Le tribunal administratif a interdit la reprise des travaux de confinement, sous la nappe phréatique, des 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes de Stocamine ce 12 janvier. Hubert Ott député Modem de la 2e circonscription du Haut-Rhin qui va de Guebwiller à Ribeauvillé, se satisfait de cette décision. Malgré sa participation à la coalition Ensemble à l’Assemblée nationale, il défend le déstockage le plus important possible de ces déchets contaminés à l’arsenic, à l’amiante ou encore au cyanure.
« Ce dossier engage ma conscience »
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique lors du dernier mandat présidentiel, avait choisi l’option du confinement en janvier 2021. Le dossier traîne depuis un incendie dans la mine en 2002 qui a mis fin à l’activité sur le site. Pour Hubert Ott, il est urgent de tout mettre en œuvre pour sortir les déchets de la mine. Entretien.
Rue89 Strasbourg : Concernant Stocamine, vous vous opposez au gouvernement alors que vous participez à une coalition avec la majorité présidentielle en tant que député. Pourquoi ce positionnement sur ce dossier en particulier ?
Hubert Ott : C’est simple, j’étais déjà opposé à Stocamine dans les années 90, au moment où le projet a été présenté. Je suis toujours resté sur cette ligne. Ce dossier engage ma conscience. Stocamine est l’exemple même de ce qu’il ne faut plus faire : la promesse de la réversibilité du stockage non-tenue, l’absence d’écoute du terrain alors que de nombreux riverains sont pour le déstockage, tout comme la Région Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace.
« Le risque lié au déstockage doit être mis en perspective avec le risque de contaminer la nappe phréatique »
Enfin, ce n’est pas acceptable pour moi de laisser une telle bombe à retardement à nos descendants, ça me parait délirant. Il ne faut pas s’étonner que les citoyens ne fassent plus confiance aux élus si on agit de la sorte.
Comment interprétez-vous la position de l’État, qui affirme depuis plusieurs années que la bonne option est le confinement des déchets, car le déstockage est trop risqué pour les mineurs ?
Il y a certainement la peur de prendre une décision risquée, et une difficulté à reconnaître la faute de l’État quand il a défendu ce stockage sous la nappe phréatique. Je pense que le risque lié au déstockage doit être mis en perspective avec le risque de contaminer la nappe phréatique. Ce qui est en jeu, c’est notre ressource en eau potable, qui rend l’espace rhénan vivable. Les sous-sols de Stocamine sont un gruyère, il s’agit d’une ancienne mine. On doit ajouter à cela le caractère sismique de la région, les mouvements tectoniques, et les incertitudes sur les effets cocktails : les potentielles amplifications des effets néfastes de la pollution parce que les molécules toxiques agissent en synergie.
« La France envoie des robots à Fukushima, elle est capable d’envisager une solution à Stocamine »
D’après les études qui ont été réalisées, on a énormément d’incertitudes sur les impacts de la pollution en cas de stockage irréversible. On ne peut pas prendre ce risque. La France est capable d’envoyer des robots pour intervenir dans la centrale nucléaire de Fukushima. Je pense que notre pays peut largement envisager une solution technique à Stocamine. Et là, l’État fait comme si le risque était insurmontable, mais il n’a demandé aucune étude sur la possibilité d’un déstockage, avec l’aide de robots par exemple.
Est-il encore possible d’obtenir le déstockage selon vous ?
Bien sûr. En particulier depuis la nomination du nouveau ministre de la Transition écologique. Je connais un peu Christophe Béchu (Horizons). Avec lui, je pense que le déstockage est possible à Stocamine. Il est sensible à la question des territoires et incarne le sens des responsabilités. Lorsque je le vois, je lui en parle et il écoute attentivement. Avec Bruno Fuchs (député Modem de la 6e circonscription du Haut-Rhin, NDLR), nous avons un rendez-vous dans les prochains jours avec le ministre pour le convaincre de choisir le déstockage.
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