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Il y a 10 ans : Strasbourg-Lens

Amarcord, je me souviens. Il y a presque une décade, le 9 novembre 2002, le RC Strasbourg disputait son match le plus abouti de ces quinze dernières années. Une finale de coupe ? Une rencontre de barrage pour l’accession en D1 ? C’est plus subtil que ça. On était encore en première division, c’était à la Meinau : Racing contre Racing, Strasbourg opposé à Lens. Depuis le marasme actuel, ce fameux match paraît remonter à la nuit des temps. Souvenirs.

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Il y a 10 ans : Strasbourg-Lens

Le kop du Racing, à l'époque situé en tribune "Ouest basse" (Photo : Racingstub).

BlogDe prime abord, l’évocation de ce Strasbourg-Lens, cru 2002, permet de mettre en exergue la destinée tragique des deux parties en présence. Le RC Lens, exsangue, se débat aujourd’hui en Division 2 pour la troisième saison consécutive, le pire restant sans doute à venir. A l’automne 2002, il se payait le scalp de La Corogne et du Milan AC en Coupe d’Europe et venait tout juste de frôler le titre de champion de France. Le RC Strasbourg, lui, s’est carrément crashé au niveau 5 à l’été 2011 et louvoie actuellement en CFA. Une décennie plus tôt, le RCS fêtait son retour en Division 1 et se montrait même parfois brillant, comme au soir de ce merveilleux 9 novembre 2002.

Les mots sont importants et pour moi il n’a jamais été question d’adopter l’appellation marketing de « Ligue 1 », imposée par la LFP il y a précisément dix ans. Dix ans au cours desquels l’élite française s’est délestée de ses poids lourds historiques – Nantes, Lens, Strasbourg et Metz en tête de gondole – désormais relégués aux oubliettes. Leur Ligue 1, c’est aujourd’hui Lorient, Evian, Ajaccio et autres Troyes. Pas attractif pour un sou, mais révélateur d’un foot hexagonal engoncé dans la morosité.

Prouesse incommensurable

On en arrive à ce 9 novembre 2002. Fraîchement promu en D1, le Racing accueillait alors une équipe de Lens qui, jadis, faisait figure de véritable cador. Ce qui aurait dû rester un banal match de championnat ne peut qu’être encore gravé dans la mémoire des fins connaisseurs. Ce soir-là, le RCS réalisait une prouesse incommensurable à l’aune de toutes les désillusions que j’ai pu encaisser depuis que je suis supporter. Encore adolescent, j’avais pris place au sein du kop (déjà comme à mon habitude), qui était localisé à l’époque en tribune « Ouest basse », juste derrière les buts. La visibilité était d’autant plus exécrable que nous étions séparés du terrain par ce satané filet de protection, que quelqu’un a eu un jour la bonne idée de retirer. Malgré tout, ce qui se déroulait sous nos yeux ce soir-là était d’une clarté limpide.

Je me souviens d’une entame de match exceptionnellement volontaire de la part des Bleus, littéralement en furie et se ruant sur les buts adverses dès la première seconde de jeu. Au bout d’une minute, le Racing avait déjà obtenu deux corners. Ce rythme fou, les coéquipiers de Valérien Ismaël, alors capitaine, allaient l’entretenir jusqu’au coup de sifflet final. En compulsant mes archives personnelles, je suis récemment retombé sur le compte-rendu des DNA, daté du 10 novembre 2002. L’article s’intitule « Un immense bonheur » et son accroche (une fois n’est pas coutume) exprime parfaitement ce que dont chacun des 16 720 spectateurs a pu se délecter :

« Les Strasbourgeois ont réalisé un match formidable hier soir face à des Lensois qui ont été dominés de la tête et des épaules. Battus dans tous les secteurs du jeu, laminés de la 1ère à la dernière minute par une équipe survoltée et qui s’est procuré plus d’une dizaine d’occasions nettes. Quel pied ! »

Etat de transe

Le résultat est presque anecdotique (2-0) tant il retranscrit mal l’intensité agonistique déployée et l’étendue de la suprématie du Racing. Ce 2-0 était une véritable performance collective, scellée par les deux buteurs atypiques du soir qui n’ont pourtant pas une once d’ADN de goléador. J’ai nommé Yannick Fischer et Christian Bassila.

Comme je voue un culte spécial aux défenseurs rugueux et que mon geste technique favori est le tacle glissé, je me rappelle être entré dans un état de transe inouï lorsque Fischer ouvrait le score d’une superbe frappe (dans la lucarne s’il vous plaît !) juste avant la mi-temps, pour son seul but sous le maillot du RCS. Quant à la réalisation du tant décrié Christian Bassila, elle était moins spectaculaire mais n’en venait pas moins parachever un succès ultra mérité. Je ne suis évidemment pas le seul à avoir été spécifiquement marqué par cette rencontre. Pareillement, les mots de Conan sur Racingstub sont sans équivoque :

« De mémoire de supporter, le Racing n’avait plus aussi bien joué au football depuis la glorieuse campagne européenne de 1997. Sevré de beau football depuis si longtemps, surpris, n’en croyant pas ses yeux et finalement sous le charme du jeu chatoyant pratiqué, le public de la Meinau, pourtant réputé si difficile, allait se lever comme un seul homme pour pousser son équipe si séduisante. Et ce stade, pourtant réputé pour ses sifflets moqueurs, allait l’espace d’une soirée se transformer en véritable chaudron. »

Exceptionnellement ce soir-là, que le Racing soit aux mains de l’inconséquent Patrick Proisy ou qu’il joue avec le disgracieux logo « pacman » sur le cœur n’avait que peu d’importance.

Une source d’inspiration ?

Dix ans plus tard, François Keller et sa troupe seraient bien inspirés de tomber sur la cassette de ce match afin d’y puiser quelque exemple de combativité à toute épreuve, si l’objectif de monter en National est toujours d’actualité. Au vu du dernier match face à Chasselay (défaite 1-0), on serait tenté d’en douter mais – paraît-il – la saison est encore longue.

Prochain rendez-vous en championnat : la réception du Paris UJA, samedi 20 octobre, à 18h.


Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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