Après les inondations du vendredi 17 mai dans le nord du Bas-Rhin, un « comité de suivi », présidé par la préfète Josiane Chevalier s’est réuni à l’Hôtel du préfet à Strasbourg, mercredi 22 mai. Une vingtaine de maires des communes sinistrées ont été invités, ainsi que des représentants de la Collectivité d’Alsace, de la Région Grand Est, de la Chambre de commerce et d’industrie, de la Chambre des métiers, de la Chambre d’agriculture, le médiateur des assurances et plusieurs services de l’État.
Ces différents acteurs ont présenté les dispositifs de soutiens financiers qui existent pour les commerçants, artisans ou les agriculteurs des communes touchées. La question des fonds alloués aux réparations des infrastructures publiques, des ouvrages d’art ou encore des digues a aussi été abordée.
Suite à cette réunion, la préfecture a déclenché la procédure accélérée pour reconnaître l’état de catastrophe naturelle aux communes touchées par les inondations. « Les élus ont jusqu’au 28 mai pour déposer leur demande d’indemnisation », a précisé Josiane Chevalier. Un arrêté avec la liste des communes concernées doit être publié à partir du 4 juin au Journal officiel. Au 23 mai, trois communes avaient déposées la demande auprès de la préfecture.
Pour le moment, impossible de donner une estimation du coût des dégâts. « Ça va chiffrer, c’est sûr » affirme, catégorique, la préfète. Dans le village d’Herbitzheim, située en Alsace Bossue à la frontière du département avec la Moselle, de nombreuses maisons ont été touchées par le débordement de la Sarre. La boulangerie du village aussi : « Le boulanger en a pour au moins 100 000€ de dégâts et trois semaines de fermeture », affirme Emmanuel Padrixe, adjoint au maire.
Des cours d’eau hors de leur lit
La Sarre mais aussi, l’Eichel, le Seltzbach, la Lauter, la Moder, la Zorn… Tous ces cours d’eau d’Alsace Bossue et du Nord-Alsace sont sortis de leurs lits, vendredi 17 mai. Pour Nicolas Ventre, directeur départemental des Territoires du Bas-Rhin, ces inondations sont historiques :
« La majorité des cours d’eau ont connu des crues décennales, « vingtennales » voire supérieures dans certains cas. Mais pour l’Eichel, nous sommes encore en train de qualifier l’événement. Cette crue a dépassé tous les niveaux de référence connus sur ce cours d’eau. »
Dans un communiqué publié jeudi 23 mai, l’association environnementaliste Alsace Nature en appelle « aux solidarités territoriales » après cet épisode d’inondations massives et met en garde les autorités face à « la voie d’une artificialisation toujours plus grande en stockant de l’eau, curant des cours d’eau, construisant des digues, qui ne ferait que décupler les effets des prochains épisodes exceptionnels. »
En 2021, 130 communes du Haut-Rhin se sont opposés à un plan de prévention des inondations et ce, alors que des scientifiques de l’environnement avaient averti sur des risques accrus de crues en Alsace.
Pour porter assistance aux habitants dans les communes sinistrées, 340 pompiers, 28 plongeurs aquatiques, 53 gendarmes et la Sécurité civile ont été mobilisés. Au total, 554 interventions ont été réalisées. La commune de Diemeringen a été particulièrement touchée. L’eau de l’Eichel ayant atteint jusqu’à 1,2 mètre dans certaines rues de la commune pendant la crue.
Un mois de pluie en 24 heures
À l’origine des inondations, de très fortes intempéries dans toute la zone nord du Bas-Rhin, dès le jeudi 16 mai au soir. Dans le village de Scheibenhard près de Lauterbourg, le record de précipitation a été battu avec 116,8 mm en 24 heures. En Alsace Bossue, 102,3 mm de pluie sont tombés à Berg, commune située au sud de Sarre-Union. « L’intensité de la crise a beaucoup surpris. Les anciens racontent qu’ils n’avaient pas vu ça depuis 70 ans. En 24 heures, il est tombé l’équivalent d’un mois de précipitations dans certains villages », affirme la préfète du Bas-Rhin qui voit dans cet épisode une conséquence directe du réchauffement climatique :
« C’est un événement lié au dérèglement climatique. C’est un constat que je fais de mon expérience, il suffit d’observer ce qu’il se passe. On voit bien qu’il y a des dérèglements, on a du mal à trouver une saison. Il faut se préparer à la multiplication des crises. Les sceptiques ne doivent plus l’être maintenant, le réchauffement climatique est un fait. »
Le mois de mai 2024 a établi des records de précipitations. À Strasbourg, il a déjà plu 130 mm depuis le début du mois de mai, contre 51 mm en moyenne.
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