Une préparation et le départ
Il y a deux mois, quand j’ai mûri l’idée de franchir le cap du marathon, je m’étais dit que pour ne pas trop souffrir ou faire bonne figure il fallait s’engager dans un programme d’entraînements. Pullulant sur le net, j’en ai trouvé un qui se déroulait sur 5 semaines… J’ai tenu deux jours. Le jour J s’approchant petit à petit, je maintenais tout de même un rythme d’entraînement régulier.
Nous sommes le 25 octobre, le dossard « 429 » rouge et blanc autour de la taille, nous sommes quelques minutes avant le coup de feu du départ. Il est 8h50, les coureurs sont entassés derrière la ligne de départ dans la rue des Grandes Arcades. Je regarde autour de moi, j’observe ces gens qui allaient devenir mes concurrents. Nous sommes un peu plus d’un millier dans les différents sas de départ et je vois des coureurs qui se demandent un peu ce qu’ils font là, des coureurs anxieux, des décontractés, certains ne sont pas encore tout à fait réveillés, d’autres se font conseiller par un ami plus expérimenté, bref je vois et j’entends de tout.
Un petit discours de Claude Schneider, le directeur de course et président de l’Office des Sports de la Ville, qui donne ensuite le coup d’envoi. Le pistolet retentit, tout comme les « bips » des centaines de montres aux poignets des coureurs: c’est parti, et c’est même parti très rapidement.
Nous remontons la rue des Grandes Arcades en direction de la Place de l’Etoile à une vitesse fulgurante, allure que nous maintiendrons sur les quelques kilomètres qui suivront. Nous rejoignons le pont Vauban sous les applaudissements des nombreux spectateurs amassés dans les rues de Strasbourg. Plus loin, ça se corse, à l’approche du quartier du port du Rhin, le public se fait plus rare et passé la passerelle Mimram, il devient quasiment inexistant : les Allemands ne semblent que moyennement concernés par l’épreuve.
Pas grave, car passé la ville de Kehl (nous sommes au premier quart de la course), le paysage devient assez agréable, à travers les vergers allemands, proche des décors qu’apprécie le coureur de trail que je suis d’habitude. Nous sommes toujours à un rythme d’avion de chasse, même si je sens que la fraîcheur s’en va doucement.
Après avoir foulé l’asphalte allemande sur une quinzaine de kilomètres, nous regagnons la France, par le sud de l’Eurométropole via le pont Pierre Pfimlin. Ce pont que je trouve à l’habitude architecturalement impressionnant me fait pester tant son interminable montée me fait mal aux jambes. Nous sommes à la moitié de la course et ma vitesse de croisière commence désormais à régresser.
Et puis ça se durcit…
Les très nombreux bénévoles habillés en orange ou jaune fluo jonchés sur le bord des routes et aux croisements, appuyés par la force publique à certains carrefours, assurent la circulation pour nous ouvrir la route, nous laisser la priorité sur les voitures ou les promeneurs du dimanche, bref assurer notre sécurité. Après avoir longé les bois d’Illkich-Graffenstaden, nous regagnons un environnement urbain par la ville d’Illkich, environnement que nous ne quitterons plus jusqu’à l’arrivée.
Dans les rues, le parcours est à présent bien moins linéaire, plus cassant de par les angles à prendre. Petit à petit, le public refait son apparition et il est le bienvenu car le moral commence à prendre un sérieux coup de mou. Je fais impasse sur l’état de mes jambes que je ne vais pas tarder à ne plus sentir. Je souffre et les derniers kilomètres sont un supplice car je suis en train de vivre le fameux « mur » du marathonien, mais je cours en serrant les dents.
Malgré cette souffrance, je prends le temps de taper dans les mains des enfants jonchés au bord des rues avec leurs parents. Ensuite, nous regagnons Ostwald pour finalement rejoindre Strasbourg par la Montagne Verte. Un passage carrément sympathique dans le barrage Vauban, suivi de la traversée de la Petite France (sous les regards des touristes se demandant « pourquoi on s’inflige ça ? », la question mérite d’être posée !) et les pavés cassants nous ramènent vers la ligne d’arrivée à la Place Kléber qui était la ligne de départ 3h05 plus tôt.
La fin, enfin !
Je me mets à mon tour dans le public pour encourager les concurrents qui arrivent petit à petit. Une nouvelle fois, j’observe des visages souffrants, des visages souriants, des coureurs soulagés d’être arrivés au bout, certains passent la ligne d’arrivée avec leurs enfants dans les bras, d’autres sous les vives acclamations des familles parquées derrière les barrières. Je trouve toutes ces scènes très belles et émouvantes, et me dis que ces gens sont quelque part tous des vainqueurs.
Quant à moi, je me satisfais de ma 38ème place pour ce premier marathon bien que je souhaitais secrètement réaliser un temps sous la barre symbolique des 3 heures. Je paie une préparation complètement aléatoire et peut-être le repas XXL au fast-food l’avant veille…
J’ai beaucoup donné sur cette épreuve, mais également apprécié que Strasbourg ait offert aux coureurs ses rues habituellement empruntées par les voitures; quelques kilomètres supplémentaires dans la ville auraient cependant été intéressants, à l’image de ce qui est fait lors des Courses Europe de Strasbourg. Une belle expérience: j’invite les (plus courageux) coureurs Strasbourgeois à vivre la même lors des prochaines éditions.
Il vous reste une année pour se préparer.
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