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Après l’expérience à Strasbourg, l’Inserm favorable à la généralisation des « salles de shoot »

Les « salles de shoot », selon une évaluation scientifique de l’Inserm, « diminuent les pratiques d’injection à risque, le nombre d’injections dans l’espace public et le risque d’overdoses ». Des pistes d’amélioration du dispositif sont toutefois envisagées.

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Après l’expérience à Strasbourg, l’Inserm favorable à la généralisation des « salles de shoot »

Communément appelées « salles de shoot », les Salles de consommations à moindre risque (SCMR) existent à Paris et Strasbourg. Elles permettent à des toxicomanes de se droguer, dans un environnement sanitaire sécurisé, avec du matériel stérile et l’accompagnement de professionnels. Expérimentales, elles sont apparues en 2016 pour accueillir des consommateurs de drogues « injectables » et depuis 2019, des fumeurs de crack.

Saisi par le gouvernement, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a mené une étude indépendante en 2020 qui conclut :

« Au plan sanitaire, les résultats des analyses montrent que les usagers des SCMR sont moins susceptibles que les usagers de drogues par injection qui ne les fréquentent pas de déclarer des pratiques à risque d’infection (VIH, virus de l’hépatite C) ou des abcès, d’avoir une overdose, d’aller aux urgences, de s’injecter dans l’espace public et de commettre des délits. »

L’ancien bâtiment de chirurgie thoracique héberge la salle de shoot de Strasbourg Photo : PF / archives Rue89 Strasbourg

Pendant un an, l’équipe scientifique en charge de réaliser l’étude a suivi 665 consommateurs à Paris et Strasbourg, et a pris, pour point de comparaison, les villes de Bordeaux et Marseille qui ne disposent pas de ce dispositif. En outre, toujours selon l’Inserm :

« L’étude des traces de consommation (seringues, emballages de médicaments, etc.) dans un périmètre géographique proche de la SCMR parisienne met en évidence une diminution significative des seringues abandonnées dans l’espace public, leur nombre ayant été divisé par 3 depuis l’ouverture de la salle ».

L’Institut scientifique estime qu’en 10 ans, les seules salles de Strasbourg et Paris ont permis d’économiser les 11 millions d’euros de coût médicaux qu’occasionne l’usage de drogues. Toutefois, ces économies ne combleraient pas les coûts que représenteraient l’implantation plus étendue et le fonctionnement de ces structures.

Pas d’amélioration nette dans l’accès aux soins

Malgré la diminution de consommation de drogue en ville, les « salles de shoot » sont encore sujettes à polémique pour certains résidents. Selon les Echos, ceux-là se plaignent « du fait que certains toxicomanes s’injectent encore la drogue en extérieur » et de « bagarres ». L’Inserm, quant à lui, sur la base d’entretiens menés auprès d’habitants proches des salles et agents de la ville, conclut à « une absence de détérioration publique » et « une intervention de santé et de tranquillité publique efficiente » :

« Si le sujet reste clivant entre les associations de riverains, c’est souvent moins le dispositif même de SCMR qui est critiqué que son emplacement en zone résidentielle (…). Certains riverains demandent une augmentation des heures d’ouverture et l’ouverture d’autres SCMR ».

Le dispositif n’améliore cependant pas l’accès aux soins. Selon l’Inserm, « ce pourrait être lié à la plus grande précarité des populations utilisatrices que celle des personnes utilisant les autres structures de soin », la plupart n’ont pas de couverture sociale. Parmi les pistes envisagées, l’Institut pense à « une articulation plus forte des SCMR avec d’autres services ou professionnels du soin » et plus de médiation. La MILDECA, à la lecture de l’étude, précise que les SCMR « ne résolvent pas, à elles seules, l’ensemble des problèmes de santé et de tranquillité liés à l’usage des drogues (…) ». Et de manière plus vague : « De nouvelles implantations méritent d’être étudiées, en fonction des contextes locaux, en complément des autres dispositifs d’accompagnement ».


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