Une cinquantaine d’habitants du quartier Gare de Strasbourg étaient réunis square Saint-Jean samedi matin pour prendre « un café avec Jeanne Barseghian ». À mi-mandat, la maire écologiste de Strasbourg tient à défendre elle-même sa politique auprès des habitants : extension du tram vers l’ouest et vers le nord, végétalisation, hausse du stationnement et recul de la voiture en ville… Autant de sujets qui ont crispé plus d’un électeur.
Dans son introduction, la maire en profite donc pour rappeler sa vision d’une ville plus agréable, plus verte et où les flux de transit seraient maîtrisés. Après ce petit laïus pro-domo, elle se met à la disposition des habitants présents, des personnes plutôt âgées en majorité, quelques jeunes actifs et des habitués de la politique locale.
La litanie des soucis
Gérante d’un commerce boulevard de Lyon, une habitante demande des assurances quant aux indemnisations qu’elle attend suite à des travaux municipaux. Jeanne Barseghian écoute, puis transmets aux services de la direction des territoires, présente également. Un autre habitant, un chibani, vient avec une pile de documents détaillant des hausses de loyers impossibles à payer. La maire lui propose d’envoyer tout ça par mail… L’homme, qui avait mis un costume et une cravate malgré la chaleur, repart sans solution. Une dame interpelle sur son logement insalubre : relogée en attendant dans une résidence senior, elle y passe toute sa retraite… Pour chaque problème, Jeanne Barseghian redirige vers son cabinet ou les services de la Ville de Strasbourg même lorsque les habitants lui précisent que plusieurs courriers sont restés sans réponse.
Stationnement et sécurité vite amenés
« Pourquoi vous faites payer les transports en commun aux vieux », interpelle alors Roger, 72 ans : « les transports sont gratuits pour les jeunes, mais pour les vieux, on leur augmente le tarif. » Enfin une question politique ! Jeanne Barseghian prend son temps pour rappeler les hausses des coûts de la CTS et que la tarification a été revue pour être « plus juste et plus solidaire ». L’argumentaire est bien rôdé mais Roger s’éloigne sans être convaincu.
La sécurité au quartier Gare, qui avait fait l’objet d’une partie de ping-pong institutionnel entre la maire et la préfète à l’été 2022, arrive à la sixième interpellation, de la part d’un propriétaire-bailleur. Jeanne Barseghian répond par l’augmentation des patrouilles de policiers municipaux, la mise en place d’une équipe de médiateurs et de l’éco-brigade… « Tout ça c’est du charabia, moi je veux voir des actes », répond-t-il. La cheffe du cabinet de la maire décide d’écourter l’échange et d’organiser les tours de parole.
Manuel et Philippe, quadragénaires du quartier, regardent la maire se débattre avec leurs voisins. Ils sont là « en soutien », comme l’explique Manuel : « Les aménagements qui sont promis au quartier vont dans le sens de notre mode de vie. J’espère qu’elle ira jusqu’au bout. » Une autre habitante se plaint des nuisances sonores du Wagon Souk : « En vingt années de présence, je n’ai jamais appelé la police, mais là, ils abusent. » Jeanne Barseghian répond que le problème est identifié et qu’un « serrage de vis » allait être opéré auprès du lieu alternatif et festif de la rue du Rempart. Les « dépôts sauvages » d’un restaurant près de la Gare ont aussi fait l’objet d’un signalement.
Deux heures plus tard, Jeanne Barseghian prend congé des quelques habitants encore présents. Satisfaite d’avoir pu détailler sa politique directement, elle résume : « On a lancé tous les projets que nous avions annoncés. On entre maintenant dans une phase de concrétisation. Notre enjeu désormais est de tenir le calendrier. » Sinon, il faudra expliquer ce qui a raté et ce sera encore plus compliqué.
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