des Jeux olympiques de Paris
La temporalité de la mise en place de ces structures régionales interroge : sont-elles créées pour vider Paris de ses sans-abris à l’approche des Jeux olympiques de Paris en juillet 2024 ? Selon la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra interrogée par l’AFP, absolument pas. Dans un communiqué publié le lendemain du rapport parlementaire, le ministre du logement Olivier Klein n’y fait pas référence. Pourtant, des hôtels qui accueillent des sans-abris pour le compte de l’État rompent leur contrat avec ce dernier pour pouvoir libérer les chambres pour les touristes, comme le raconte Mediapart.
De son côté, la Ville de Strasbourg dit ne pas disposer de plus d’information sur le nombre de personnes qui devraient être orientées dans le Grand Est. Contactés, la préfecture du Bas-Rhin, celle de Moselle, l’Office français pour l’intégration et l’immigration et le ministère de l’Intérieur n’ont pas répondu à nos demandes d’informations.
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