« Madame Barseghian, vous ne pouvez pas ne pas prendre position. » Face au centre administratif de la Ville de Strasbourg, samedi 9 décembre en fin d’après-midi, Cem Yoldas, porte parole de la Jeune Garde, interpelle la maire écologiste de Strasbourg. En arrière-plan, plusieurs membres de l’organisation anti-fasciste accrochent une banderole sur la façade du bâtiment et allument des fumigènes verts, blancs et rouges, aux couleurs du drapeau palestinien.
Un jumelage « culturel, scolaire et universitaire »
Depuis 1991, la Ville de Strasbourg est jumelée avec la Ville de Ramat Gan, près de Tel Aviv, en Israël. Cet accord consiste essentiellement, selon le site de la Ville, en des échanges culturels, scolaires et universitaires.
L’organisation anti-fasciste espère que le conseil municipal du 12 décembre sera l’occasion pour les élus de la majorité de dénoncer ce jumelage et pourquoi pas, d’y mettre un terme.
« C’est impossible de prétendre être une ville inclusive et solidaire lorsque ce jumelage soutient la politique d’apartheid raciste que subissent les palestiniens et la colonisation en Cisjordanie. Il envoie le signal que Strasbourg cautionne la politique de l’État d’Israël alors que ce même État bombarde Gaza et que plus de 17 000 personnes ont été tuées en deux mois, notamment des enfants. »
Cem Yoldas, porte-parole de la Jeune Garde
Le même jour, une manifestation de soutien au peuple palestinien a pris place à Strasbourg pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza. « Ça fait deux mois que des milliers de personnes dénoncent les bombardements, ici dans les rues de Strasbourg, il faut que les élus locaux entendent et réagissent », assène Cem Yoldas.
« Cette initiative honorera Strasbourg »
Le 25 novembre, huit autres organisations strasbourgeoises réunies au sein du Collectif Palestine 67 ont interpellé Jeanne Barseghian dans une lettre ouverte et également appelé à la « suspension » du jumelage.
« Nous sommes conscients que cette décision fera bondir au plafond les esprits étroits à l’indignation sélective, mais nous sommes persuadés que cette initiative honorera Strasbourg, siège des institutions européennes dont la Cour Européenne des droits de l’Homme. »
Extrait de la lettre adressée à Jeanne Barseghian le 25 novembre 2023 par huit organisations du Collectif Palestine 67
Symbolique, la demande de la Jeune Garde appelle surtout la maire de Strasbourg à apporter une réponse locale à une situation internationale pour laquelle les strasbourgeois et strasbourgeoises manifestent régulièrement. « On entend souvent que se mobiliser à des milliers de kilomètres est inutile, mais c’est faux », estime Cem.
« Si on regarde une carte du monde, on observe que la majorité des soutiens à Israël sont en Occident, comme la Grande-Bretagne ou les États-Unis (qui ont posé le 8 décembre leur véto à un projet de résolution du conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza, NDLR). On sait très bien qu’interpeller nos élus, même localement, ça peut faire changer leur politique. »
Cem Yoldas, porte parole de la Jeune Garde
Lors du conseil municipal du 6 novembre, des clivages entre la majorité EE-LV et les élus communistes sont nés pendant le vote d’une motion appelant à la paix en Israël et en Palestine.
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