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Hôtel de la rue : la Ville de Strasbourg demande une expulsion sans délai et 3 000 euros au gérant

Edson Laffaiteur comparaissait au tribunal d’instance mardi 9 juin suite à une demande d’expulsion des occupants de l’hôtel de la rue par la Ville de Strasbourg. Cette dernière exige aussi une indemnité d’occupation de 3000 euros.

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Hôtel de la rue : la Ville de Strasbourg demande une expulsion sans délai et 3 000 euros au gérant

Derrière une banderole « La Roue Tourne », Edson Laffaiteur et plusieurs habitants du squat se dirigent vers le tribunal d’instance ce mardi 9 juin. Il est presque 9 heures quand le fondateur de l’association La Roue Tourne entre dans le petit bâtiment de la rue du Fossé-des-Treize pour gagner la salle 100. La Ville de Strasbourg a assigné l’ancien sans-abri en procédure d’expulsion pour tous les occupants du bâtiment situé au 91 route des Romains. Après plusieurs reports d’audience, le tribunal prendra sa décision le 9 juillet sur ce squat ouvert en juillet 2019.

Le 9 juillet, le tribunal d’instance se prononcera sur l’assignation en expulsion formulée par la Ville de Strasbourg en août 2019. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

Expulsion sans délai et 3 000 euros

L’avocat de la municipalité demande d’abord une évacuation sans délai de la propriété. Il rappelle que l’assignation en expulsion date de la fin du mois d’août 2019. La grève des avocats puis le confinement ont repoussé plusieurs fois l’audience. Dans sa plaidoirie, Me Gauthier Bautz a aussi demandé une indemnité d’occupation de 3 000 euros : « Pour une surface occupée de 1 850 mètres carrés, c’est pas énorme », assure Me Bautz. Derrière, le prévenu pouffe : « Toute façon, je les ai pas les 3 000 euros ».

Une demande « indécente » pour la défense

Me Sophie Schweitzer est chargée de la défense d’Edson Laffaiteur. Elle ne conteste pas la demande d’expulsion de la Ville de Strasbourg. L’avocate cherche plutôt à repousser l’évacuation de l’hôtel de la rue. Elle demande donc un délai de deux mois à compter de la décision du tribunal pour permettre aux résidents de préparer leur départ. Et la défense de souligner les contradictions de la municipalité à l’égard de l’hôtel de la rue :

« La Ville de Strasbourg plaide qu’il est absolument urgent d’expulser l’ensemble des personnes qui occupent ce logement. Elle parle d’un bâtiment insalubre, où aucun travaux n’ont été faits. Mais pendant les deux mois de confinement, c’est la Ville elle-même qui prend attache avec M. Laffaiteur en lui disant : “On est dans une situation extraordinaire, on a besoin de vos services, on a besoin que vous hébergiez des gens.” On ne peut pas aujourd’hui soutenir décemment qu’il y a une situation d’urgence telle qu’il faudrait qu’une expulsion soit prononcée sans délai. »

Peu avant 9 h, quelques dizaines de personnes sont venus exprimer leur opposition à l’expulsion des résidents de l’hôtel de la rue. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

« On ne sait pas où aller après… »

Interrogé par la présidente du tribunal, Edson Laffaiteur affirme que « 120 personnes dont 24 mineurs » habitent actuellement dans ce bâtiment du 91 route des Romains. « La plupart n’ont pas de papier, décrit-il, mais il y a aussi des sans-abris de droit commun. » Le militant associatif en profite pour rappeler l’action de son association face à la passivité de la Ville de Strasbourg :

« Au mois de janvier, la Ville de Strasbourg a délibérément tourné le dos à 67 personnes quand on a lancé l’alerte sur un squat de Saint-Aloïse. On a dû les héberger chez nous d’urgence, en appelant les forces de l’ordre pour leur dire que le squat s’effondrait. La Ville nous a félicité de les avoir logés par la suite. »

Edson Laffaiteur : « Au mois de janvier, la Ville de Strasbourg a délibérément tourné le dos à 67 personnes quand on a lancé l’alerte sur un squat de Saint-Aloïse. On a dû les héberger chez nous d’urgence »

À la sortie du tribunal, une trentaine de personnes sont venues manifester leur soutien à l’hôtel de la rue. La majorité d’entre eux habitent au 91 route des Romains. Originaire d’Angola, Kinoube (le prénom a été modifié) s’inquiète :

« On ne sait pas où aller après si on est expulsé. On est une famille de six personnes, comment on va faire dans une chambre d’hôtel à six ? À l’hôtel de la rue, les enfants peuvent aller à l’école. Pour l’instant, c’est une bonne option. Il y aurait peut-être de meilleures solutions si la mairie nous soutenait… »


#Demandeurs d'asile

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