« Des faits m’ont été rapportés le jour du 8 mars. Suite à cela, nous avons les uns et les autres pris nos responsabilités. » Visages fermés, les conseillers strasbourgeois écoutent en silence la maire s’exprimer sur l’éviction de son ancien adjoint, Hervé Polesi. Dès l’entame du conseil municipal, le lundi 17 mars, Jeanne Barseghian (Les Écologistes) revenait sur les informations révélées le matin même par Rue89 Strasbourg sur le retrait des délégations de l’élu et sur son exclusion du groupe de la majorité. Cela faisait suite à des signalements de violences sexistes et sexuelles au sein de l’Université de Strasbourg où Hervé Polesi est maitre de conférences.
Dans les rangs de l’opposition, la brève réponse ne satisfait personne. Le conseiller d’opposition Nicolas Matt (Renaissance) revient à la charge : « Maintenez vous aujourd’hui que sa mise en écart n’est pas due aussi à des signalements internes à la collectivité ? » La question est reposée quelques minutes plus tard, par la socialiste Anne-Pernelle Richardot (PS) : « Nous avons, comme notre collègue, un certain nombre d’informations, y compris des signalements d’une organisation syndicale. Sauriez vous nous dire combien d’agentes sont concernées ? »
Face à eux, la maire restera évasive, n’évoquant que le signalement datant du 8 mars relatif à l’université, puis coupant court au débat. La Ville avait pourtant été informée bien avant d’autres comportements sexistes qu’Hervé Polesi est soupçonné d’avoir eu en interne à la collectivité.
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