Plus qu’un concert, c’est un véritable road-movie, une plongée audiovisuelle au coeur d’un Sahara punk que propose le groupe Ifriqyya Electrique.
Lancé en avril 2016 par le compositeur français baroudeur François Cambuzat et la bassiste italienne Gianna Greco, le groupe puise son inspiration aux confins du désert de Djérid, dans le sud-ouest de la Tunisie.
Pendant plusieurs mois, le duo franco-italien s’est imprégné de la Banga : un rituel thérapeutique de possession et de transe hérité des Haoussas, anciens esclaves noirs de cette région du Sahel. Le premier album d’Ifriqiyya Electrique sort en 2017 chez Glitterbeat Records. Authentique, Rûwâhîne l’est par son éclectisme.
De genre, d’abord : les sonorités tribales tunisiennes se mêlent volontiers aux riffs de guitare acérés et aux beats électro. De durée, ensuite : pas question de se plier aux exigences des radios et des maisons de disques. Certains morceaux dépassent allègrement les trois minutes conventionnelles, pouvant même atteindre les neuf minutes.
Des incantations chantées en polyphonie
Comment qualifier la musique d’Ifriqiyya Electrique ? Sur sa page Facebook, le groupe aime se définir comme un « rituel adorciste » (l’opposé de l’exorcisme) et post-industriel.
La formation trouve sa place dans la lignée des précédents projets perchés de François Cambuzat (Trans-Aeolian, Putan Club). A la façon des gnaouas, les cinq artistes conduisent sur le chemin de la transe, bien aidés par le tintement des qraqeb (castagnettes en métal) et le rythme du tbel (tambour).
Et les incantations chaudes et profondes, chantées en polyphonie terminent de plonger le public dans une atmosphère sombre, où les esprits des ancêtres ne sont jamais très loin.
Le concert prévu à l’Espace Django est programmé seulement quelques jours à peine après la sortie du deuxième album d’Ifriqiyya Electrique, Laylet El Booree. La salle de concerts du Neuhof avoue elle-même être allée « loin » dans l’exploration musicale. Tant mieux.
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